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L'archipel Contre-Attaque

  • : L'archipel contre-attaque !
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24 janvier 2022 1 24 /01 /janvier /2022 14:20

« Les bourreaux qui se plaignent d’une écharde du manche de leurs haches… ils sont violents et s’étonnent de récolter une partie de leur violence… »

Commentaire sur la page Facebook de Thinkerview

 

« Par contre il faut concevoir l’État contemporain comme une communauté humaine qui, dans les limites d’un territoire déterminé – la notion de territoire étant une de ces caractéristiques –, revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime. Ce qui est en effet le propre de notre époque, c’est qu’elle n’accorde à tous les autres groupements, ou aux individus, le droit de faire appel à la violence que dans la mesure où l’État le tolère : celui-ci passe donc pour l’unique source du « droit » à la violence. »

Le savant et le politique, Max Weber, page 125, édition 10/18

 

En ce week-end du 22 et du 23 janvier 2022, deux événements forts ont marqué l’actualité des Pyrénées-Orientales.

D’abord, l’événement majeur, les défenseurs du patrimoine ont décidé de lancer une croisade contre le CD66, depuis Facebook. Celui-ci a, en effet, eu l’outrecuidance d’installer des panneaux de signalisation aux abords de l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa. Sacrilège ! Les panneaux étant inélégants (mais conforme à la norme NF ASCQUER), les défenseurs du patrimoine rateront leurs photographies. Rappelons qu’entre rater une photographie au smartphone et sauver des vies en limitant les risques d’accidents de la route, le défenseur du patrimoine choisira toujours la photographie.

Bon, je n’irais pas plus loin à ce sujet, les défenseurs du patrimoine ayant l’habitude de me menacer, avec des propos relevant souvent de l’apologie du viol. Mais que vous voulez, les cons ça ose tout, et les cons y’en a partout !

Je vous invite toutefois à aller faire un petit tour sur le site du gouvernement dédié à la sécurité routière : https://www.onisr.securite-routiere.gouv.fr/

 

Non, l’événement dont nous allons parler, bien que secondaire, est l’agression de Romain Grau.

https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/01/22/le-depute-la-republique-en-marche-romain-grau-pris-a-partie-tres-violemment-a-perpignan_6110594_823448.html

 

Romain Grau, qui ce coup-ci n’a pas eu le courage de se cacher dans les chiottes – cf. l’attaque de juillet 2019 https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/pyrenees-orientales/perpignan/video-perpignan-casseurs-attaquent-permanence-parlementaire-apres-rassemblement-gilets-jaunes-1704652.html –, est allé au-devant des manifestants et a pris quelques coups et gifles.

Mais ce n’est pas cette énième péripétie concernant celui-ci qui fut l’attaché parlementaire d’Henri Sicre et qui déclare que Renée Olive est son modèle – il l’affirme dans son livre http://blog.philippe-poisse.eu/index.php?post/2020/03/11/Le-Perpignan-que-nous-m%C3%A9ritons-tous- – qui est intéressant. Tout le monde a bien compris que, depuis l’élection de Macron, les insultes, menaces et actes de violence contre les élus ont explosé. Bon, tout le monde le sait, sauf Agnès Langevine qui ne cesse de se moquer dans la presse des deux gardes du corps de Louis Aliot. Quand je vous dis que les cons ça ose tout.

 

Non, ce qui est intéressant c’est la condamnation unanime de cette agression par toute la classe politique.

Et c’est là que la question de la légitimation de la violence se pose.

 

D’abord évacuons l’éléphant au milieu de la pièce. Si le petit monde politique condamne sans nuance la violence contre les élus, c’est parce qu’il sait qu’il peut prendre une baffe, ou pire, à tout moment. Il se sent donc directement concerné, voire agressé par procuration. Romain Grau prend une baffe, tous les élus du coin prennent une baffe.

L’élu est inviolable, faut que ça se sache !

« La personne du roi est inviolable et sacrée » disait l’article 2 du chapitre II de la Constitution de 1791. Vous vous souvenez de la suite ?

 

L’État, et ceux qui veulent participer du pouvoir politique, d’une manière ou d’une autre, ne peuvent tolérer la concurrence. On notera la façon dont les États modernes luttent contre la fausse monnaie et les cryptomonnaies. La puissance publique est tout à fait prête à sous-traiter la souveraineté monétaire à des banques privées, mais n’acceptera pas que des particuliers entrent dans la danse.

Et là, on en vient au trois sources de la « domination » que met en évidence Max Weber : la domination traditionnelle ; la domination charismatique ; la domination rationnelle-légale.

