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L'archipel Contre-Attaque

  • : L'archipel contre-attaque !
  • : Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel contre attaque en fait la chronique!
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  • Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel contre attaque en fait la chronique!
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17 juin 2025 2 17 /06 /juin /2025 10:16

 « Ne nous suicidons pas tout de suite, il y a encore quelqu'un à décevoir. »

Emil Cioran 


Dans un monde renversé, où le vrai n’est qu’un hoquet du faux, une maladresse vite corrigée par la grande machinerie du mensonge, il faut un courage grotesque, presque clownesque, pour oser sa lâcheté. Oh, quel panache dans cette couardise érigée en art ! Nous, les spectateurs émérites de la catastrophe, nous excellons à détourner les yeux, à polir notre apathie comme un bijou. Guy Debord, ce prophète d’un désastre trop évident, l’a dit : « Dans un monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux. » Et nous, avec une ferveur de termites, nous construisons l’autel de ce faux, en y sacrifiant jusqu’à la dernière bribe de sens.
Le vrai ? Une intrusion maladroite, une gifle importune qui trouble un instant la belle harmonie des illusions.

Il surgit, mal rasé, maladroit, et nous le chassons comme on repousse un mendiant qui gâche le décor.

Car le faux, lui, a de l’allure : il parade en costumes taillés sur mesure par des dirigeants dont l’incompétence n’est surpassée que par leur génie à nous faire avaler leurs fables. Ces marionnettistes malhabiles, ces apprentis sorciers aux mains tremblantes, orchestrent la débâcle avec une assurance qui force l’admiration. Et nous, que faisons-nous ? Nous applaudissons, ou plutôt, nous baissons la tête, car applaudir demanderait encore un effort.
« Avoir le courage de sa lâcheté », quelle devise sublime pour une époque qui a fait de l’inaction une religion !

Nous ne voyons rien, non par cécité, mais par choix, par cette délicieuse paresse qui nous dispense d’agir. Agir ? Quelle vulgarité ! Mieux vaut se draper dans le silence, ce manteau d’élégance pour les âmes qui ont renoncé. Les valeurs s’inversent, la justice devient une mascarade, la liberté un slogan pour publicités de supermarché, et nous, fidèles à notre vocation de complices, nous laissons faire. L’« étrange défaite » n’a rien d’étrange : elle est le chef-d’œuvre de notre passivité, le triomphe de notre refus de déranger le chaos.
Cioran, s’il daignait encore respirer notre air vicié, rirait jusqu’à l’asphyxie. Il nous regarderait, nous, les équilibristes du néant, danser sur le fil au-dessus de l’abîme, convaincus que notre immobilité est une stratégie.

Quelle farce ! L’histoire, ce tribunal qui ne pardonne pas, ne se contentera pas de juger les imposteurs et leurs cortèges de mensonges ; elle pointera un doigt moqueur sur nous, les lâches, les artisans du silence, ceux qui ont cru que fermer les yeux était une forme de sagesse.

Sagesse ! Le mot même est une insulte dans ce monde où la vérité, ce misérable moment, est piétinée par la foule des adorateurs du faux.Et pourtant, quelle volupté dans cette lâcheté ! Quelle jouissance à se savoir complice, à murmurer dans l’ombre : « Ce n’est pas ma faute, je n’ai rien vu. » Rien vu ? Allons, nous voyons tout, mais nous avons appris à aimer l’obscurité. Le tribunal de l’histoire ? Une formalité. Nous y siégerons, non comme accusés, mais comme spectateurs, toujours spectateurs, avec ce sourire satisfait de ceux qui ont su, jusqu’au bout, ne rien faire.
 

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