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L'archipel Contre-Attaque

  • : L'archipel contre-attaque !
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3 novembre 2024 7 03 /11 /novembre /2024 20:23


“S'il existait un enfer pour les amoureux et les buveurs, le paradis serait désert.”

De Omar Khayyâm / Rubâ’iyât

 

    “Boire du vin et étreindre la beauté Vaut mieux que l'hypocrisie du dévot.”

    De Omar Khayyâm / Rubâ'iyyât

Cri de liberté : le courage d’une jeune femme qui déambule sans voile dans les rues de Téhéran

 

Comme une étoile brûlante, elle s'est avancée, défiant d'un seul regard l'ombre qui pèse sur son pays. Là, sur le sol lourd de son université, au cœur même de Téhéran, cette jeune femme s'est tenue, le corps libre, les cheveux flottants comme un drapeau. En quelques pas, elle a déchiré le voile du silence, et d'un geste, elle a montré à tout un peuple – à tout un monde – la puissance fragile du courage.

Sa silhouette, sans voile, en sous-vêtements, se dresse comme un cri dans la nuit d’un régime qui réprime, qui étouffe, qui enferme.

Et en elle, en cette scène inouïe qui s’est gravée sur les écrans, des millions de femmes iraniennes se sont vues, même de loin, même brièvement, libres de choisir. Les images ont circulé, capturant ce défi, et en une poignée d’heures, elles ont embrasé les réseaux sociaux comme un feu impossible à éteindre.

Elle n’est pas la première, hélas, à voir son corps et son âme emprisonnés pour avoir tenté d'être elle-même, pour s’être montrée comme elle est, sans barrière ni masque imposé.

On ne peut oublier Mahsa Amini et toutes ces femmes dont la vie fut brisée pour le simple crime d’avoir laissé apparaître une mèche de cheveux ou d’avoir baissé leur voile. Dans un pays où l’on emprisonne des poètes, où l’on enferme des rêveurs, où l’on traque le moindre éclat de liberté comme un crime d’État, son geste brise le cercle de la peur.

Nous vivons à une époque étrange, où un simple geste peut être une déclaration de guerre.

Car cette femme n’a pas simplement ôté son voile ; elle a jeté à terre les chaînes invisibles que tant d’autres ressentent au plus profond d’elles-mêmes. Elle a exposé le mensonge qui voudrait que l’oppression se pare de la vertu de la tradition. Elle a montré que sous ce voile, sous cet habit qu’on impose, il y a la vie, les rêves, la dignité qui refusent de se taire.

Ce qui est déchirant dans cette scène, ce n’est pas seulement son courage ou le poids de ce qu’elle risque : c’est ce qu’elle laisse en nous.

Son geste fait écho aux milliers d’Iraniens et d’Iraniennes qui, chaque jour, espèrent un sursaut de liberté. Aux hommes et aux femmes qui, avec elle, croient qu’il y a dans l’air, même invisible, une étincelle d'espoir capable d’enflammer tout un pays. Car dans la vision de cette jeune femme, déambulant comme une apparition, il y a quelque chose de l’esprit de liberté qui ne s’éteint jamais.

Que feront-ils d’elle ? L’ont-ils déjà enfermée dans l’une de ces prisons où l’on pense réduire au silence ceux qui osent rêver ?

Dans ce pays où chaque pas en dehors des normes devient un crime, cette jeune femme porte, par son geste, le poids de toute une génération qui s’élève contre l’injustice. Mais, par cette action, elle s’est aussi emparée de quelque chose de plus grand que le simple acte de dévoiler ses cheveux : elle a libéré l’esprit de ceux qui, en Iran comme ailleurs, voient en elle une promesse.

Que l’Iran, que le monde se souvienne de cette nuit où une femme a osé défier l’infini des interdits.

Que les dirigeants frémissent de savoir que, derrière les murs, dans les ruelles, dans les cœurs, grandit la même flamme. Car l’esprit de cette femme marche encore, et il ne s’arrêtera pas, aussi longtemps qu’il y aura des âmes prêtes à la suivre.

Dans son courage résonne une vérité que nul ne peut étouffer : la liberté, même bâillonnée, attend toujours son heure. Et cette femme, par son geste, vient de donner à cette heure un visage.

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3 novembre 2024 7 03 /11 /novembre /2024 16:28

"Le paradoxe catalan : être réprimé pour une liberté que l’on porte depuis des siècles." par Jaume Queralt

"La force impose l’ordre, mais elle ne peut jamais imposer le respect." par Raoul Pratt

"Chaque coup reçu par un rêve est un jour de plus accordé à sa mémoire." Pépé Montalban

7 ans l'anniversaire du 8 octobre reportage sur le référendum catalan et sa répression, est semble-t-il passé à l'as ici et en France. Parce qu'un clou chasse l'autre.  Mais après la Gréce, l'idée d'Europe garante de la paix et de la justice à l'intérieur en avait pris un coup. Il suffit de détourner le regard...Avec l'ami Jean, nous y étions allé le jour du référendum : une journée dans les bureaux de vote à Figuéres La contre estac

L’Étrange défaite de l’identité catalane : une analyse dans l’esprit de Bernanos

L’étrange défaite de l’identité catalane, telle que je l’appellerais, c’est la lente capitulation d’un peuple qui se croyait fort et uni, mais que l’on a brisé non par les armes, mais par la désillusion et l’indifférence des autres. Au matin du 8 octobre 2017, lorsque les foules se pressaient dans les rues de Barcelone, dans ce fracas étouffé, dans ce tumulte de colère et de douleur, ce n’était pas simplement un référendum qui échouait. C’était l’âme d’une région, le cœur battant de la Catalogne, qu’on étranglait, qu’on étouffait de la façon la plus insidieuse, la plus froide : par la force de l’État, par le silence de l’Europe.

Ce jour-là, au cœur de l’Espagne, un peuple s’était dressé, plein de cet espoir qui fait ployer les tyrannies. Ces hommes, ces femmes, par milliers, s’étaient levés non pas pour imposer une quelconque violence, mais pour répondre à l’appel d’une identité, d’une histoire.

