Mort il y a 3 ans un 26 Aout, Christian Bourquin a toujours ses adorateurs
Bourquinah-Fasho : Hommage éternel à notre Conducator, Têt de la pensée.:
C’était il y a quelques jours ou semaines, je ne me souviens plus très bien tant j’ai eu l’impression de faire un saut spatio-temporel digne des frères Bogdanoff. J’avais la version électronique de l’Indépendant, euh pardon, de note glorieuse Pravda, entre les mains sur mon téléphone et j’y découvris un hommage rendu à Christian Bourquin, défunt président de région et de conseil général, notre phare, notre boussole, notre couteau suisse à tous, parti il y a trois ans ! http://www.lindependant.fr/2017/08/28/pyrenees-orientales-le-departement-rend-hommage-a-christian-bourquin,3045636.php#
Cet hommage était rendu par les élus, les apparatchiks, la nomenklatura et le personnel. Ah, le personnel, toujours prêt à s’émouvoir pour les grands qui le gouvernent, toujours aux ordres, toujours déférent… Bref, pendant quelques minutes, j’ai été transporté contre mon gré d’homme libre, de libéral-libertaire-libertin, de Perpignan la Catalane en Union Soviétique, fin des années 1970, sous Brejnev. Pincez-moi, je rêve, je cauchemarde. Effectivement, comme le disait Goya, « le sommeil de la Raison engendre des monstres ». Et il me semble que dans notre ville et notre département, cela fait quelques décennies que la Raison dort et plutôt bien. Chuuuut, ne la réveille pas…
Cher habitant des Pyrénées-Orientales, tu ne le savais pas mais depuis l’effondrement de l’URSS, en 1991, subsiste une mini Union Soviétique, ton conseil départemental. Outre ces nombreuses œuvres et la munificence dont il t’oint, toi son glorieux client, toi son personnel si efficace - je te rappelle, ô ingrat (respect, à genoux et plus vite que ça !), que le conseil départemental figure parmi les trois principaux employeurs du département avec la mairie et l’hôpital (bon, là, va falloir bosser parce qu’on est loin de la start-up nation du président) - comme toute Union Soviétique, il se doit de célébrer ses grands hommes, ses penseurs, et notamment son Conducator (le roumain était le Danube de la pensée, pour Christian, ben, y a la Têt, non ?) dont la contribution à l’histoire des idées politiques de notre pays, que dis-je, de l’Europe, est colossale. Un lycée porte son nom à Argelès, mais c’est un hommage bien timoré, une avenue porte son nom à Salses qui débouche sur le mémorial du camp de Rivesaltes (hum…). Et ton héritage ? Qui pour faire vivre la flamme qui animait notre génial Conducator ? Hermeline, Ségolène ?
Il faut des statues à sa gloire, des timbres, des mugs, des tapis de souris, des t-shirts… Il se murmure que la construction d’une statue de 831 mètres (soit un mètre de plus que la tour Burj El Khalifa à Dubaî) est envisagée à Pyongyang en Corée du Nord, tant Kim Jong un a été marqué par la pensée politique de Christian Bourquin, un modèle pour lui surtout en termes de gouvernance. Bref, comme en URSS, il nous faut un véritable culte de la personnalité, en hommage au grand homme. Pour mémoire, voici la définition de culte de la personnalité trouvée sur internet : l'expression culte de la personnalité est utilisée pour désigner l'attitude d'un chef d'Etat d'un régime totalitaire qui veut être vénéré comme un dieu vivant. Elle se traduit par une admiration excessive, une adulation du chef par la population au détriment des intérêts de la collectivité.
Bon, au détriment des intérêts de la collectivité, nous le savions depuis belle lurette, depuis le temps que ça dure, c’est une habitude chez nous… Totalitaire ? Ecoutez, j’ai appris récemment que le conseil départemental s’était doté de sa propre police secrète, sorte de STASI dotée des très hautes technologies de surveillance (écoutes, interceptions…) et chargé de surveiller le personnel, et qu’il était impossible de se connecter à l’Archipel contre-attaque depuis un ordinateur du conseil départemental. Il y a même des membres du personnel, qui ont parfois tendance à s’éloigner e la ligne du défunt chef ou de l’actuelle taulière, qui disparaissent bien plus mystérieusement que Xavier Dupont de Ligonnés. Certains disent qu’ils seraient ou détenus, pour les plus chanceux, dans les caves du palais des Rois de Majorques, ou qu’ils poursuivraient un dur labeur au service de l’édification du socialisme dans un seul département, dans quelque mine de Cerdagne. Heureusement, moi, je m’informe sur Radio Free Europe – Bureau des Pyrénées-Orientales et j’ai alerté Amnesty International. Bientôt la liberté, les Américains, un plan Marshall pour le département, des chewing-gums, des blue jeans et les Beatles…
"On peut inventer des fleurs, des chèvres, des taureaux, et même des hommes, des femmes - mais notre Bourquin, on ne peut pas l'inventer. Parce que, pour Bourquin, l'invention - même si Picasso est l'inventeur - est forcément inférieure à la réalité. Incomplète, et par conséquent, infidèle." (Louis Aragon à propos d’un dessin de Picasso sur Staline).
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