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Dédé Bonnet est un homme de culture. Bon, on ne sait pas trop de laquelle, de culture, mais c’est un homme de culture.D’ailleurs, il lit des livres. Notamment ceux de Julie Andrieux. C’est dire s’il a du goût. Et un lave-vaisselle.Mais, hélas, il est bien seul.
Alors, en qualité de maire par intérim, il est contraint de travailler en catimini. Non, il ne peut pas lancer de grandes réunions de concertation. Non, il ne peut pas aller prêcher la bonne parole auprès des perpignanaises et des perpignanais.
Non, ses ennemis, et Dédé a beaucoup d’ennemis, ne peuvent pas comprendre qu’une « vraie » politique culturelle ne peut passer que par une politique de grands travaux.Oui, sans le BTP, point de culture à Perpignan.
Le Vernet, nouveau terrain de jeu du BTP
Le basket est « un bien joli sport », mais une salle à 15 millions d’euros, quand on n’a pas de club, c’est franchement inutile. Donc Loulou, avec la brutalité qui le caractérise dans la reprise de décision, a stoppé net le projet. D’un coup, d’un seul, sans discussion avec qui que ce soit.
Dans cette histoire, la mairie économise 5 millions, les partenaires réunis autour du NPNRU 10 millions.
L’argent étant budgétisé, théoriquement, il est toujours disponible.
Dédé, toujours désireux d’aider le BTP à émettre du CO2, a donc eu l’idée de construire une médiathèque en lieu et place de la salle de basket. La mairie a le terrain, la mairie a l’argent, la mairie a la volonté, donc Dédé lance le projet.
Courant octobre 2021, sans aucune forme de débat public, était annoncé un marché public pour une esquisse de la médiathèque. Cette annonce précise bien que le projet devrait coûter dans les 3,2 millions d’euros. L’esquisse sera facturée 13 000 €, ce qui est correct pour ce type de bâtiment. Par rapport à la salle de basket, Dédé se garde un volant de près de 1,8 millions, au cas où le projet serait un peu plus cher que prévu.
L’annonce légale : https://www.boamp.fr/avis/
Le diable est dans le détail
Là, chères lectrices, chers lecteurs, vous allez me dire : « Certes, André fait sa médiathèque tout seul dans son coin, et, c’est pas gentil, mais les médiathèques c’est cool, non ? »Alors, je vous l’accorde, parce que je vous aime bien dans le fond, les médiathèques c’est cool. D’ailleurs on pourrait la nommer « Médiathèque André Malraux », et y installer la Phonothèque*.Sauf, qu’après dix ans de gestion Pujol, la municipalité est exsangue financièrement. Elle ne peut recruter qu’en créant du déficit.
Cette médiathèque risque fort de se réaliser à effectif constant. La bibliothèque Barande pourrait donc souffrir à termes, voire, fermer.
Et c’est là que l’affaire de la Bressola rend cette histoire intéressante.
Dans « catalan » il n’y a pas que « talent »
La Bressola est une association fondée en 1976. Aujourd’hui elle accueille plus de 1 000 élèves dans sept écoles et un collège. J’ai lu le dossier de presse, c’est dire si je bosse.Le besoin de développer l’enseignement immersif à pousser ses dirigeants à lancer le projet d’un collège-lycée. Après plusieurs visites, le monastère Sainte-Claire a été choisi.
Sur le coup, les dirigeants ont fait preuve de naïveté. Au lieu d’aller voir Loulou, qui, aux dernières nouvelles, est le patron à Perpignan, ils sont allés voir Charles Pons !
Hélas, mille fois hélas, Charly ne surfe pas ! Alors que l’odeur du napalm, au petit matin… Mais je m’égare.
Charles Pons n’est pas décisionnaire. Et comme l’avait déclaré, il y a quelques mois, lors d’un entretien avec l’Archipel contre attaque, Louis Aliot ne jure que par la « contractualisation ». En clair, si c’est pas écrit, ça n’existe pas !
Croyant avoir l’accord de la mairie, les dirigeants de la Bressola auraient donc signé un « sous-seing d’acquisition », mais ce ne serait pas la Bressola qui deviendrait propriétaire du monastère. Si ce genre de montage juridique est banal, la politesse aurait été d’en toucher un mot à la mairie.