À travers les coups de matraque, les fumées et les cris, ce n’était pas seulement une protestation politique qu’on écrasait : on anéantissait une dignité, celle de tout un peuple. Comme Bernanos le dépeint dans sa critique virulente contre les forces aveugles de la répression, il y a des actes si impitoyables, si insensibles, qu’ils broient l’esprit même de ceux qu’ils visent.

Et pourtant, cette défaite de l’identité catalane a quelque chose d’étrange, presque de silencieux, de spectral.

Comme la défaite française de 1940, elle a laissé une trace indélébile dans les esprits, un goût amer et tenace, une amertume que le temps ne pourra guérir. Car si la Catalogne a perdu une bataille, elle a perdu bien davantage encore : la foi en la justice d’un monde auquel elle croyait appartenir. Elle a perdu, peut-être, la foi en l’humanité.

Pour Bernanos, le pouvoir est un monstre froid, implacable. Il écrase, étouffe, brise, sans jamais reconnaître l’humanité de ceux qu’il opprime.

Et dans cette étrange défaite, ce 8 octobre, le gouvernement espagnol ne s’est pas seulement imposé par la violence ; il s’est imposé par une surdité volontaire, un refus de dialogue, par ce mépris qui transforme l’adversaire en ombre. On ne discute pas avec des ombres ; on les chasse, on les disperse, comme on dissipe la brume du matin. La Catalogne, pourtant, n’était pas une ombre ; c’était un peuple, une voix. Mais c’est précisément cette voix, ce murmure indocile qui refusait de se taire, que l’on a voulu effacer.

Et que dire de l’Europe, de ce vieux continent qui se targue de liberté, de démocratie, et de dignité humaine ? Que dire de ce silence assourdissant, de cette indifférence glacée face à l’humiliation d’un peuple ?

On a cru qu’elle défendrait les faibles, qu’elle serait le rempart de ceux que la force brutale tente de réduire. Mais ce jour-là, cette Europe s’est tenue, muette, comme Bernanos le décrirait sans doute, « impassible, les yeux tournés vers le sol, le cœur endurci par des années de confort et de lâcheté ». Elle a laissé faire, comme elle laisse souvent faire lorsqu’elle se complaît dans la commodité de la neutralité, ignorant que cette neutralité n’est qu’un autre visage de la trahison.

Alors, quel avenir pour cette Catalogne, cette âme blessée ? Le peuple catalan n’a-t-il donc que le choix entre une soumission amère ou une révolte sans issue ?

Peut-être, car, comme Bernanos le rappellerait, il n’y a rien de plus dangereux que cet étrange sentiment de fatalité qui prend le cœur des peuples humiliés. Ce sentiment d’impuissance, de résignation, est pire encore que la répression elle-même. Car il détruit lentement de l’intérieur, il éteint l’étincelle qui fait se dresser les hommes debout.

Et pourtant, quelque chose me dit que cette étrange défaite, comme celle que dépeint Marc Bloch pour la France de 1940, ne sera peut-être pas une fin.

Ce genre de défaite, chez les peuples fiers, engendre parfois des forces inattendues. Car il est de ces humiliations qui ne se supportent pas, de ces blessures qui ne guérissent qu’en se dressant une fois encore, plus fort, plus haut. Peut-être, un jour, la Catalogne retrouvera sa voix. Peut-être, au-delà des brumes de la trahison et du silence, elle entendra cet appel puissant de l’histoire qui pousse toujours les peuples opprimés à se relever.

Catalogne, il y a 7 ans, le 8 octobre:Ce que l’Espagne n’a pas compris, c’est qu’un peuple humilié n’oublie jamais, et qu’il attend.! par Robert Dainar
Catalogne, il y a 7 ans, le 8 octobre:Ce que l’Espagne n’a pas compris, c’est qu’un peuple humilié n’oublie jamais, et qu’il attend.! par Robert Dainar
Catalogne, il y a 7 ans, le 8 octobre:Ce que l’Espagne n’a pas compris, c’est qu’un peuple humilié n’oublie jamais, et qu’il attend.! par Robert Dainar
Catalogne, il y a 7 ans, le 8 octobre:Ce que l’Espagne n’a pas compris, c’est qu’un peuple humilié n’oublie jamais, et qu’il attend.! par Robert Dainar
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3 novembre 2024 7 03 /11 /novembre /2024 14:33

 "L’incompréhension du présent naît fatalement de l’ignorance du passé. "

"Jusqu'au bout, notre guerre aura été une guerre de vieilles gens ou de forts en thèmes, engoncés dans les erreurs d'une histoire comprise à rebours : une guerre toute pénétrée par l'odeur de moisi qu'exhalent l'Ecole,le bureau d'état major du temps de paix ou la caserne. "

 L'étrange défaite
Marc Bloch

Séminaire
Hommage à Marc Bloch, historien et résistant  Résumé
À l’initiative du département d'histoire FRAMESPA UMR 5136 et de sa petite fille, Suzette Bloch, les enseignants-chercheurs du département d’Histoire de l’Université de Perpignan Via Domitia évoqueront la vie, l’œuvre et la postérité scientifique de Marc Bloch à l'occasion des 100 ans du livre Les rois thaumaturges et des 80 ans de sa mort, en 1944.

 


Programme
Le professeur Marc Bloch, un engagement pour la liberté, jusqu’à la mort.
Suzette Bloch, ancienne journaliste à l’AFP

Marc Bloch, historien universitaire, témoin et résistant.
Nicolas Marty, professeur des universités en Histoire contemporaine

Décloisonner le passé.  Marc Bloch et  les renouvellements de l’histoire rurale
Marc Conesa, professeur des universités en Histoire moderne  

Les caractères originaux de la médiévistique française, Marc Bloch et la tâche aveugle dans l’historiographie française.
Claude Denjean, professeure des universités en histoire médiévale

 

Conférence de Suzette Bloch : un hommage à l’ombre d’un géant, Marc Bloch

Il est de ces rendez-vous qui semblent moins choisis par l’homme que dictés par le souffle des temps. Mardi prochain, dans la salle feutrée de l’Université de Perpignan, Suzette Bloch, petite-fille de l’illustre historien et résistant Marc Bloch, prendra la parole au nom d’une mémoire. À 14 heures, tous ceux qui ont lu, admiré ou simplement entendu le nom de cet intellectuel de fer forgé par l’histoire et pour l’histoire, se rassembleront pour entendre résonner son œuvre et ses combats.

