Bienvenue à Perpignan, la capitale ensoleillée des intrigues politiques, où cette année, le Père Noël a décidé de laisser ses rennes au vestiaire pour un tour de campagne électorale. Imaginez une comédie dramatique sur fond de fatigue démocratique, un "Love Actually" revisité où les déclarations d’amour laissent place aux alliances improbables et aux promesses électorales. Voilà le ton de "La bataille de Perpignan : Fragments d'une fatigue démocratique", réalisé par Bertrand Schmit.
Dans ce joyeux désordre municipal, deux héroïnes se partagent la scène :
- Caroline Forgues, la novice citoyenne, s’engage corps et âme dans une campagne qu’elle découvre aussi passionnante qu’épuisante. Épaulée par une liste aussi bigarrée que son pull de Noël (LFI, PCF, NPA...), elle jongle entre rédiger ses discours dans sa cuisine et calmer les tensions internes dignes d’un repas de famille raté.
- Clotilde Ripoull, la candidate centriste vétérane, fait son retour pour une troisième tentative. Toujours aussi déterminée qu’un elfe monté sur ressorts, elle enchaîne les appels pour sceller des alliances improbables. Même le fantôme du Macronisme local fait une apparition, sans succès.
Mais derrière ces péripéties se cache un adversaire redoutable : Louis Aliot, le candidat RN, qui déroule sa stratégie avec l’assurance d’un Père Noël distribuant ses cadeaux sans concurrence. Et spoiler alert : c’est bien lui qui décroche l’écharpe tricolore à la fin.
Le film s’ouvre sur un décor typique de fin de conte : une fête victorieuse. Mais ici, les guirlandes sont remplacées par les sourires de l’équipe d’Aliot et les slogans triomphants. Le réalisateur nous invite ensuite à remonter le fil de cette campagne, où chaque candidat incarne une facette de la vie politique locale : les espoirs, les désillusions, et surtout, une ambiance de "fatigue démocratique" qui résonne plus comme une ballade mélancolique que comme un chant festif.
Bertrand Schmit nous offre un regard aussi proche qu’un gros plan sous le gui.
- On voit Caroline, entre deux cafés brûlants, tenter d’unifier sa liste hétérogène. Chaque réunion ressemble à une scène de dîner de Noël où personne n’est d’accord sur la sauce pour la dinde.
- Clotilde, quant à elle, négocie sans relâche, mais finit par donner l’impression d’un sapin un peu dégarni à force de chercher la guirlande parfaite.
- Enfin, Louis Aliot, qui, tel un Père Noël impassible, compte les cadeaux électoraux qui s’accumulent dans sa hotte.
Ce qui différencie "La bataille de Perpignan" des classiques téléfilms de Noël, c’est l’absence d’un miracle réconciliateur. Ici, pas de baiser sous la neige, mais une leçon bien amère : la politique locale, avec ses promesses de proximité et ses idéaux, finit souvent noyée sous les éléments de langage et les stratégies froides. C’est Noël sans magie, mais avec un réalisme brut qui fait réfléchir.
Le film s’interroge subtilement : comment en sommes-nous arrivés là ?
- Pourquoi la démocratie locale semble-t-elle aussi usée qu’un vieux pull de Noël ?
- Comment Louis Aliot a-t-il su capter cette exaspération générale pour s’imposer comme le "sauveur" ?
Ce sont des questions lourdes de sens, mais portées avec une légèreté visuelle et narrative qui rappellent les meilleurs moments des comédies amères.
Pour les amateurs de politique, c’est une leçon en trompe-l’œil sur les mécaniques du pouvoir. Pour les fans de Noël, c’est une occasion de troquer le chocolat chaud contre un verre de vin, en riant (jaune) devant ces personnages plus vrais que nature.
"La bataille de Perpignan" n’est pas seulement un documentaire, c’est une tragédie festive qui nous rappelle que, même à Noël, tout le monde ne reçoit pas les mêmes cadeaux.