Bétriu, Radio Gitane, Saint-Jacques, sans culture, pas d’espoir !
Lorsque dans plusieurs siècles, les historiens se rappelleront le 3 septembre 2021, deux faits marquants leurs viendront à l’esprit. D’abord la sortie du 17e album d’Iron Maiden, « Senjustsu », qui est long, certes, mais qui est bon ; et, la conférence de presse de Loulou Aliot, pour nous parler de la démolition de Bétriu.
Bon, on savait déjà que l’immeuble allait tomber. L’effet de surprise été éventé, façon bouteille de Coke mal fermée. La réunion publique, la semaine précédente, avait cadré le projet. La conférence n’était là que pour peaufiner les détails.
Donc m’sieur l’maire nous a parlé pognons, genre « j’ai 70 millions pour le quartier, et vous inquiétiez pas les enfants, je vais tellement vous arroser que vous allez être plus mouillés qu’un jour de pluie ». Et puis on nous a promis des logements de qualité. Parce que, si c’est pas de qualité, dans le style du quartier, on n’en veut pas. Nous, le populo, on veut de l’authentique, on veut du charme, on veut du traditionnel. Le moderne, le cheap, c’est pas pour nous. Faut être clair, nous, on a du goût.
Et ça a un peu parlé de calendriers et de drogues. Attention, c’est pas que dans le coin on soit accroc aux agendas, mais entre deux rails de coke, on aime bien savoir combien de temps les chantiers vont durer.
Et puis, si les flics, le parquet, et l’État pouvaient faire un peu le ménage dans le coin, ça serait sympa comme tout. On va pas sombrer dans le tout répressif, mais on est d’accord avec Loulou, les marseillais avec les Kalachnikovs ça fait désordre.
Et puis, et puis, on a parlé culture. Parce que la culture c’est important aussi.
Bon, y’a André Bonnet qui a un peu fait tâche. Mais bon, c’est Dédé, faut dire.
Bon, on l’aime bien Dédé, mais c’est un peu l’idiot du village. Si tu lui fais écouter le dernier Maiden, il va te dire que c’est le meilleur disque de flamenco qu’il a entendu depuis longtemps, et que les solos de violoncelles sont exécutés avec brio.
Dédé, c’est un peu le gars que tu sais pas comment, ni pourquoi, il est là, mais que tu sens bien que tu vas avoir du mal à t’en débarrasser.
Alors Loulou, qui avait oublié le café et les croissants, nous a parlé de la radio gitane.
Oui, Loulou pense que la culture c’est vachement important, d’ailleurs il est prêt à mettre le paquet. On l’a compris, c’est pas une affaire de pognon, il signera le chèque, quelque soit le montant, c’est une affaire de lieu. Parce que, pour créer une radio, il faut un lieu.
Et sur ce point, il tergiverse de trop. Loulou, il n’a toujours pas trouvé le bon endroit.
C’est pourtant pas faute de lui dire : « Louis, mon tout petit, on t’aime bien, tu le sais, mais là tu t’entêtes, inutilement. Le lieu, c’est l’évêché, ses salles superbes, son jardin à nul autre pareil. Point barre ! »
Faut dire, quand t’as écouté un concerto de violes de gambe dans les jardins de l’évêché, souvenir de 2018, t’es comme la Pologne en 40, conquis !
Y’a que Dédé, qui nous avait dit : « ils avaient un drôle de son ces accordéons ! »
Parce que la culture, c’est pas juste des petits fours et des coupes de champagnes. C’est aussi du lien social. C’est aussi du développement socio-économique. C’est aussi de l’identité. C’est aussi de la fierté.
Sans la culture, nous sommes pires que des animaux.
Sans la culture, nous ne sommes que des brutes.
Alors, va falloir arrêter de tourner autour du pot et s’y mettre sérieusement.
Parce que le laisser faire, à Saint-Jacques, comme à Perpignan en général, ça urge !