L’Étrange défaite : un cri d’alerte depuis l’abîme

Marc Bloch, cet homme pour qui les vérités de l’histoire n’étaient jamais simples, a écrit, dans le tourment de l’été 1940, un ouvrage qui reste aujourd’hui encore une gifle assénée à la France, pour la réveiller. L’Étrange défaite, publié en 1946, n’est pas seulement le récit de l’effondrement d’une armée ; c’est l’autopsie d’une nation prise au piège de ses propres errements. Bloch, de sa plume dense et acérée, a su pointer sans concession les maux profonds d’une France déchirée, aux prises avec ses illusions et ses faiblesses structurelles. Ce livre, Suzanne Bloch le fera revivre, dans toute son âpreté, dans toute son urgence.

Les Rois thaumaturges : une porte ouverte sur les mentalités anciennes

Mais Bloch n’était pas qu’un historien du présent douloureux ; il était aussi l’explorateur des croyances enfouies, le défricheur des mystères. Les Rois thaumaturges, son ouvrage de 1924, en est le témoin éclatant. Ici, Bloch nous entraîne dans l’univers surnaturel attribué à la royauté médiévale, là où les souverains touchaient les écrouelles et guérissaient par la grâce divine, ou du moins par celle que leurs peuples voulaient bien leur prêter. Suzette évoquera sans doute cette œuvre comme l’un des premiers jalons de l’anthropologie historique, cet espace où l’histoire rencontre les esprits et les sensibilités d’une autre époque.

Apologie pour l’histoire ou le Métier d’historien : le testament intellectuel

Et puis, il y aura l’Apologie pour l’histoire. Écrit dans les heures sombres de 1940 à 1943, inachevé comme tant de rêves brisés par la guerre, cet ouvrage posthume, publié en 1949, est aujourd’hui un texte fondateur. Ici, Marc Bloch ne dissèque plus des faits ni des puissants ; il se penche sur sa propre science, sur la discipline historique elle-même. Il y pose la question redoutable de la nature et des méthodes de l’histoire. Suzette, lors de cet hommage, nous invitera sans doute à méditer sur cette Apologie, ce testament qui est aussi un appel à voir l’histoire comme une quête de vérité, dépouillée de ses certitudes.

Une influence au-delà des années et des frontières

Marc Bloch, l’homme des Annales, l’homme de l’Histoire, reste une figure universelle. Dans le monde anglo-saxon, ses idées ont circulé bien après les années de silence en France, influençant des générations d’historiens et renouvelant les manières de penser le passé. Ce n’est qu’au début des années 90, avec la réédition critique de son œuvre, que la France, par la plume de Jacques Le Goff, redécouvre la profondeur et la modernité de son message.

Rendez-vous à l’université de Perpignan le 5 novembre, de 14h à 17h

Le 5 novembre prochain, c’est l’esprit d’un siècle qui se ravivera pour quelques heures au cœur de Perpignan. Suzette Bloch, non seulement héritière mais aussi gardienne d’une mémoire, nous y attendra, prête à nous conduire dans l’univers intellectuel et moral d’un homme que l’histoire n’a pas oublié. Un hommage, simple et sincère, à celui qui, avec le regard aigu d’un homme lucide et l’espoir têtu d’un patriote, a su nous rappeler que l’Histoire n’est pas une collection de faits mais un appel à la vigilance, un engagement pour l’avenir.

 

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2 novembre 2024 6 02 /11 /novembre /2024 18:22

"L’artiste libertaire Jan Bucquoy, porte drapeau de la cause anarchiste et figure mythique de la vie bruxelloise est un  personnage hors-série. Mais derrière l’image de trublion sans cause, incontrôlable et capable des pires provocations burlesques, se cache un être complexe, d’une profondeur insoupçonnée.

Sur l’agenda de Jan Bucquoy, la date du 21 mai, jour anniversaire de la Commune, est cerclée de noir. Ce jour-là, tous les ans, à 14h pétantes, avec quelques amis ralliés à sa cause, il quitte son quartier général du Dolle Mol, un café de la rue des Eperonniers, à Bruxelles, et, drapeau rouge et noir orné d’une banane sur l’épaule, il se dirige d’un pas décidé vers le Palais Royal, lieu emblématique du pouvoir en place. Son objectif ? Prendre le palais d’assaut et tenter un coup d’Etat ! Ni plus ni moins. Evidemment, chaque année, Jan Bucquoy se fait gentiment coffrer par la police pour avoir franchi en force la zone neutre interdite à toute manifestation. Et, chaque année, il ressort hilare du commissariat en proclamant que c’est une victoire, un coup d’Etat à la belge !

Noël Gaudin, le plus célèbre entarteur du Plat Pays, reste très sceptique quant aux méthodes de son vieil ami : «Je ne trouve pas ça extraordinairement malicieux. Pour ma part, je préfère l’attentat pâtissier. Mais puisque le splendide Jan Bucquoy, qui a mis toute sa vie dans cette aventure corrosive, a décidé de faire ce drôle de coup d’Etat, advienne que pourra, j’y vais aussi ! » le clou d'éclat permanent

Le coup d'éclat permanent de capitaine Flandre

Ah, mes p’tits poulets, vous connaissez pas encore Jan Bucquoy fiche technique? Une sorte de "général Alcazar" belge, celui-là ! Mais si, tu sais, le général aux airs révolutionnaires qui passe son temps à comploter contre l’oppresseur dans Tintin et les Picaros (la vie politique des belges). Eh bien, Bucquoy Jan in Perpignan, c’est un peu ça, version moules-frites et humour au vitriol. Il se prend pour un guerrier des arts, et son terrain de jeu, c’est le Palais Royal de Bruxelles, rien que ça !

Entre 2005 et 2010, notre Jan a tenté pas moins de cinq fois de prendre d’assaut le palais.

