Il y a quelque-chose de Figaro chez le maire RN sans étiquette de Perpignan. Pas qu'il fut-ce un valet de comédie, (parce que dans cette ville catalane, il n'y coule pas la Seine, elle est traversée par la Basse) mais sa vérité sans masque se tient dans le monologue de Figaro :

"Forcé de parcourir la route où je suis entré sans le savoir, comme j'en sortirai sans le vouloir, je l'ai jonchée d'autant de fleurs que ma gaieté me l'a permis ; encore je dis ma gaieté, sans savoir si elle est à moi plus que le reste, ni même quel est ce moi dont je m'occupe : un assemblage informe de parties inconnues; puis un chétif être imbécile, un petit animal folâtre, un jeune homme ardent au plaisir, ayant tous les goûts pour jouir, faisant tous les métiers pour vivre, maître ici, valet là, selon qu'il plaît à la fortune ; ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux... avec délices !"

Hors Louis se trouve perdu comme Alexandre dans la première partie du film d'Yves Robert : "Alexandre le bien-heureux"! https://www.youtube.com/watch?v=4nlwZGDIl6w&ab_channel=lampadine

    Un rôle local qui éclipse ses ambitions nationales
    Habitué des arènes nationales, Louis Aliot a vu son élection à Perpignan en 2020 (53,1 % des voix) le ramener à une échelle locale. Une anecdote révélatrice : en septembre 2021, lors de la fête de la Saint-Jean dans le quartier populaire du Moulin-à-Vent, il a dû gérer une dispute entre riverains sur le volume de la sono, un rôle de "maire de proximité" loin des débats stratégiques qu’il menait au RN. Comparé à son discours enflammé à Fréjus en 2018 sur l’immigration, ce quotidien trivial pourrait le frustrer, lui qui visait plus haut.
    

Des résultats mitigés face à des défis colossaux
    Louis Aliot a promis de nettoyer Perpignan, littéralement et figurativement. En 2022, il a lancé une opération "ville propre" avec des amendes pour dépôts sauvages, mais en mars 2023, des habitants du quartier Saint-Mathieu ont bloqué la rue des Augustins avec des matelas et des frigos abandonnés pour protester contre l’état persistant des lieux. Malgré les 200 caméras installées (coût : 1,5 million d’euros), une fusillade au Vernet en juillet 2024 a fait deux blessés, soulignant les limites de ses efforts sur l’insécurité. Ces échecs locaux pourraient le désillusionner.
    

Une image écornée par les critiques
    Les polémiques locales ont jalonné son mandat. En novembre 2020, lors d’une cérémonie au Castillet pour les 80 ans de l’appel du 18 Juin, des militants écologistes ont hué son discours en brandissant des pancartes "RN = régression". En 2023, sa décision de fermer temporairement la piscine Europa, faute de budget pour réparations (estimées à 300 000 euros), a irrité les habitants du Haut-Vernet, qui y voyaient un abandon. Ces incidents, ajoutés à l’affaire de la newsletter RN envoyée aux agents municipaux en octobre 2024, pourraient l’agacer face à une hostilité locale tenace.
    

Un pouvoir limité par les institutions
    Son échec à la présidence de Perpignan Méditerranée Métropole en 2020 (36 voix contre 51) l’a privé d’un levier clé. Une anecdote locale : en 2022, son projet de réaménagement de l’avenue Torcatis, visant à revitaliser le centre-ville, a été retoqué par la métropole, qui a privilégié un plan de mobilité à Canet-en-Roussillon. De même, lors d’une réunion tendue en mars 2024 à l’Hôtel d’Agglomération, des maires voisins ont critiqué son idée de "navette fluviale" sur la Têt comme "folklorique". Ces revers pourraient le décevoir, lui qui voulait rayonner au-delà de Perpignan.
   

L’incertitude judiciaire comme ombre au tableau
    Le procès des assistants parlementaires, en cours depuis février 2024, pèse lourd. Lors d’une fête de quartier à Saint-Assiscle en décembre 2024, alors qu’il distribuait des galettes des rois, un habitant l’a interpellé : "Monsieur le Maire, vous restez avec nous ou pas ?" – allusion aux réquisitions du 19 novembre (18 mois de prison dont 12 avec sursis, inéligibilité). Ce rappel public, dans une ambiance censée être festive, pourrait accentuer son amertume face à un mandat menacé par des enjeux hors de son contrôle.

Louis Aliot pourrait être déçu de son poste à Perpignan par un quotidien prosaïque (dispute à la Saint-Jean), des promesses freinées (matelas à Saint-Mathieu, fusillade au Vernet), des critiques acerbes (huées au Castillet, piscine Europa), une influence limitée (Torcatis, navette) et une fragilité judiciaire (galettes à Saint-Assiscle). Ces anecdotes locales peignent un tableau d’un maire confronté à des réalités bien plus rugueuses que l’élan de sa victoire en 2020.