La classe politique alterne entre la domination traditionnelle et la domination rationnelle-légale, avec un petit délire du genre « je suis un leader charismatique » de temps à autres. Les partis sont là depuis toujours (appel à la tradition) et la loi définit leur rôle (article 4 de la Constitution de 1958). Vous rajoutez à ça que les élus de premier plan sont « charismatiques » et ont a fait le tour de la domination.

Bon, comme les politiques sont de braves gens, ils ont autorisé d’autres organisations à avoir droit à un petit bout de domination, et donc de violence légitime. On appelle ça, pudiquement, les corps intermédiaires. Les plus connus sont les syndicats.

Et ces corps intermédiaires sont souvent soutenus par les politiques lorsqu’ils commettent des actes violents. Pour une partie de la classe politique, généralement les partis de gauche, quand ils ne sont pas au pouvoir, la violence syndicale est « légitime ».

Lorsque les Goodyears sont condamnés la gauche hurle !

https://www.usinenouvelle.com/article/le-proces-des-goodyear-epilogue-d-un-gachis-social.N485904

La violence dispose alors d’une double légitimation : l’appartenance au petit monde politique – en suivant la définition que Max Weber donne à ce mot – ; la lutte contre un ennemi clairement identifié, avec, de préférence une lutte théorisée d’une manière ou d’une autre.

Bref, si vous êtes du sérail et que votre violence ne dépasse pas certaines limites (interdiction de tuer, de mutiler ou de violer), elle peut être légitime pour le système.

 

Manque de pot, les Gilets Jaunes, les anti-pass, et un paquet d’autres mouvements contestataires, à venir pour certains, ne font pas partie des corps intermédiaires. Il s’agit juste de vulgaires rassemblement de citoyens, plus ou moins hétéroclites, qui viennent gueuler au même endroit, au même moment. Ils ne peuvent donc être perçus par les pro-systèmes comme une force politique, capable de revendiquer la pratique d’une violence légitime.

Le tir de grenade lacrymogène qui a tué Zined Redouane était un acte de violence légitime, Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur, peut même minimiser les responsabilités de la police, et décorer l’officier commandant l’unité mise en cause.

https://youtu.be/tslv-bGaCNE
https://youtu.be/fxwmT-vf_0E

Par contre une gifle à Romain Grau, et tout le Landernau politique hurle à la mort.

Vous pensez « mépris de classe » et, pour certains, « racisme social » ?

Vous avez raison !

 

Le ridicule de cette délégitimisation de la violence de la part de simples citoyens, se regroupant dans un but éminemment politique (grosso merdo, c’est un peu la définition du mot « peuple », au sens politique), c’est qu’elle condamne, façon dommage collatéral, la violence que prônent ou valorisent certains mouvements politiques.

On a donc Louis Aliot, qui condamne fermement l’agression de Romain Grau et lui apporte son soutien, alors que celui-ci, nostalgique de l’Algérie française, refuse de reconnaître l’OAS comme une organisation terroriste et a organisé en mars 2021 une exposition photographique pour la réhabiliter. On attend mars 2022 et les soixante ans de l’indépendance de l’Algérie avec impatience.

https://www.francebleu.fr/infos/societe/a-perpignan-une-exposition-pour-un-hommage-aux-oublies-de-la-guerre-d-algerie-1616174046

On a aussi les élus PCF, se sentant sans doute menacés vu les politiques antisociales et/ou écocides du CD66, condamnant la violence contre les élus, alors qu’ils sont prompts à valoriser la Révolution, éléments de base de la pensée marxiste. Avec eux, en 1789, il aurait fallu demander une autorisation administrative pour prendre la Bastille.

 

Là où la classe politique, particulièrement médiocre dans le coin, montre son incapacité à penser la problématique « violence » est qu’elle oublie que la violence a toujours une cause. Quand le président de la République met en place des politiques pour « emmerder » une partie de la population il est logique que celle-ci réagisse mal. Le refus de la part des pro-systèmes, de tout bord et de tout poil, de mettre en place des politiques de réduction de la violence – ce que l’on appelle des politiques de désescalade – ne peut aboutir qu’à l’aggravation de la situation.

Les violences sociales, économiques, culturelles, que le système politique met en place et cautionne sont la cause première et principale des violences que subissent les élus. Sans changement en profondeur, voire, mieux, sans destruction du système actuel pour bâtir une nouvelle société, rien ne s’améliorera.

https://www.youtube.com/watch?v=BRZP-lYOMO8

 

Alors, la violence peut-elle être légitime ?

Sortie de la légitime défense, non !

Mais ça, ce n’est que mon avis.

 

 

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