Et pas à la manière d’un soldat, non ! Lui, il y va tout en poésie et en burlesque, comme si c’était une performance au théâtre. Une conquête symbolique, qu’il disait, un pied de nez à la royauté, l’artillerie remplacée par des idées. Mais bien sûr, ça a fait du bruit, forcément ! Les médias et les curieux se sont régalés, les institutions belges un peu moins. Entre nous, c’est pas le genre de mec qui tient la langue dans sa poche.

Evidemment, à force de titiller la couronne et de piquer les fesses du pouvoir, il s’est pris quelques procès dans la tronche, pour lèse-majesté, pas moins !

Parce que oui, en Belgique, attaquer la dignité du roi, c’est encore sérieux, et Jan, il s’est retrouvé à défiler devant les juges plus d’une fois.

Mais c’est mal connaître le bougre ! Rien que ça, ça l’a pas calmé, ça l’a même motivé. Depuis, il continue à secouer les cocotiers et à amuser la galerie, toujours prêt à bousculer le bourgeois et à dynamiter les conventions.

Art, cinéma, performances improbables, il touche à tout, le Jan ! Et il fait jaser le monde, remettant en question toutes les belles structures de la société belge.

En résumé, Bucquoy , c’est le général Alcazar bio, mais en plus pince-sans-rire et en plus persistant. Et tant que la Belgique aura des palais, des rois, et des conventions, ce bon vieux Jan trouvera bien quelque chose à leur balancer dans les gencives.

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2 novembre 2024 6 02 /11 /novembre /2024 13:40

« Vivent les Pingouins ! Mort aux Marsouins ! »

 L’Île des Pingouins  Anatole France

 

Dans le grand cercle des satiristes, il faut compter parmi les plus vaillants un certain Muiron Muiron, alias Jean-Jacques Sarciat, qui, tel un vaillant archéologue des vérités dissimulées, arpente les coulisses et salons de Perpignan et d’ailleurs pour en extraire l’essence. Le voilà donc, celui que l’on surnomme à juste titre le "localier des arcanes" et qui, non content d’informer avec une fidélité toute critique pour L'Agglorieuse — ce farouchement indépendant journal hebdomadaire montpelliérain —, se fait aussi le relais ironique des affaires du jour et des murmures populaires.

La plume acérée et l’esprit mordant

Sarciat n’est pas un simple témoin de la vie publique. Parfois juge, souvent observateur mordant, il écrit dans L'Agglorieuse, ce périodique fondé en 2002 par l’intrépide Tristan Cuche, avec la conviction des grands pamphlétaires. Ce journal satirique, aussi dénommé La Mouette, enflamme les esprits dans les rues montpelliéraines. Inspiré par les Hebdos régionaux et les pastiches de Charlie Hebdo, il offre un point de vue distinct, à mille lieues des fades éditoriaux de la presse institutionnelle, préférant prendre le boulevard de l’impertinence et de l’indiscrétion.

Une presse libre, mais non sans risques

Les querelles judiciaires entourent les publications de L’Agglorieuse, qui, entre la place de la Comédie et les sombres arcanes du pouvoir local, dérange les puissants et les élus de tous bords. On se souvient des démêlés en 2014, lorsque le journal fut condamné pour diffamation, avant que la Cour de cassation n’annule cette sentence pour insuffisance de preuves. Et les poursuites ne se limitent pas aux simples griefs : en 2013, une caricature de la Chambre de commerce et d'industrie provoqua un procès pour injure, témoin du climat parfois tendu dans lequel ces pages satiriques sont nées et survivent.

Entre intrigue et écriture, le double jeu de Sarciat

Mais Sarciat, ce porte-plume discret, manie le verbe pour les grands édiles aussi bien que pour le lecteur humble et curieux. En effet, l’ancien journaliste du Midi Libre s’est, au fil des ans, mêlé aux affaires des coulisses politiques, collaborant avec des figures aussi hétéroclites que Robert Navarro et Philippe Saurel. Il sait manier l’ambiguïté avec une dextérité consommée, diffusant sur ses réseaux des éclats d’information dignes d’un véritable cabinet noir.

Une plume au service d’un journal qui persiste

Ainsi, Muiron Sarciat incarne la résistance satirique de cette institution en expansion : L’Agglorieuse étend désormais son périmètre d’investigation à Toulouse, Perpignan et jusqu’aux confins de l’Occitanie. Il s’en prend aux enjeux sociaux, culturels, et environnementaux, suivant les révolutions silencieuses et les caprices de la politique régionale, sans jamais se plier aux convenances. Sa mascotte, une mouette perspicace et farouche, accompagne chaque édition dans un cri aussi ironique qu’éloquent, tandis que les mots piquants de Sarciat continuent de dessiner les contours de ce paysage en constante ébullition.

Dans ce décor parfois tragi-comique, L’Agglorieuse et Sarciat poursuivent leur chemin, tel un navire cabossé mais inflexible, bravant la tempête des pressions politiques, les procès et les colères des notables. Car l’impertinence est ici un credo, et l’indépendance, une devise à laquelle ni le tirage ni les foudres des grands de ce monde ne feront renoncer ces sentinelles de la libre parole.

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2 novembre 2024 6 02 /11 /novembre /2024 11:37

"Un politicien ne peut faire carrière sans mémoire, car il doit se souvenir de toutes les promesses qu’il lui faut oublier. "

 "Traiter son prochain de con n’est pas un outrage mais un diagnostic. "

Frédéric Dard

 

Ah mes petits loupiots, mes p’tits râleurs de Perpignan ! Faudrait peut-être qu’on se décolle un peu les paupières, qu’on regarde la chose bien en face, la gueule dans le rétro, les mains sur le guidon ! Parce que c'est pas beau, ce qu'est devenue notre belle Catalane ! Perpignan, autrefois, ça pétait le feu ! Le logos, le bon vieux verbe qui claquait comme une mandale, un truc qui te remuait les tripes et te soulevait les foules ! Aujourd'hui ? Pff… il a perdu tout son jus, le logos. C’est plus qu’une pauvre pétarade de mots creux, une coquille vide !

