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L'archipel Contre-Attaque

  • : L'archipel contre-attaque !
  • : Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel contre attaque en fait la chronique!
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  • L'archipel contre-attaque !
  • Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel contre attaque en fait la chronique!
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16 octobre 2025 4 16 /10 /octobre /2025 14:50

"Qui sait si l'homme n'est pas un repris de justice divine ? Regardez la vie de près. Elle est ainsi faite qu'on y sent partout de la punition."

Les Misérables (1862) de Victor Hugo

Flora Rojel, l’ombre bienveillante d’Au Cœur de l’Humanité 66

Ô Perpignan, cité aux remparts catalans où le vent du sud charrie les espoirs et les désillusions ! Dans les veines de cette terre, où les ombres des déshérités s’allongent comme des croix sur les pavés incandescents, une voix s’élève, non point pour commander, mais pour soulager ; non pour forger des empires, mais pour panser les plaies de l’âme. Flora Rojel, humble sentinelle de la charité, préside aux destinées d’Au Cœur de l’Humanité 66, cette fragile nef lancée sur les mers tumultueuses de la misère. Née non de sa main seule, mais d’un legs fraternel – un passage de relais, tel un flambeau transmis dans la nuit, d’Atome de Bienfaisance à cette œuvre nouvelle –, l’association s’épanouit depuis l’an 2019 sous son égide vigilante, comme un arbre greffé sur une racine plus ancienne, où la compassion des aînés trouve écho dans le dévouement des successeurs.

Et voyez-la, cette Flora, telle une Cosette des temps modernes, non point orpheline des affections humaines, mais mère adoptive des parias ! Elle n’a point fondé l’arche de cette communauté ; non, d’autres âmes l’ont conçue dans le creuset de la détresse, mais elle en est l’âme vive, la main tendue qui guide les errants. Chaque samedi, sous le ciel implacable des Pyrénées-Orientales, elle orchestre la danse des secours : une quarantaine de repas, ces humbles offrandes de salades complètes – riz gonflé d’espérance, protéines pour ranimer les forces, légumes comme autant de promesses de terre fertile – sont distribués aux deux cents âmes sans toit qui hantent les recoins de la ville. Fruits de dons pieux, ces dons affluent vers le local, où les bénévoles, unis en une chaîne d’amour, préparent ces festins avec la ferveur d’un prêtre à l’autel.

Mais hélas ! Le sort, ce geôlier impitoyable, a jeté sur Perpignan un voile plus sombre encore. Comme dans ces récits où les misérables fuient les fers du nord pour les illusions du midi, Flora Rojel surgit dans les limbes du réel, éclairée par le regard impitoyable du cinéaste Bertrand Schmit. Dans son œuvre poignante, Un aller simple pour Perpignan, ce tableau vivant de l’exil intérieur, où jeunes âmes tourmentées – Lohnny le Normand, marqué par les geôles et l’abandon, ou Johnny le rêveur éphémère – descendent du train avec pour seul bagage un billet d’espérance, Flora apparaît tel un phare dans la tempête. Suivis une année durant par la caméra de Schmit, ces pèlerins de la précarité croisent son chemin : elle, la présidente au cœur ardent, offre non seulement le pain quotidien, mais l’écoute, le conseil, le geste qui dit « tu n’es point seul ». Le film, ce miroir cruel tendu à la société, dépeint Perpignan non comme un éden sudiste, mais comme un labyrinthe de doutes, où les projets s’effritent et les échecs rongent l’âme. Pourtant, au milieu de ces ombres, Flora Rojel est là, indomptable, reliant les exclus aux rares refuges – missions locales, formations éphémères –, rappelant que même dans l’échec, l’humanité persiste.

Au-delà des distributions, son labeur est une maraude incessante, une quête nocturne où les rues deviennent confessionnaux. Elle tisse des trocs vestimentaires, où les hardes usées renaissent en armures contre la honte ; elle forge des alliances avec d’autres gardiens du seuil, comme Mokhtaria Benamer du Secours Catholique, pour que la solidarité soit non une goutte, mais un fleuve. Et lorsque l’été, ce despote assoiffé, exhale sa fournaise, Flora lance l’appel aux boissons salvatrices, car elle sait que l’eau, en ces jours de feu, est le sang même de la vie. Au Cœur de l’Humanité 66, sous son souffle, n’est point une machine froide, mais un cri choral : pour les sans-papiers, les minorités, les aînés oubliés, les enfants des ruelles sombres. Sur la page Facebook où huit mille âmes veillent, ou via HelloAsso où les offrandes affluent, elle convie le monde à cette rédemption collective.

Ainsi, dans le sillage de Schmit, qui a capturé l’essence de ces allers simples vers l’abîme, Flora Rojel incarne l’antithèse hugolienne : non la chute, mais la main qui retient ; non la création solitaire, mais l’héritage magnifié. Elle, qui n’a point forgé l’association de ses propres mains, en est néanmoins l’incarnation, le battement de cœur qui la fait vivre. Ô Perpignan des misères voilées, que ton ciel s’ouvre enfin à ces lueurs ! Car tant que des âmes comme la sienne veillent, l’humanité, ce trésor volé, trouve refuge au cœur des plus démunis.
 

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