Gare de Perpignan : aujourd'hui centre du monde, demain centre de l'univers ! par Nicolas Caudeville
« Le TGV arrive à Perpignan ! Perpignan, méditerranée, Catalogne, premier espace européen de développement économique. 8 millions d'habitants. Implantez votre entreprise au centre de l'univers »
Voilà l'affiche qui tentera d'attirer les entreprises pour s'installer sur le grand espace commercial.
Mais bon, si les choses étaient simples, elles en seraient moins compliquées.
Le TGV arrive ! Oui, mais quand ?
Si l'on s'en tient au compte à rebours qu'il y avait sur le Castillet, il devrait déjà y être depuis 2009. Mais avec les retards de percement de tunnels, d'abord à Barcelone puis à Gérone, l'affaire était loin d'être dans le sac. Sans compter le tronçon Montpellier-Perpignan.
Que peut-on lire sur le site de l'association « Eurosud transport » :
« La LGV Montpellier-Perpignan, Anciennement dénommé TGV Languedoc-Roussillon, ce projet dont les
premières études ont démarré en 1989 prévoyait 195 km de voie nouvelle à double voie et 17 km à voie unique. La vitesse commerciale prévue était de 350 km/h sauf quelques points singuliers à 300
km/h. Pour le fret, entre Perpignan et la frontière et sur le contournement Nîmes–Montpellier la vitesse prévue était de 140 km/h.
En 1997, le projet prévoyait 3 gares nouvelles ...
Gare nouvelle de Montpellier (située sur le contournement),
Gare nouvelle de la Plaine de l’Aude (desservant Béziers et Narbonne),
Gare nouvelle de Perpignan Rivesaltes. (...)
Mais depuis l’Avant Projet Sommaire approuvé en 1995, ce projet de LGV a si peu progressé qu’il est désormais nécessaire de remettre à plat toutes les études menées à ce jour pour reprendre le dossier à zéro en commençant par l’organisation d’un débat public comme la loi l’impose désormais. »
Lorsque le train arrivera en gare de Perpignan, qu'est ce qui ne nous garantit pas un « effet tunnel », c'est à dire que les gens passeront sans s'arrêter.
Et pire encore qu'il sera plus intéressant de se rendre à Gérone et Barcelone, qui ont notamment plus d'offres culturelles comme l'indique une étude de deux universitaires de Perpignan, JM. Holtz et D. Giband.
Il ne suffit pas que du discours du grand urbaniste, président de l'agglomération de Perpignan, ancien maire démissionnaire, Jean-Paul Alduy, sur le fait que « Perpignan va enfin jouer dans la cours des grands ».
Ha, le rêve d'un bac à sable gigantesque où il n'y aurait que la taille et le prix des jouets qui changent, avec rien de moins que ça :
Un centre de finances international, un centre de fitness servi par une architecture avant-gardiste dans les années 80.
Oh ! bien sûr, il y a le dessert : le théâtre de l'archipel...
Le « Grenat » de Jean Nouvel, qui nous coutera entre 28 millions d'euros et 32 millions d'euros selon les versions et 6 millions d'euros par an de fonctionnement, quand il ne faut pas effacer et réécrire pour des mauvaises traductions d'une phrase en arabe d'Avéroés, qu'aurait mal interprété notre G.U pour une bagatelle de 50 000 euros de plus...
D'après JPA, « les gens viendront du monde entier pour le voir ! » (pour plus de détails, lire la thèse de monsieur Jordi Gomez, « La politique culturelle de la ville de Perpignan : Genèse d'une institution théâtrale » université Panthéon-Assas, sous la direction de Jacques Chevallier) En TGV bien sûr. Parce qu'il n'y a pas de théâtre dans le coin ?
A Narbonne, nous avons une scène nationale, St Estéve a construit son théâtre de l'étang, d'une jauge de 800 places que dirigera Marie-Pierre Baux. Gérone a aussi ce qu'il faut, sans parler de Barcelone.
Mais on dit, argument supplémentaire, que pour drainer les foules du sud, la programmation sera
bilingue catalan-Français !
Si on emporte pas le marché avec ça !
Ces temps-ci, il semblerait que le transfrontalier provoque une forme de mégalomanie :
Un territoire pauvre (le nôtre) se croit en mesure de s'assembler symboliquement avec des territoires riches (les autres) pour former un miraculeux espace développé et prospère.
"Perpignan" accolée à "Méditerranée" et "Catalogne" permet littéralement de sortir du réel pour s'inscrire dans un territoire utopique de 8 millions d'habitants.
Au final, cette logique de développement territorial n'a de lien qu'avec le délire dalinien. C'est l'histoire de la petite souris qui chemine à coté d'un éléphant et qui lui dit: « Dis-donc, qu'est-ce qu'on fait comme poussière ! ».
A Perpignan, on dit que pour faire fortune, on achète Jean-Paul Alduy au prix qu'il vaut et on le revend au prix qu'il dit valoir !
« J'ai tenté de me suicider du haut de mon Ego, et je n'ai toujours pas atterri... »
« J'ai tenté de me suicider du haut de mon Ego, et je n'ai toujours pas atterri... »
Perpignan, centre de l'univers et au-delà :
Le ridicule ne tue pas ! par Caro
Ligne TGV Barcelone/Perpignan :
En attendant Godot, mais pas trop ! par Caro
Transfrontalier, Eurodistrict Perpignan/Gérone :
Une différence de calibre ! par Caro