Autrefois, ce machin-là, ça t'envoyait du lourd, ça balançait de la conviction qui te faisait grimper les murs, moi j'te dis ! Mais maintenant, où est-ce qu’il est, ce logos musclé ? Hein ? Où est passée cette patate, ce souffle qui te rendait inébranlable ? Fini, terminé, c’est que dalle ! Maintenant, on a un logos qui cause, oui, mais qui cause pour causer, qui fait du bruit pour se donner un genre, mais dans le fond, y’a plus rien. C’est du vent, un murmure asthmatique, comme une vieille chaudière qui s'étouffe.

Parce que voyez-vous, mes costauds, pour qu’un verbe, ça pète vraiment, faut du jus dedans, faut un vrai souffle, un pneuma comme ils disent les intellos.

Sans ça, ça reste une vieille loque sans souffle, un pantin de bois, un géant en carton-pâte qui s’effondre au premier courant d’air. Et pourtant, on continue à nous pondre des discours creux, des phrases à la gomme, des beaux mots bien léchés qui ont la consistance d’une biscotte mouillée !

Mais alors, pourquoi on a laissé tomber ce foutu logos ?

Hein ? Pourquoi on s’accroche aux mots polis et lisses comme des culottes de soie au lieu de foutre des coups de poing sur la table ? Parce que, les copains, on a la trouille, voilà ! On flippe de la vérité toute nue, celle qui te secoue, qui t’envoie valser les convenances. Alors on l’a ligoté, on l’a emmailloté dans des rubans, on l’a domestiqué, et au final, on lui a pompé toute sa sève, sa castagne ! Ce logos-là, il vaut plus un clou, c’est un souffle de flan, un verbe qui se casse la tronche dès qu’il se prend une bise de travers.

Écoutez-moi bien : le monde bouge, mes gaillards, il se plie ou se redresse au gré de la force des mots qui le traversent !

On peut pas rester là comme des moules accrochées à leur rocher, en train de se farcir des discours sans âme. Non ! Ce qu’il nous faut, c’est un logos qui arrache, un verbe gonflé à bloc, rempli de ce souffle vivant qui jaillit du plus profond des tripes ! Faut qu’ça chauffe, qu’ça brûle, qu’ça emporte tout sur son passage, modes, peurs, faux-semblants !

Allez, faut qu’on le retrouve, ce logos habité, ce verbe bourré de vitamine et de hargne, un truc qui envoie des étincelles !

Il faut que chaque mot cogne comme un uppercut, que chaque phrase frappe en plein cœur, comme la foudre ! On va pas se contenter de causer dans le vide ; on va faire revivre le verbe, lui redonner cette grandeur qui a fait gronder les foules et tombé les empires !

Alors, mes petits apôtres du logo, c’est maintenant ou jamais : on laisse tomber ce logos asthmatique et on remet un coup de fouet au verbe vigoureux !

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31 octobre 2024 4 31 /10 /octobre /2024 11:58

"Tous les hommes rêvent, mais inégalement. Ceux qui rêvent la nuit dans les recoins poussiéreux de leur esprit s'éveillent au jour pour découvrir que ce n'était que vanité ; mais les rêveurs diurnes sont des hommes dangereux car ils peuvent jouer leur rêve les yeux ouverts, pour le rendre possible. C'est que j'ai fait. "

 Les Sept Piliers de la sagesse - Intégrale
Thomas Edward Lawrence


"On affirme, en Orient, que le meilleur moyen pour traverser un carré est d'en parcourir trois côtés."

 Les Sept Piliers de la sagesse - Intégrale
Thomas Edward Lawrence

"Mos Eisley était la plus importante cité portuaire de Tatooine, jadis visitée par Obi-Wan Kenobi et Luke Skywalker.

Situé sur Tatooine, Mos Eisley est l'un des plus importants spatioports de la planète - ce qui, sur un monde aussi désolé que Tatooine, ne signifie pas grand-chose. Considéré comme un repaire mal famé peuplé de tout ce que la galaxie peut compter de hors-la-loi, Mos Eisley est un lieu dangereux pour les personnes peu méfiantes et la plupart des habitants de Tatooine ne s'y rendent que pour y mener leurs petites affaires sans trop s'y attarder.

  La fondation de Mos Eisley remonte aux premiers temps de la colonisation de Tatooine à l'époque moderne. Après le crash du vaisseau Dowager Queen au milieu des dunes, une petite communauté se développa autour de la carcasse de l'appareil, cette dernière devenant finalement le centre d'un petit village qui, en grandissant, devint le spatioport de Mos Eisley - ce qui explique d'ailleurs la forme concentrique de la petite cité, les points les plus importants (centrale énergétique et installation de distribution d'eau potable) étant installés au centre. A l'époque moderne, l'épave du Dowager Queen est toujours présente au centre de Mos Eisley bien que l'endroit ne soit désormais guère plus qu'un point de rassemblement supplémentaire pour les vagabonds et les diseurs de bonne aventure." Tatooine - Mos Eisley

Peindre et dépeindre Perpignan, semble de plus en plus difficile lorsqu'on vie dans ce désert depuis trop longtemps. Arrivant à 17 ans pour y vivre, j'y suis resté à quelques exceptions près pour des voyages plus lointains dans ce qu'on appelait l'Orient compliqué, ou le Levant,ou encore derrière les ruines du rideau de fer . C'est pourquoi, j'ai eu le temps de la voir se rabougrir depuis la queue de la comète d'énergie du début des années 2000. De voir aussi, ce qui était des évidences disparaitre et être niées, comme si elles n'avaient jamais existé...Alors 15 ans d'Archipel contre attaque n'ont pas arrangé les choses. Ainsi, mon écriture a petit à petit glissé sur un mode narratif pittoresque et impressionniste.Comme si, pour une description du réel avec plus d'acuité et de lucidité, elle fallait en passer par la pulpe de la fiction.Ainsi, le thème du désert  est récurant sur le site. Il était même climatique, jusqu'à ce que la pluie semble vouloir revenir...#mercisantgaldric


La Tatooinisation de Perpignan : du sable, des vautours, et des mirages

Perpignan ! On aurait pu croire à un soleil radieux… Mais voilà qu’elle s’étiole en pleine « Tatooinisation ». Comme ce caillou paumé de Star Wars, cette terre catalane fait penser à un désert où seuls les petits chefaillons prospèrent dans l’ombre, barbouillés de pouvoir, coupés des lumières du centre. De loin, elle étincelle, cette ville, mais de près ? Juste de la poussière, des petites combines, du grand n’importe quoi !


