ÉDITORIAL 2021
Des femmes et des hommes debout https://www.cinemas-carmaux.fr/festivals/
L’an dernier nous étions dans l’urgence, cette année le festival peut se poser un peu pour retrouver ses fondamentaux : diversité géographique des films, place faite aux films patrimoniaux, une variété des sujets entre fiction et documentaires, encore que souvent la frontière en soit ténue et poreuse.Certes encore une fois les films français sont les plus nombreux, mais c’est la conséquence d’une production qui entend faire la part belle aux phénomènes sociaux avec une audace qui n’exclue pas l’humour, faire devant cet état de fait la grimace serait imbécile et comme nous ne le sommes pas, enfin on l’espère...Pour les cinématographies d’ailleurs, on a fait le choix de privilégier le cinéma russe et soviétique pour jouer la double carte du passé et du présent, de donner à voir un regard américain et un regard belge http://l-archipel-contre-attaque.over-blog.fr/tag/jan%20bucquoy/, sans oublier, si le film est français, un parcours catalan http://l-archipel-contre-attaque.over-blog.fr/2019/05/jordi-vidal-etait-en-direct-de-l-ubu-cafe-pour-une-conference-sur-son-oeuvre-et-repondais-au-public-nombreux-qui-etait-la-pour-lui-p
.Pour les films de patrimoine nous avons visé haut avec La nouvelle Babylone (1929), un des rares films tournés sur La Commune, pour son 150ème anniversaire on ne pouvait faire mieux, d’autant que le film sera présenté avec un accompagnement musical et une boisson légère. Haut encore, avec La Grève d’Eisenstein (1924) qui entrera en résonnance avec Chers Camarades (2020), fim récent d’Andrey Konchalovsky. Exceptionnelle sera la projection de Fermeture de l’usine Renault à Vilvoorde (1997), un doc comme on en fait peu où la fiction s’éclate, de Jan Bucquoy, réalisateur belge, scénariste de BD, artiste en tout genre, anarchiste, situationniste et au-delà, qui sera, pour le bonheur de chacun.e, des nôtres. Tous au Larzac (2011) éclairé par le récent Gardarem Lo Larzac est-il un film de patrimoine ? A tout le moins un film qui parle du nôtre tout comme le tout récent, et en avant-première, Nous dansons sur un volcan de Jordi Vidal, qui sera présent et qui est de la même trempe que Jan Bucquoy, pour poser cette question iconoclaste : "et si une danse identitaire, la sardane, n’était autre qu’une danse révolutionnaire ?". Ouvrir des horizons nouveaux rien de plus passionnant pour un festival.L’ensemble français récent tourne, COVID-19 oblige, même s’il n’est pas nécessairement mis en scène, en partie autour du soin hospitalier comme à la personne :Debout les femmes !, et si les enquêtes de l’Assemblée nationale servaient à quelque chose ? La fracture, vrais soignants et acteurs dans un hôpital, un soir de manif de Gilets jaunes et la question du genre. Ensuite, une autre partie de cet ensemble aborde les laissés pour compte. Si on chantait de Fabrice Maruca, une avant-première en sa présence, des licenciés qui se lancent dans la chanson, un film joyeux sur une situation qui ne l’est pas, une ouverture optimiste ; Gagarine, le devenir des banlieues rouges dans un rêve intersidéral, intelligent et subtil, la banlieue telle qu’on ne la voit que rarement ; Les deux Alfred, le monde d’à peine demain démonté par un film joyeux et tendre, comme un air de réalisme poétique des années 1930 ; De bas étage, les OS de la délinquance, tristesse de la condition ouvrière reflétée dans le vol ; Les sans-dents, avant-première avec Pascal Rabaté son réalisateur, à la marge des marges et une certaine idée de la dignité, sans paroles ni musique mais pas sans son, comme un parfum des audaces de Claude Faraldo dans Themroc, une conclusion du festival dans l’ouverture !Nomadland de Chloé Zhao, traite à l’américaine des mêmes sujets, dans ce film magnifique qui emprunte ses techniques au doc, la lutte des classes se transcende en un conglomérat de choix individuels, marqués de liens précaires au rythme d’une déambulation dans tous les états ou ses états. Une autre façon d’appréhender la précarité sans solution collective mais pas sans dignité. Relire Montaigne ? De quoi nourrir la discussion en tout cas.
Michel Cadé
Président du Festival
La sardane est elle une danse révolutionnaire, une danse solaire de toute éternité ou des faits sociaux culturels récupérés par une droite indépendantiste catalane. Le certain regard de l'essayiste critique Jordi Vidal et son producteur François BOUTONNET au Clap Ciné de Canet. Première sortie au cinéma Jaurés d'Argeles sur mer le 29 octobre pour les rencontres Cinémaginaires. Mais avant à Carmaux au festival du film social et ouvrier. https://www.cinemas-carmaux.fr/festivals/
https://www.cinemas-carmaux.fr/festivals/
Voir aussi:
Covid19 / Occitanie: quel futur pour la culture en région? La réponse du président de la commission culture Serge Regourd, interview par Nicolas Caudeville
Cinéma / Carmaux: il reste une humanité dans la patrie de Jaurés: le festival du film social et ouvriers! interviews,photos et reportages par Nicolas Caudeville