"Souvenez-vous de lui comme d'un rancio sec : brut, rare, et vibrant d’une intensité qui ne s'éteint jamais."
"Il savait que les mots peuvent cogner comme des coups de vin fort, et qu’écrire, c’est vivre à pleine gorge."
Je ne sais pas pourquoi j’ai eu envie de vous parler à nouveau d'Henri wiki et pédia. Ce qu'il était, ce qu'il représentait, le meilleur de ce qu'aurait pu être ce département ,si l'économie de la rente n'avait pas fait sortir de l'enfer de la médiocrité, une armée d'imposteurs...? J'ai la nostalgie de son rancio sec, de sa malvoisie et son écriture rabelaisienne : s'en souvenir, c'est une incantation pour le retour de moments... Alors, j'ai chuchoté à ma manière pataude et brutale, comme je me nomme Nicolas (mais pas Machiavel), mon modèle de "Prince" du vin et des Lettres...
Henri Lhéritier : La Geste du Dernier Dandy Rivesaltais :
Henri, ça cogne rien qu’à l’évoquer… un grand éclat, une déferlante, une volée de verbe et de vitriol ! Ce n’était pas un écrivain pour les demi-teintes, Henri Lhéritier, ni pour les prudents. Lui, c’était tout en coups de théâtre, en langue charnelle et en tirades brûlantes comme le soleil catalan qui l’a vu naître. On l’imagine encore, silhouette farouche et élégante, levant son verre de rancio sur les places de Perpignan, scrutant l’horizon comme s’il allait trouver un nouveau terrain à conquérir.
Henri Lhéritier écrivait comme il vivait, et vivait comme il écrivait, d’un seul trait de plume – démesuré, impertinent, gouailleur, sans une once de compromis. Ses Perpignan et Rivesaltes n’était pas seulement des villes, c’était un monde, un théâtre à ciel ouvert où se croisaient personnages truculents, vignerons fiers, catalans de souche, et clochards célestes. Et ce qu’il nous a laissé, c’est une fresque ardente, une fête littéraire éclatante, un hommage à la terre et aux hommes qui l’habitent.
Et puis, la mort s’est mêlée de l’affaire – avec sa grande faucheuse bureaucrate qui ne sait même pas qui elle vient faucher, mais Henri, lui, l’a bien reçue comme on accueille l’inattendu, sans pleurnicher ni rechigner, avec un rire, un dernier coup de plume et un verre. On aurait dit qu’il avait senti, qu’il en était de ce moment, l’éclat final de son épopée.
La Dernière Parade : le Condottiere au Grand Départ
Alors, ils se sont retrouvés, tous ces amis, tous ces compagnons de bordée, tous ceux qui, avec lui, avaient fait de la littérature une grande cavalcade : les éditrices, les libraires, les lecteurs enfiévrés, des âmes simples et des âmes lettrées. C’était la fête finale, la Geste du Condottiere, qui prendrait les rues comme un dernier sursaut, un chant de guerre et de paix, un hommage déguisé en cavalcade. Dans chaque ruelle, une halte pour raviver le souvenir, une lecture, un verre, une pensée pour ce complice parti trop tôt.
Ils ont fait claquer le "sac de gemecs" de Roger Coste, cet instrument dont la plainte catalane se mêlait aux bruits de la ville, comme un cri au-dessus de Perpignan. Chaque lieu choisi portait un bout de son esprit : les allées Maillol pour les femmes qu’il aimait tant ; le monument aux morts pour dire non à la bêtise des combats ; et bien sûr, la cathédrale, le palais, tous ces symboles. Ils ont repris des morceaux de son Défilé du Condottiere, et à chaque lecture, c’était un peu de Henri qui revenait, sauvage et vibrant comme aux plus belles heures de son œuvre.
Sept Lieux, Sept Mémoires : L’Art de Vivre en Catalan
Ils ont marché, l’âme pleine de ses mots, sur cette terre qui lui tenait tant à cœur. Sept lieux, sept thèmes pour célébrer le verbe et la vie, l’invincible plaisir d’être au monde comme lui seul savait l’incarner. Au bord du quai Vauban, devant la librairie Torcatis, un dernier toast, une bière artisanale de chez Alzina, pour clore cette cavalcade – une fin comme un coup de poing, un clin d’œil. Ils ont tous levé leur verre, et dans l’ombre de la nuit, les mots de Lhéritier se sont envolés, vibrant d’une vie que la mort elle-même ne saurait éteindre.
L’héritage du Catalan du Futur : Henri et la Guerre, Henri et les Vivants
Avec lui, c’était la vie qui brûlait de toute son ardeur, c’était la folie assumée, la fureur de ne jamais être domestiqué. Henri détestait la guerre, mais l’avait écrite, auscultée, car il la savait tapie dans les failles humaines. Il connaissait le courage vain des hommes, la douleur des mères, l’inutilité des sanglants télégrammes, tout ce fracas dont il avait voulu rendre compte, non pour glorifier, mais pour montrer l’absurdité nue des batailles. Ses mots frappaient comme des obus, mais pour faire éclater une vérité, pas pour se fondre dans la banalité.
Henri n’est plus là pour répondre aux saluts des verres levés. Son dernier roman, Le Cri, retrouvé par sa veuve Simone, son cousin Jean, serait peut-être l’apothéose de cet homme d’ombre et de lumière. Il est là, quelque part, dans les ruelles de Perpignan, dans la mémoire des vieux et des jeunes qui l’ont lu et aimé. Ils l’évoqueront, le Catalan futuriste, comme une figure, une légende, une part indélébile de cette terre.
Et Perpignan, sans doute, le lui rendra bien.
henri lheritier - L'archipel contre-attaque !
Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel ...
http://l-archipel-contre-attaque.over-blog.fr/tag/henri%20lheritier/
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