Un désert d'idées, de projets… la rente comme seule monnaie !

Le centre, c’est là-bas, bien loin d’ici. Ici, c’est comme Tatooine, on vit au jour le jour, à la sauce Jabba le Hutt, à coups de petits trafics, de privilèges bien arrosés. Perpignan a ses notables, ses rentes et ses ronds de jambe, mais l’idée d’un avenir ? Une ville figée, qui stagne, coincée entre deux soleils qui ne réchauffent rien ! Les voisins progressent, eux, ils se mettent aux énergies nouvelles, aux nouvelles technologies. Et ici ? Ici on rame avec les reliques du passé, un vieux tourisme et des vignes qui étouffent. Ça ronronne, ça mijote, ça chuchote, mais pour quoi ? Pour rien. Le désert de l’avenir, c’est ça, la « Tatooinisation ».


Des puissants dans l’ombre : des seigneurs sans foi, juste des petits empires

À Perpignan, tout le monde a son coin, son clan, sa petite table où ça se passe – et rien ne bouge sans le dire aux bonnes personnes. Dans l’univers de Lucas, c’était Jabba qui tirait les ficelles ; ici, c’est les élus et les amis, dans le noir, dans les ruelles, à grands coups de rires gras. La ville appartient à ceux qui tirent les ficelles, qui bloquent, qui verrouillent, qui divisent pour mieux régner. Et pour le citoyen ? Un cirque, un foutu numéro ! Des alliances qui changent au gré des tempêtes, comme un groupe de Jawas prêts à vendre tout et son contraire, pourvu que ça rapporte.

La culture ? Elle se bat… pour un peu de lumière

Perpignan, c’est une terre, un peuple, des traditions, une langue ! Mais voilà, c’est comme si on avait oublié qu’elle existe, cette culture catalane. Elle lutte, elle se débat contre un avenir en charpie, figée dans un musée des erreurs et des promesses jamais tenues. Le catalan ? Mis sous cloche. Les traditions ? Confinées aux jours de fête. La ville pourrait vibrer, mais elle se laisse engloutir, comme Tatooine, sous une couche de sable, de poussière. Alors, elle s’éteint, doucement. Elle survit. Elle s’accroche, mais on la laisse à l’ombre.

Un étalement urbain : du béton pour qui, pour quoi ?

On bâtit, on bétonne, on gratte des mètres carrés. Tatooine a sa soif, Perpignan son étendue. Mais ici, c’est le béton qui coule sans fin, un désert de béton et d’immeubles sans âme, sans plan. Et à quoi bon, toute cette extension ? De l’immobilier qui enfle, des chantiers qui poussent sans queue ni tête, comme si tout ce sable avait de l’importance. Ça grandit, ça s’étale, mais tout ça c’est du mirage. Un étalement qui n’apporte rien, sinon des factures, des routes embouteillées, des déchets de plus en plus loin du centre. Ça grouille et ça s’étouffe en silence. C’est tout.

Peut-on espérer que ce désert fleurisse ?

Ah, la Tatooinisation de Perpignan. On pourrait y croire. Imaginer qu’un sursaut arrive, qu’une lumière perce au-dessus des deux soleils. Mais pour ça, il faudrait secouer tout ça. Du changement, pas des coups de brosse ! Il faudrait un miracle. Du courage. Peut-être qu’un jour cette ville fera son réveil. Que la politique lâchera ses mirages pour se nourrir de la terre, de ses gens, de ses vraies racines. Mais tant que ça ronronne, que tout le monde s’arrange avec ses petites combines, rien ne bougera.

Perpignan n’est pas condamnée à être une Tatooine. Elle peut renaître, sortir du désert et vibrer pour de vrai. Mais il faut pour ça un réveil, un élan qui dépasse l’ombre, qui dépasse l’ombre des vautours.

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29 octobre 2024 2 29 /10 /octobre /2024 17:35

"Souvenez-vous de lui comme d'un rancio sec : brut, rare, et vibrant d’une intensité qui ne s'éteint jamais."

"Le dernier cri de Lhéritier, c’est celui du vrai catalan : libre, rugissant, toujours en marge du convenable."

"Il savait que les mots peuvent cogner comme des coups de vin fort, et qu’écrire, c’est vivre à pleine gorge."

Je ne sais pas pourquoi j’ai eu envie de vous parler à nouveau d'Henri wiki et pédia. Ce qu'il était, ce qu'il représentait, le meilleur de ce qu'aurait pu être ce département ,si l'économie de la rente n'avait pas fait sortir de l'enfer de la médiocrité, une armée d'imposteurs...? J'ai la nostalgie de son rancio sec, de sa malvoisie et son écriture rabelaisienne : s'en souvenir, c'est une incantation pour le retour de moments... Alors, j'ai chuchoté à ma manière pataude et brutale, comme je me nomme Nicolas (mais pas Machiavel), mon modèle de "Prince" du vin et des Lettres...

Henri Lhéritier : La Geste du Dernier Dandy Rivesaltais :

Henri, ça cogne rien qu’à l’évoquer… un grand éclat, une déferlante, une volée de verbe et de vitriol ! Ce n’était pas un écrivain pour les demi-teintes, Henri Lhéritier, ni pour les prudents. Lui, c’était tout en coups de théâtre, en langue charnelle et en tirades brûlantes comme le soleil catalan qui l’a vu naître. On l’imagine encore, silhouette farouche et élégante, levant son verre de rancio sur les places de Perpignan, scrutant l’horizon comme s’il allait trouver un nouveau terrain à conquérir.

Henri Lhéritier écrivait comme il vivait, et vivait comme il écrivait, d’un seul trait de plume – démesuré, impertinent, gouailleur, sans une once de compromis. Ses Perpignan et Rivesaltes n’était pas seulement des villes, c’était un monde, un théâtre à ciel ouvert où se croisaient personnages truculents, vignerons fiers, catalans de souche, et clochards célestes. Et ce qu’il nous a laissé, c’est une fresque ardente, une fête littéraire éclatante, un hommage à la terre et aux hommes qui l’habitent.

