« Si vous ne voulez pas bosser, tel ou tel capitaliste, hé ben, restez chez vous. On en trouvera d’autres ! »
Jean-Luc Mélenchon, Montpellier, 12 février 2022
Blogueur médisant, c’est pas facile tous les jours. Entre les restos qui vous font payer le tiramisu, les insultes en tout genre, les moustachus imbéciles qui tentent d’organiser du cyberharcèlement, et, les gens étranges, mais alors vachement étranges, qui vous trouvent formidable, certaines journées sont longues.
Mais le pire c’est que, parfois, il faut se rendre dans des contrées nordiques, des régions balayées par un vent glacial, des pays battus par une pluie incessante.
Oui, ce dimanche 13 février 2022, j’ai dû aller à Montpellier. C’est dire, monsieur le juge, si je fais pas un boulot facile.
Donc, avec près d’une centaine de militants des Pyrénées-Orientales, je suis allé assister au meeting de Jean-Luc Mélenchon. Deux bus sont partis de Perpignan pour l’occasion.
Même si je suis plutôt road trip en solitaire, les voyages en groupe ça peut être sympa. On croise des ami·e·s, on discute avec des Gilets Jaunes qui, ho surprise, n’apprécient pas le leader minimo, et, finalement sans réelle surprise, on croise même des gugus de l’Alternative. C’est vrai que, bien qu’ayant passé les deux dernières années à insulter la FI, voire toute la gauche, ces gens se retrouvent le bec dans l’eau. La politique c’est sérieux. C’est même, diront certains, un peu plus que des massages à 2 000 €.
Bref le voyage était sympa.
Concernant les mesures sanitaires, si le passe vaccinal n’était pas obligatoire, la nourriture et les boissons étaient interdites à l’intérieur de l’Arena, et, à l’entrée, il fallait jeter son masque et récupérer un FFP2 (offert gracieusement).
Quand on pense que les mesures sanitaires seront fortement assouplies juste avant le premier tour, on a de quoi rire,…, jaune.
Question ambiance, c’était sympa aussi. Ça chante des « on est là, on est là, même si Macron le veut pas, nous on est là ». On a bien dû entendre l’Internationale une fois ou deux. Et on a la fanfare locale pour la musique, façon easy listening sudiste.
On n’est pas à un concert de black metal, mais il y a du bruit.
Le programme du meeting est simple : trente minutes de mise en bouche, assurées par des représentant·e·s du parlement de l’Union Populaire, présenté·e·s par Aurélie Trouvé ; puis une heure de Jean-Luc Mélenchon.
À 14h30, le patron entre en scène.
Sous les vivats !
Une heure c’est long, donc on ne va pas rentrer dans les détails. On va aller à l’essentiel. On va parler capitalisme. En même temps, ça répond à une remarque, voire une attaque, que Philippe Poutou a émise lors de la réunion publique du NPA, le samedi 12 février à Perpignan. Le détail de cette réunion est pour un autre billet. Un peu de patience, ça arrivera bientôt.
Mélenchon a déjà dénoncé le capitalisme à la française, qui n’est qu’un « capitalisme de bons à rien » dans le fond. Les Français, via leurs impôts, se retrouvent à financer des grands groupes, financiers ou industriels, totalement incapables d’investir, de créer de la richesse ou de la redistribuer. L’incompétence va jusqu’au point que, pour enrichir une partie, toujours plus limitée, des actionnaires, de nombreuses entreprises rachètent leurs actions. Or cette manœuvre, si elle est profitable pour une infime minorité, détruit le capital social de l’entreprise. Bon, remarquez, le capitalisme est basiquement antisocial, donc, tout ça est peut-être logique.
Pourquoi racheter des actions : https://youtu.be/6gbONovAl8A
Les ultra-riches, dont l’enrichissement s’accélère de plus en plus, sont aussi plutôt choyés par l’État. Entre les exonérations fiscales, les allégements de « charges », les aides directes, et, une véritable bienveillance dès qu’il s’agit d’évasion fiscale, on ne peut pas dire que ces gens-là ont des raisons de se plaindre.
Par contre, le Français moyen a des raisons de se plaindre, lui. Enfin, s’il reste des Français moyens. Parce que l’effondrement des classes moyennes, l’appauvrissement général, c’est bien ce qui a mis plus d’un million de Gilets Jaunes dans la rue, il y a à peine un peu plus de 3 ans.
D’accord, ça n’a pas été suffisant.
Mais c’est pas grave, on fera mieux la prochaine fois.
Promis juré !
Le programme de l’Union Populaire c’est, d’une certaine manière, mettre les capitalismes à contribution. Faut bien qu’ils bossent de temps à autre, ces gens-là.
Et qu’ils payent des impôts !
Certes, on n’en est pas encore à l’abolition du salariat, du patronat, et du capitalisme, mais ça va dans la bonne direction. Soyons optimistes et réjouissons-nous à l’idée que, d’ici peu, on va pouvoir tranquillement reparler « d’exploitation ». Parce qu’il faut être lucide, il est plus facile de mobiliser contre des « exploiteurs » que contre des « dividendes ». L’humain, y’a que ça de vrai.
Alors que retenir de ce meeting ?
Jean-Luc Mélenchon est le seul candidat anti-capitaliste qui peut passer la barre des 5 %. La barre des 10 % sera sûrement franchie. L’objectif reste donc une possible qualification au second tour. Cela reste possible, mais l’éclatement de la gauche n’aide pas. La porosité d’une bonne partie de l’électorat aux idées d’extrême droite, merci les médias des milliardaires, rend la tâche ardue.
Pour ceux qui veulent un programme marqué à gauche, avec une chance de peser dans la campagne, il n’y a pas d’autre choix.
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