C’est qu’il est susceptible Loulou. Et puis, c’est pas parce qu’il est avocat d’affaires qu’il est capable de savoir qui sont les sociétaires d’une SCI.
Résultat, avec la brutalité décisionnelle habituelle, la municipalité a préempté le monastère.
Quand tu préfères la politique de bas étage au Code de l’urbanisme
Alors les dirigeants de la Bressola s’insurgent et portent plainte. Ils perdront devant les tribunaux. Ce qui est de l’ordre du détail.
L’affaire permet aussi à la simili-opposition de brailler comme des putois, montrant ainsi qu’elle n’a rien dans le crane.
On pensera à Mark Knopfler chantant : « There's a protest singer, he's singing a protest song »
Si la simili-opposition agissait réellement contre l’extrême droite, celle-ci ne serait pas à la mairie. Et, surtout, elle n’aurait pas l’assurance d’y rester pour 3 ou 4 mandats.
Surtout que, si la mairie avait laissé l’affaire suivre son cours, le projet serait tombé à l’eau de lui-même.
En effet, le projet présenté par la Bressola prévoit un budget de 1 280 000 € pour l’achat du monastère et de 1 400 000 € pour les travaux de mise aux normes. Le montant des travaux dépasse la valeur du bien, et un changement de destination est obligatoire, un permis de construire est donc, lui aussi, obligatoire.
Le bâtiment deviendra une école, c’est-à-dire, vu le dossier, un ERP de type R et de catégorie 4.
La classification des ERP : https://www.service-public.fr/
Le monastère étant en zone inondable, avec un risque de l’ordre de 1 mètre d’eau au rez-de-chaussée, il est peu probable que le service instructeur, soit le service urbanisme de la ville de Perpignan, accorde le permis de construire.
Dans ce genre de situation, la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) n’accorde pas non plus de permis de construire.
Et si le NPNRU soutenait la culture catalane ?
Deux événements culturo-éducatifs ont lieu au même moment et dans le même Quartier Politique de la Ville (QPV), qui bénéficie en plus du NPNRU, soit une enveloppe de quelques dizaines de millions.
Si on réfléchit un peu, et qu’on pense « projet », en gros si on fait l’inverse de la méthode à Dédé, il est possible de tirer avantage de la situation.
La carte des QPV de Perpignan : https://sig.ville.gouv.fr/
D’abord on notera que dans le QPV « Diagonale du Vernet » des terrains restent disponibles, et, qu’ils ne sont pas en zone inondable. La mairie en possède d’ailleurs certains.
On a donc du foncier disponible. Et constructible.
Ensuite, malgré les errements de l’époque Amiel/Pujol, il reste pas mal de millions d’euros dans la cagnotte. Autant mutualiser pour être, situation assez rare dans le coin, efficace !
Dans le fond installer un collège-lycée, en immersion, dans l’un des 30 quartiers les plus pauvres de France montrerait que la défense de la culture et de la langue catalane ça n’est pas juste un truc pour petit-bourgeois en mal de sensation. Cela montrerait surtout que la culture catalane est un formidable outil d’insertion socio-culturel et économique.
On ne va pas faire le détail des possibilités, ça serait trop long.La mairie pourrait récupérer le monastère Sainte-Claire pour y installer une médiathèque sous forme d’un « véritable » tiers-lieu culturel, solidaire et associatif ; pour y installer la Phonothèque ; pour aider au développement des quartiers nord, qui en ont vraiment besoin. Tout ça à la fois.
Le collège-lycée, lui, pourrait être construit à la place de la salle de basket, et, intégré dans le NPNRU, participer activement à lutter contre la pauvreté extrême que connaît le Vernet.
En conclusion
Bon, tout ça, c’est juste des idées de développement social, culturel et économique. Il s’agit de projets pouvant aider à améliorer les conditions de vie de milliers de perpignanaises et de perpignanais.
Des idées pour sortir les gens de la merde, quoi.
Donc, les « décideurs » locaux préféreront les balayer d’un revers de main.
Aquí, la culture est représentée par Dédé Bonnet, et, ça n’a pas l’air de gêner grand monde. Car, la seule culture qui vaille aquí, de droite comme de gauche, catalanistes ou franchouillards, c’est la culture de la lose.
Bref, comme dirait des escargots dans une cargolade : sem fotuts !
*Si, comme André Bonnet, vous ne comprenez pas la blague, c’est que, comme André Bonnet, vous êtes ...
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