Et puis, la mort s’est mêlée de l’affaire – avec sa grande faucheuse bureaucrate qui ne sait même pas qui elle vient faucher, mais Henri, lui, l’a bien reçue comme on accueille l’inattendu, sans pleurnicher ni rechigner, avec un rire, un dernier coup de plume et un verre. On aurait dit qu’il avait senti, qu’il en était de ce moment, l’éclat final de son épopée.

La Dernière Parade : le Condottiere au Grand Départ

Alors, ils se sont retrouvés, tous ces amis, tous ces compagnons de bordée, tous ceux qui, avec lui, avaient fait de la littérature une grande cavalcade : les éditrices, les libraires, les lecteurs enfiévrés, des âmes simples et des âmes lettrées. C’était la fête finale, la Geste du Condottiere, qui prendrait les rues comme un dernier sursaut, un chant de guerre et de paix, un hommage déguisé en cavalcade. Dans chaque ruelle, une halte pour raviver le souvenir, une lecture, un verre, une pensée pour ce complice parti trop tôt.

Ils ont fait claquer le "sac de gemecs" de Roger Coste, cet instrument dont la plainte catalane se mêlait aux bruits de la ville, comme un cri au-dessus de Perpignan. Chaque lieu choisi portait un bout de son esprit : les allées Maillol pour les femmes qu’il aimait tant ; le monument aux morts pour dire non à la bêtise des combats ; et bien sûr, la cathédrale, le palais, tous ces symboles. Ils ont repris des morceaux de son Défilé du Condottiere, et à chaque lecture, c’était un peu de Henri qui revenait, sauvage et vibrant comme aux plus belles heures de son œuvre.

Sept Lieux, Sept Mémoires : L’Art de Vivre en Catalan

Ils ont marché, l’âme pleine de ses mots, sur cette terre qui lui tenait tant à cœur. Sept lieux, sept thèmes pour célébrer le verbe et la vie, l’invincible plaisir d’être au monde comme lui seul savait l’incarner. Au bord du quai Vauban, devant la librairie Torcatis, un dernier toast, une bière artisanale de chez Alzina, pour clore cette cavalcade – une fin comme un coup de poing, un clin d’œil. Ils ont tous levé leur verre, et dans l’ombre de la nuit, les mots de Lhéritier se sont envolés, vibrant d’une vie que la mort elle-même ne saurait éteindre.

L’héritage du Catalan du Futur : Henri et la Guerre, Henri et les Vivants

Avec lui, c’était la vie qui brûlait de toute son ardeur, c’était la folie assumée, la fureur de ne jamais être domestiqué. Henri détestait la guerre, mais l’avait écrite, auscultée, car il la savait tapie dans les failles humaines. Il connaissait le courage vain des hommes, la douleur des mères, l’inutilité des sanglants télégrammes, tout ce fracas dont il avait voulu rendre compte, non pour glorifier, mais pour montrer l’absurdité nue des batailles. Ses mots frappaient comme des obus, mais pour faire éclater une vérité, pas pour se fondre dans la banalité.

Henri n’est plus là pour répondre aux saluts des verres levés. Son dernier roman, Le Cri, retrouvé par sa veuve Simone, son cousin Jean, serait peut-être l’apothéose de cet homme d’ombre et de lumière. Il est là, quelque part, dans les ruelles de Perpignan, dans la mémoire des vieux et des jeunes qui l’ont lu et aimé. Ils l’évoqueront, le Catalan futuriste, comme une figure, une légende, une part indélébile de cette terre.

Et Perpignan, sans doute, le lui rendra bien.

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28 octobre 2024 1 28 /10 /octobre /2024 12:16

Perpignan : La Vie en "Performance" Fait Plus de Bruit que la Ville Elle-même

Là où on croyait encore à la Dolce Vita, aux rires spontanés et aux discussions qui traînent, on découvre que Perpignan est devenu un décor. Un théâtre urbain, un grand studio où chacun pense être la vedette, où les discussions ont moins d’importance que les hashtags. Dernière nouvelle : le bruit que vous entendez en terrasse, ce n'est pas celui de la ville en mouvement. Non. C'est la mise en scène de la ville. C’est l’écho d'une mascarade numérique, orchestrée par ceux qui vivent pour être vus.

Les sociologues se sont penchés là-dessus, et le constat est brutal : aujourd’hui, les terrasses animées ne sont plus des lieux d’échange mais des stations de tournage. Les rires sont calibrés pour résonner juste assez fort dans la story Insta, les conversations exagérées pour que le voisin capte bien qu'on est là, qu’on vit un moment d’extase. Le quotidien se métamorphose en émission live, alimentée par les réseaux sociaux et cette espèce de dépendance à l’approbation virtuelle. Loin de l'authenticité méditerranéenne, Perpignan devient un brouhaha artificiel, un Disneyland où chacun est sa propre attraction.
Bruit Amplifié, Identités Filtrées

Les places et les ruelles n’ont plus cette légèreté d’avant, cette discrétion, ce petit murmure familier qui faisait le charme des lieux. On n'entend plus que les éclats de voix, les interjections, les "vas-y, prends-moi comme ça" qui ponctuent chaque mouvement. Dans le parc, sur la place de la République, les rassemblements improvisés dégagent une énergie qui semble dépasser l'espace lui-même.

Plus besoin d'événements réels ; l’événement, c'est soi.

Cette obsession de la mise en scène transforme la ville en une vitrine criarde. Là où la caméra est présente, l'authenticité disparaît. Perpignan n'est plus une ville, c'est un plateau. Ce qu’on entend, ce sont des extraits de scripts improvisés, des phrases lancées dans le vent pour la gloire de "quelqu'un quelque part", en ligne, dans cette autre dimension où l'approbation est mesurée en pouces bleus.

