CORRiDA : Aïe qué cultura !
L’idée même que l’on puisse insérer la corrida dans les pages artistiques des journaux, me fait déjà gonfler la muleta !
Les défenseurs des jeux du cirque sanguinolents vont m’agonir d’injures sous les talanquères de leur’ ‘’culture’’, de la trâââdition, du mystèèèère de cette mort ensoleillée et patati et patalé... Basta ! J’ai toujours préféré les artistes aux cultureux, surtout face à ceux qui disent qu’on ne choisi pas sa culture ! FAUX ! On peut choisir. Et tous les jours. Pas simple, mais possible ! Quand à savoir ce qui est culturel, j’espère en m’exprimant contre cette barbarie, ne pas être assimilé à un taliban. Ou alors, il ne me reste plus que Kho lanta pour voisiner avec les abrutis !
La corrida est donc ‘’Culturelle’’. Aïe !? Rappelons d’abord, qu’elle ne date que de la 2ième moitié du 19ième siècle et que nous devons à l’Espagne bien d’autres splendeurs, d’artistes précieux et universels. De fait on confond toujours ‘’action artistique’’ et traditions ‘’ culturels’’. La Tradition est (le plus souvent) enfermée dans la galantine du passé. Dans l’immobilisme. Elle est donc le CONTRAIRE d’un acte artistique, même ancien. De fait El Cordobez n’est pas Albéniz, Dominguin n’est ni Vélasquez, ni Almodovar, Nimeno ne sera jamais Semprun ou Paco de Lucia. Culture n’est pas Art !
Bref, je refuse l’assimilation entre l’Art et les liturgies folkloriques qui exaltent les appétits de sang (pour le seul plaisir d’une minorité, rappelons-le également).
D’ailleurs, ce qui bâti une tradition (voire une culture) n’est pas toujours acceptable ou à cautionner intégralement.
Que penser des
sacrifices humains(cultuels) Grecs, Aztèques ou incas ? Que penser, aujourd’hui, des excisions, infibulations, tchadorisations, lapidations ? Que vous raconte un cheval dont la tête explose
contre la cathédrale de Sienne, lors de la course du Pallo, où les animaux sont poussés dans les retranchements de la sauvagerie ? Et tuer des dauphins globicéphales à poignards
nus sur les plages des Îles Féroé, ça
vous fait vibrer le palpitant ?
Voilà autant d’actes
‘’culturels’’ contemporains, parfois en pays civilisés, où l’être humain n’est jamais à l’honneur, élevé. Il n’y a dans ces relents de morts qu’un jouissance douteuse sur des victimes dont la mort est mise en scène. On décore leur douleur de musiques et de
folklores ambigus, au prétexte d’un acte ancestral partagé par une foule assemblée. Foule, trompettes, cris, flammes et sang... ça ne vous
rappelle rien ?
L’effrayant avec quelques ‘’traditions qui se perdent dans la nuit des temps’’, ce n’est pas le temps, mais la nuit !
On nous sert sans arrêt l’argument que sans la corrida, les taureaux de combat auraient disparus.
ET ALORS ? Ils demeureraient ces créatures herbivores, somptueuses et paisibles, (sauf si un con leur tire la queue...faut pas exagérer, quand même !).
S’ils sont élevés dans l’optique de l’arène, c’est donc qu’on a préservé l’espèce au seul profit d’un Jeu de chair déchirée et de viande éclatée. Piètre menu, que cette danse de fin d’après midi entre un poupon Barbie habillé comme un maquereau et la sombre masse de muscles, qui ne demandait qu’à brouter son champs, alors qu’on vient lui innerver le bout des cornes pour les rendre plus douloureuses au passage de la cape.
Imposture ! Saleté qui fait spectacle mortel de la douleur !
Le rugbyman moderne sait qu’il va morfler durant 80 minutes, et même bourré de créatine, il n’est jamais là ‘’à l’insu de son plein gré..’’. La boxe, soit disant ‘’noble art’’, (attendez, je rigole et je reviens !), oppose deux pauvres gantés, presque toujours d’origine défavorisée, qui se foutent sur la gueule (*), jusqu’à perdre les yeux, et même la vie. Et même manipulés par les magouilles d’une maffia qui les abandonnera comme des kleenex, ils ont acceptés d’être sur le ring. Tout au moins sont –ils convaincus d’être à leur vraie place. Dites, une idée, comme ça : si on laissait les 2 protagonistes SEULS dans l’arène, sans picadors ni banderilles... qui gagnerait, d’après vous, après deux ou trois heures de course ?
Le taureau, lui, ne choisit pas l’arène ! On n’a jamais entendu l’un d’entre eux dire en conférence de presse :’’ Wouais, super, je suis au top là...je me sens bien dans mes sabots et la temporada de Séville devrait me valoir les roubignolles et la queue’’ (du matador , of course)
Alors, hé, si la corrida est si importante que ça, pour la poignée de primitifs assoiffés de leur pinte d’hémoglobine estivale et dont l’aficion crée l’orgasme, qu’on la mette dans la rubrique ‘’Masse, Broche et Tradicon’’ ou dans ‘‘Acupuncture et Travaux d’Aiguilles’’, je m’en bats le paso-doble !
Dès lors, si cet équarrissage-spectacle ne voisinerait plus dans les pages artistiques avec danse, cinéma, musique, théâtre et les empêcheurs de tuer en rond, comme moi, seraient plus exaltés qu’un aficionado à l’heure de la mort.
Et, un jour, quand
les arènes seront devenues des espaces libérés de sauvagerie, (comme celles de Lutèce), les enfants joueront dans leurs cris de joie, sur le sable lavé de sang. Lequel ne gardera même pas la mémoire des saloperies que l’homme y a fait subir et le nom des
toreros aux allures de merlan. Je tiens le pari que ça arrivera !