Alors que partout ailleurs en France à la demande de l'Etat les services d'archives sont mutualisés entre eux pour
accroître leurs performances, alors que partout ailleurs en France les archives municipales intègrent les fonds des archives des agglomérations, alors que partout ailleurs en France les
collectivités territoriales sont fières de conserver l'identité et de diffuser l'histoire de leur ville, à Perpignan, il en va tout autrement. Ici, on se distingue, on innove, on s’accommode de
la loi ! On mutualise les archives... et la bibliothèque!
Ou plutôt non, on détruit le service des archives pour faire rayonner la bibliothèque. Qui pourrait expliquer pourquoi?
Sans doute les rédacteurs associés du texte du maire !
Sous la superbe, royale, merveilleuse dénomination de "pole de la lecture publique et du patrimoine écrit", derrière un
texte ampoulé plein de contradictions -comme dit mon copain qui dit tout et son contraire-, et tellement indécriptable qu'on ne peut que l'imaginer intelligent pour éviter de chercher à tout
comprendre, en agitant comme un chiffon rouge devant un taureau une hypothétique subvention de 300 000 E pour la numérisation devant les yeux -médusés!- des élus, le maire n'annonce ni plus ni
moins dans son texte de la CTP du 24 juin prochain que le début de la lente agonie de son service d'archives .... qu'il va faire présenter par ses élus culture comme la plus belle chose qui
pouvait arriver à ce service. Plus c'est gros, plus ça marche. Mais ne dit-on pas : Timeo danaos et dona ferentes (je crains les grecs et leurs présents)?
Le resserrement qu'il annonce des missions des archives municipales autour des missions régaliennes (comment peut-on
resserrer ce qui est, par essence, sans doute pourrait-il l'expliquer, mais ça laisse vraiment rêveur), en élargissant ensuite les missions du bibliothécaire, ça veut dire quoi ? Ca veut dire que
les archives ne géreront plus la conservation des documents - la ville pourra donc faire détruire tout ce qu'elle voudra-, ni leur numérisation, et qu'elles n'auront plus aucune action
culturelle. Pourtant, comme le rappelle le maire un peu plus loin, il paraît que les missions des archives c'est conserver, classer, communiquer! Ah bon... mais alors il le sait ??? Ca serait pas
plus qu'un resserrement, tout ça ? Ca ne relèverait pas plutôt de l'atrophie pure et simple? Et il aurait le droit, comme ça, le maire, d'enlever à l'archiviste, sans les lui enlever tout en les
lui enlevant, pratiquement deux de ses missions sur trois ?
Mais bien sûr! Il le prend, et en plus il confirme l'amputation en expliquant que le service des archives municipales de
Perpignan va passer de 11 à 5 personnes. A ce sujet, des bruits courent, mais il faut toujours s'en méfier, que la ville de Saint-Cyprien va être submergée de demandes d'embauches. Le maire de
cette commune, il sait ce que c'est, lui, le patrimoine écrit et sa conservation! Dans une très belle démarche patrimoniale, le maire de Saint-Cyprien est en train de créer son service
municipal d'archives, il équipe et met son dépôt très correctement aux normes, il a accordé à l'archiviste, qui s'implique à fond, tout le personnel nécessaire, le matériel informatique adéquat,
il déploie une réelle politique de formation de agents des archives et sensibilise son administration et ses administrés aux richesses et au respect du patrimoine écrit de sa commune.
A Saint-Cyprien, 4 agents dans le service des archives gèrent 300 mètres de documents. A Perpignan, dans quelques jours,
il n'y aura plus que 4 agents pour 3 kilomètres. Toutes les municipalités ne gèrent pas la crise de la même façon, dans les PO! On va pas parler de l'harmonisation des collections prévue par
ce pole, parce qu'alors là, mais alors là... On nage en plein surréalisme! et le mot est faible... Perpignanais, amoureux de l'histoire et du patrimoine de Perpignan, sachez que dans
quelques jours, les archives municipales ne seront plus, et que la mémoire de votre ville sera en grand péril... et finira, au mieux, comme les collections de la Casa Pairal Joseph Deloncle
(Castillet) et bientôt les collections du Museum, par pourrir, imbibées d'eau, dans des sacs poubelles. Le touriste qui arrive en ce moment à Perpignan a intérêt à être très bourrin. Pas un musée
digne de ce nom à visiter!
Les restes de la collection de la casa Payral, stockés dans les entrepots Morer à Perpignan suite à une grosse fuite d'eau, on a conservé les piéces dans des sacs poubelles, ou conservé
dans le papier bulle du transport, ce qui ne peut qu'accéler la moisissure!