“S'il existait un enfer pour les amoureux et les buveurs, le paradis serait désert.”
De Omar Khayyâm / Rubâ’iyât
“Boire du vin et étreindre la beauté Vaut mieux que l'hypocrisie du dévot.”
De Omar Khayyâm / Rubâ'iyyât
Cri de liberté : le courage d’une jeune femme qui déambule sans voile dans les rues de Téhéran
Comme une étoile brûlante, elle s'est avancée, défiant d'un seul regard l'ombre qui pèse sur son pays. Là, sur le sol lourd de son université, au cœur même de Téhéran, cette jeune femme s'est tenue, le corps libre, les cheveux flottants comme un drapeau. En quelques pas, elle a déchiré le voile du silence, et d'un geste, elle a montré à tout un peuple – à tout un monde – la puissance fragile du courage.
Sa silhouette, sans voile, en sous-vêtements, se dresse comme un cri dans la nuit d’un régime qui réprime, qui étouffe, qui enferme.
Et en elle, en cette scène inouïe qui s’est gravée sur les écrans, des millions de femmes iraniennes se sont vues, même de loin, même brièvement, libres de choisir. Les images ont circulé, capturant ce défi, et en une poignée d’heures, elles ont embrasé les réseaux sociaux comme un feu impossible à éteindre.
Elle n’est pas la première, hélas, à voir son corps et son âme emprisonnés pour avoir tenté d'être elle-même, pour s’être montrée comme elle est, sans barrière ni masque imposé.
On ne peut oublier Mahsa Amini et toutes ces femmes dont la vie fut brisée pour le simple crime d’avoir laissé apparaître une mèche de cheveux ou d’avoir baissé leur voile. Dans un pays où l’on emprisonne des poètes, où l’on enferme des rêveurs, où l’on traque le moindre éclat de liberté comme un crime d’État, son geste brise le cercle de la peur.
Nous vivons à une époque étrange, où un simple geste peut être une déclaration de guerre.
Car cette femme n’a pas simplement ôté son voile ; elle a jeté à terre les chaînes invisibles que tant d’autres ressentent au plus profond d’elles-mêmes. Elle a exposé le mensonge qui voudrait que l’oppression se pare de la vertu de la tradition. Elle a montré que sous ce voile, sous cet habit qu’on impose, il y a la vie, les rêves, la dignité qui refusent de se taire.
Ce qui est déchirant dans cette scène, ce n’est pas seulement son courage ou le poids de ce qu’elle risque : c’est ce qu’elle laisse en nous.
Son geste fait écho aux milliers d’Iraniens et d’Iraniennes qui, chaque jour, espèrent un sursaut de liberté. Aux hommes et aux femmes qui, avec elle, croient qu’il y a dans l’air, même invisible, une étincelle d'espoir capable d’enflammer tout un pays. Car dans la vision de cette jeune femme, déambulant comme une apparition, il y a quelque chose de l’esprit de liberté qui ne s’éteint jamais.
Que feront-ils d’elle ? L’ont-ils déjà enfermée dans l’une de ces prisons où l’on pense réduire au silence ceux qui osent rêver ?
Dans ce pays où chaque pas en dehors des normes devient un crime, cette jeune femme porte, par son geste, le poids de toute une génération qui s’élève contre l’injustice. Mais, par cette action, elle s’est aussi emparée de quelque chose de plus grand que le simple acte de dévoiler ses cheveux : elle a libéré l’esprit de ceux qui, en Iran comme ailleurs, voient en elle une promesse.
Que l’Iran, que le monde se souvienne de cette nuit où une femme a osé défier l’infini des interdits.
Que les dirigeants frémissent de savoir que, derrière les murs, dans les ruelles, dans les cœurs, grandit la même flamme. Car l’esprit de cette femme marche encore, et il ne s’arrêtera pas, aussi longtemps qu’il y aura des âmes prêtes à la suivre.
Dans son courage résonne une vérité que nul ne peut étouffer : la liberté, même bâillonnée, attend toujours son heure. Et cette femme, par son geste, vient de donner à cette heure un visage.
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