Dans un discours célèbre fin décembre 1789 , Stanislas Marie Adélaïde, comte de Clermont-Tonnerre, prend position pour l'accession des Juifs à la citoyenneté en déclarant : « Il faut tout refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus ».
L’identité, c’est important. Pour que le petit peuple ait conscience de cette importance, l’État a dû distribuer des penses-bêtes, histoire que tout un chacun ait toujours dans sa poche une sorte de carte pour se rafraîchir la mémoire. On appelle ça, communément, une « carte d’identité ».
Pour les villes, il en va de même. Sauf qu’elles n’ont pas vraiment besoin de carte d’identité. C’est déjà bien si elles ont une carte. Pour les piétons et les touristes, c’est pratique une carte, même si cela n’est, dans le fond, qu’une sorte d’allégorie, une représentation déformée d’un réel supposé dont la, vague, substance ne peut s’incarner que dans le délire déambulatoire d’un géographe enfermé, mentalement, dans un bureau, sans qu’il ne puise, jamais, rêver d’être un aventurier.
Non, la carte ne peut donner son identité à la ville.
Non, la ville ne peut être encartée.
La ville est libre.
Et, parfois, interlope.
Ce qui la rend aimable, et, aimante.
Aucun désir ne peut jaillir d’une carte !
Mais de cela, Loulou n’en a cure !
Loulou, lui, a une identité. Et elle est forte, en plus d’être triple. Israélite, ariégeoise et algérienne, tout à la fois, cette identité est une sorte de mêlée qui, impatiente, exigeante, attendrait que le cuir, ovale, forcément ovale, y soit introduit.
L’identité fait plus que nous définir. Elle nous fait Homme. Elle nous rassure, en ce sens qu’elle nous assure que, quel que soit le chaos qui sourd à l’horizon, nous pouvons nous retourner sans craindre d’affronter le néant.
L’identité n’est pas qu’une simple ontologie. Sinon elle ne serait qu’une vulgaire
oothèque, indigne de nourrir un lézard.
Mais comment définir l’identité de Perpignan ?
Et comment imposer une identité, à cette ville retorse, qui se dérobe, telle du sable coulant entre les doigts ?
Jean-Marc Pujol avait voulu faire croire que Perpignan n’était qu’un reliquat de l’Algérie française.
Il avait bien réussi à convaincre Jean-Paul Alduy d’installer une stèle à la gloire de l’OAS. Une cérémonie une fois l’an, et quelques interviews récusant la thèse de l’organisation terroriste ne suffirent pas à créer l’engouement escompté. Les habitants ne s’identifièrent pas.
Trop loin, trop ancien.
Rester donc à Loulou à choisir entre le bethmale ou la Torah.
Curieusement, c’est la deuxième option qui est mise en avant.
On sent la méconnaissance de la faune locale.
Loulou commence donc, en décembre 2021, par célébrer Hanoukka, place Gambetta, celui qui déclara en 1875 « et l’État doit être laïque », face à la « très catholique » cathédrale. Une hanoukkia est donc installée, illuminée, et, célébrée lors d’une cérémonie œcuménique.
Tout le monde est là, sauf les musulmans. Mais comme il s’agit de gens distraits, la gauche locale n’a pas hurlé.
Elle a préféré s’humilier en vociférant sur la récupération politique de la religion. Une crèche chrétienne dans l’entrée de la mairie, silence ; un symbole juif en pleine rue, hurlements ! Oui, la gauche locale, illustre parfaitement la théorie des « 3 i » d’Albert Pike : Ignorants, Imbéciles, Intrigants. Certains feraient mieux d’aller se faire masser et de se taire. M’est avis que la route vers 2026 va être longue pour ces « certains ».
Mais Loulou a de l’ambition. Il a décidé de marquer l’histoire locale grâce à un musée dédié à la culture juive.
Comme Moshe Dayan observant Jérusalem, Loulou observe, de son œil perçant, Perpignan, et, sait que seule la culture assure la victoire.
Alors la ville va se doter d’un centre culturel Ariel Sharon. Celui-ci sera constitué de deux ailes, une aile Moise Narboni et une aile Menahem Hameïri. Comme ça, pas de jaloux.
Naïfs que nous sommes, nous aimerions bien que la mairie, en partenariat avec l’université Perpignan Via Domitia, publie un livre dédié à l’histoire de la communauté juive de la ville. Mais, on sent bien, que la culture, c’est du béton. Pas du papier noircie à l’encre de Chine !
Oui, Loulou, avec l’aide, parfaitement volontaire, des sinistres et stupides Carole Delga et Agnès Langevine, va nous faire oublier que Perpignan est catalane.
Et, pas simplement en licenciant des directeurs de théâtre.
Une politique culturelle volontariste, quelques millions d’euros sur la longueur, et, surtout, l’absence d’opposition, vous savez, ce truc composé d’un ramassis de gens à l’indigence intellectuelle rare, devraient permettre d’effacer une identité gênante.
L’uniformisation et l’appauvrissement de l’imagination, actions démarrées de longue date, favorisent les réélections.
Un jour, tranquillement, Perpignan oubliera qu’elle est Perpignan.
Il n’y a pas de mort plus atroce.
Voir aussi :
Devoir d'histoire:La prostestation de Saliège : les Juifs sont des hommes, 23 août 1942! interview d'Yves Bélaubre par Nicolas Caudeville
La reconquête du sens initial des mots est un acte révolutionnaire! par Nicolas Caudeville
commenter cet article …