Nicolas Caudeville, créateur du site « l’Archipel contre-attaque » et son principal animateur, est devenu non pas une institution (ce serait pour lui une offense), mais une personnalité comme Perpignan aime en forger. Provocateur, guerrier sorti de quelques feuillets de Cervantès, franchement obsessionnel dans le choix de ses « cibles », un brin tordu, le descendant de noblesse picarde, posé au centre-ville, en fait trop… Son site lui ressemble bien-sûr. Brouillon, peu « soigné », profitant à l’excès de sa liberté, pour pouvoir s’en plaindre de temps en temps.
« Machiavel de supérette », « Gribouille », « histrion picador », « affreux personnage excessivement jaloux »... quels autres compliments a pu susciter Nicolas Caudeville depuis qu’il agite le landerneau si faussement convivial des milieux politiques et administratifs catalans ? Ne tergiversons pas : « l’Archipel » mériterait un relookage, un correcteur orthographique, un logiciel de montage vidéo,… pour monter en gamme. Et au passage, comme nombre d’organes, des soutiens… donc un décollage de son modèle économique. Souhaitons-le-lui : à 7 ans, âge de raison, il le vaut bien.
Car ce média underground mériterait tout ceci pour avoir animé et stimulé le débat public dans un coin de France où cela manque. Pas moins ici qu’ailleurs, certes ; mais quand même, espérons toujours pour ce pays catalan, si fier - et si souvent à tort -, ici plus qu’ailleurs ! Á quelques encablures d’une ville qui a porté en partie l’émergence de « Podemos », Perpignan mérite en effet plus que l’absence de pages « Débats » dans ses feuilles « officielles », ou que le babillement continu et lénifiant de la lecture de recettes culinaires ou de musiques traditionnelles sur ses ondes… L’organisation de conférences complète l’arsenal de l’agitateur d’idées ; je le sais pour y avoir un peu contribué. Bref, il y a avec ce projet, sinon une occasion de contre-attaquer, de sortir de l’entre-soi perpignanais, de vivifier les échanges, les réflexions et donc de participer un peu à l’attractivité du département sur le plan intellectuel. Pour s’en être rendu compte, peu à peu, nombre de personnalités acceptent les interviews bruyantes de sieur Caudeville… Le chemin est plus que tracé. Il s’agit d’un succès, patiemment construit.
Avec Nicolas Caudeville, nous sommes à peu près en désaccord sur tout : le populisme, qu’il ne combat pas, mais dont il croit pouvoir se servir ; la social-démocratie, qu’il vomit comme Dieu les tièdes et que je soutiens ; les extrêmes, qui le fascinent et que j’abhorre, etc. Mais nous sommes en accord sur une valeur fondamentale : le souci de contribuer à un espace public vivant et contradictoire. Et puis tiens (c’est fête), en accord aussi sur le besoin de renouveler les responsables. Et puis tiens encore (c’est l’anniversaire), en accord sur un attachement contrarié - car parfois si peu réciproque -, à la culture, à l’art de vivre culinaire, et somme-toute à la société… des roussillonnais. Longue vie à l’esprit de l’Archipel.
Voir aussi:
Olivier Rouquan Politologue, enseignant-chercheur en science politique
https://olivier-rouquan.fr/
http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/2014/07/politique-pour-le-politologue-olivier-rouquan-l-heure-est-a-la-prise-de-risques-interview-par-nicolas-caudeville.html
http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/article-debat-sur-la-reforme-des-collectivites-territoriales-quel-avenir-avec-olivier-rouquan-henri-sicre-92046781.html
http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/2015/08/video-de-la-conference-redefinition-des-territoires-pour-qui-pourquoi-avec-le-politologue-olivier-rouquan-le-pratitien-culturel-herv