Habitants ? Spectateurs

Les habitants, eux, subissent le bruit de fond de ce théâtre incessant. Quand on leur demande, ils ne mâchent pas leurs mots : Perpignan, ils la préféraient sans tout ce cirque. « Avant, on pouvait juste s'asseoir et siroter un café tranquille », explique Louis, habitant du centre. « Maintenant, on est assailli par des rires forcés, des éclats de voix qui s'adressent plus aux followers qu’aux amis. » La ville, celle d’avant, s'estompe derrière cette hyperactivité digitale, et Perpignan devient une scène où chacun joue son propre rôle, souvent trop fort, et pour un public fantôme.

La Ville Comme Vitrine

Ce qu'on observe ici, c'est une mutation radicale. Le centre-ville de Perpignan, autrefois un lieu d’échanges, devient une "vitrine". Comme si les gens étaient plus acteurs que résidents, spectateurs de leur propre existence en direct. La vérité, c’est que l'authenticité ne pèse rien face au pouvoir de la mise en scène. Cette version bruyante et théâtrale d'eux-mêmes, ils la préfèrent. Les rituels sociaux s’effacent, remplacés par une sorte de performance collective.

Les sociologues s'interrogent :

et si ce besoin de mise en scène n'était qu'un moyen de survivre dans une époque où ne rien montrer équivaut à n'exister pour personne ? On assiste à une mutation. L'identité se bâtit désormais sur le bruit, sur cette illusion qu’on vit, qu’on est là, parce que ça "sonne" bien.

Perpignan, Ville-Témoin ?

Perpignan pourrait-elle retrouver son calme, son vrai visage ? Peut-être, si les autorités, les associations de quartier, décidaient de mettre en place des "zones de tranquillité", des lieux où ce bruit d'illusion ne serait plus le bienvenu. Mais il y a un risque : vouloir préserver la ville, c'est aussi risquer de la dépeupler. Aujourd'hui, Perpignan vit sous les projecteurs, et la ville a du mal à décrocher. Elle devient ce qu'elle est, mais en version augmentée, déformée, bruyante.

Perpignan, avec son identité transformée, est devenue une métaphore de notre époque : bruyante, exagérée, et affamée de regards.

C’est un miroir cruel de la société : le bruit que l’on fait ne prouve rien, sinon qu’on a besoin de se convaincre qu’on existe. Le bruit de Perpignan, ce n'est plus celui d'une ville. C'est le bruit d'un écho, celui d'une vie en représentation.

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27 octobre 2024 7 27 /10 /octobre /2024 18:46

“Même collé amoureusement au chêne, le lierre ne se dévoue pas toujours à l'arbre.”

De Laurent Laplante / L'Utopie des droits universels

Tremble Louis Aliot, les ambitions s'aiguisent sur les trottoirs de la ville à l'horizon de l'an 2026 . N'oublies pas non plus d'enlever les parquets de l’hôtel de ville, afin qu'ils ne soient pas rayés par la volonté de puissances en mâchoire aux dent de sabres de chamalow : #lesfauvessontlâchés .

La vice-présidente de l' Occitanie, après avoir rejoint le partie "Place publique" https://place-publique.eu/de Raphaël Glucksmann 

vient de créer une nouvelle association pour préparer en avance l'après Aliot !

Une initiative, oui, mais plus qu'une simple réunion d'intentions, plus qu'un slogan à coller sur les murs de la ville.Perpignan, Unis pour 2026 : quatre mots balancés comme un pavé, avec le poids de ce qui doit être construit ou rien.

Une association électorale comme une terre promise, pour Perpignan, ce bout de territoire un peu brûlé, un peu beau, tout en tension. On y cherche autre chose. Pas juste des visages pour les affiches, non, un souffle, une force pour cette ville-frontière qui sent l’Espagne et le sel.

À la tête de cette alliance, ils sont trois. Jean Codognès, ex-député, celui qui a porté l’écharpe, le poids des batailles, les compromis aussi.

Mais il revient, droit et franc, le regard vers l’avant, ses idéaux socialistes un peu cabossés, mais là, intacts. À côté de lui, Agnès Langevine, écologiste jusqu’au bout des idées. Elle croit, elle, à un monde vert, planté de principes comme d’arbres. La terre, l’air, la ville. Elle se bat pour qu'on respire autrement, mieux, pour une Occitanie où chaque arbre compte, où chaque geste devient politique. Et puis, il y a Jacqueline Markovic, celle qui connaît les jeux d’ombre, les réseaux, la mécanique sociale. Conseillère de l’Hérault, elle tient la stratégie comme d'autres tiennent la main d'un mourant. Elle sait ce qui relie les gens, elle sait jouer avec les signes et les écrans.

Dans leurs statuts, une promesse faite aux autres. Pas d’illusion de grandeur, mais une visée claire : « fédérer les citoyens, unir la société civile, les acteurs économiques, les personnalités du champ républicain. »

C'est ça leur but, un champ de bataille où le social, l’économique et l’environnemental ne se font plus la guerre mais avancent d’un même pas. Ils parlent de demain avec des mots simples, droits, comme si le combat pour les gens, les vrais, ne pouvait se dire qu’avec des mots de tous les jours. Une Perpignan engagée pour les siens, avec en tête les menaces climatiques, et le besoin de vivre malgré tout.

Les papiers disent que l’association aura une fin, le 1er janvier 2035. On clôturera les comptes, on éteindra les lumières, et on passera le témoin.

Les actifs ? Rien ne sera dilapidé. Si elle meurt, cette association, ce sera pour nourrir une « formation politique du champ républicain » ; sinon, elle ira gonfler les fonds de la « Fondation pour l’écologie politique », et, si vraiment tout est éteint, la Fondation de France ramassera ce qui reste.

Quant à la conformité, ils la feront sans grands discours, en élisant leur trésorier, leur commissaire aux comptes dans une pièce vide, sous la lueur d'un néon, sans applaudissement, sans éclat. Là où naît l’engagement, austère et droit. Une page, blanche et neuve, où commencer l’histoire autrement.

Agnès Langevine était déjà candidate aux municipales de Perpignan en 2020. Et s'est retirée du deuxième tour, alors qu'elle pouvait se maintenir impossibilisant la présence de la gauche dans l'opposition du conseil municipal

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