Dominique de Villepin dénonçant la "chienlit qui s'installe au sommet de l'État", il serait bon de présenter
rétrospectivement ce qui pourrait entrer dans ce champ depuis mai 2007, moment d'effusion soudaine de vulgarité et d'impudence.
Rappelons que la "chienlit", est un terme qui était quelque peu tombé en désuétude avant que le Général de Gaulle ne
l'employât à propos des débordements de mai 1968. Il s'agissait sans doute dans un langage châtié d'ironiser sur le désordre et le dévoiement estudiantin; la phrase était "La réforme, oui, la
chienlit, non!".
L'on considérera que "le sommet de État" désigné comme tel par Dominique de État, vu la constitution et la "doctrine
gaulliste" fait référence à la fonction présidentielle, qui revêt en France une connotation particulière car elle succède à la fonction royale, étant ainsi quelque peu sacrée, elle ne demande
qu'à tenir son rang.
Assistant comme vous au spectacle depuis le 6 mai 2007, je vous propose sur le ton de la légèreté et de l'ironie que nous
parcourions ensemble trois années de chienlit au sommet de État.
A peine fût-il élu, il partagea l'instant avec ses pairs, ce qui est somme toute normal, à ceci près qu'il préféra
s'entourer de financier ou de "stars" plutôt rabelaisiennes pour être bienveillant envers elles, il y avait quelques politiques, les Balkany par exemple. Ce qui de prime abord peut paraître
anodin l'est moins lorsque l'on s'apercevra qu'il défendra davantage les intérêts de ce "premier cercle", son mur d'argent, que l'intérêt des français (bouclier fiscal, Casinos, optimisation
fiscale...).
Par la suite, afin "d'habiter la fonction présidentielle", il alla flamber sur la "Paloma", le yacht d'un pote qui se fait
un max de tunes, pourrait-il dire. Certains entrent au Panthéon, lui préfère les jeux d'eau, à chaque président son style.
Après cette petite croisière, il s'empressa "d'incarner la fonction", avec des petites folies fiscales (juillet 2007),
d'après tout, ça n'alourdit le déficit annuel que d'une petite dizaine de milliards d'euros, puis ça fait plaisir à ses potes. Pourquoi se gênerait-il?
L'été de l'arpète président, se poursuivit, avec des vacances, mais attention, pas n'importe où, pas avec n'importe qui!
L'homme soigne ses fréquentations il choisit donc les États-unis, tout près du lieu de villégiature de la famille Bush, avec laquelle il s'afficha avec cynisme (souvenons-nous du contexte!). Il
couru dans les rues de New York avec son Tee-Shirt "New York Police District", un clin d'oeil au non-alignement de la France.
Pour terminer le volet "étranger", nous n'allons, comme nous ne pouvons pas être exhaustifs (Bruxelles, Allemagne,
Sénégal, Québec...), seulement nous arrêter sur sa visite au Vatican, accompagné dans la délégation officielle par le grivois Bigard, qu'il présenta au souverain pontife. Sur le coup j'avais cru
à un canular de mauvais goût.
Nous découvrons aussi un Président, qui parle comme un palefrenier, et qui prend beaucoup de liberté avec la langue
française.
Aussi, nous assistons à une déliquescence institutionnelle, avec un Président de la République qui veut exercer le pouvoir
à sa guise, au mépris de toutes nos traditions politiques; la soi-disant modernisation des institutions du 23 juillet 2008 est un exemple parmi d'autre de l'inconséquence présidentielle dans son
rapport aux institutions et au sens de État. N'a t'il pas davantage brisé la clé de voûte de nos institutions plutôt qu'il n'aurait fendu le Mur de Berlin?
Il y a aussi un autre "registre" dans lequel il joue la carte de la "chienlit", c'est celui de l'arbitraire, et de
l'injustice. Des procureurs à la botte, une justice sans cesse fustigée, et bien sûr, sa petite partie "Clearstream" dans laquelle il veut décrocher le pompon. Là, il se prend pour
Marie-Antoinette voulant la peau de celui qu'elle haïssait, envoyant oukases ou lettres de cachet au tribunal quand il ne requit pas lui-même sa sentence personnelle que la justice devait
entériner. Il fut d'ailleurs dans la même stupeur que la reine maudite lorsqu'il apprit que la justice parisienne n'avait pas courbé l'échine, un crime de lèse-majesté. Comme la reine, il décida
par la suite de s'acharner derechef, lui, avec les moyens du bord, c'est à dire l'appel (du parquet) au XXI ème siècle. Pour que son parcours se distingue un peu de celui de la reine, je suggère
qu'il aille habiter la fonction présidentielle à La Chaise-Dieu après ce procès.
Afin que l'article ait une taille raisonnable, nous allons nous arrêter là, bien qu'il faudrait aussi aborder la problème
du populisme et de la corruption comme l'avait d'ailleurs fait l'hebdomadaire Marianne cette été, avec beaucoup de mesure et de pragmatisme.