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L'archipel Contre-Attaque

  • : L'archipel contre-attaque !
  • : Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel contre attaque en fait la chronique!
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  • Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel contre attaque en fait la chronique!
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29 janvier 2025 3 29 /01 /janvier /2025 00:42

"Notre seul programme, c'est de prendre le pouvoir!"

Benito Mussolini

  "  Le fascisme peut revenir sur la scène à condition qu’il s’appelle anti-fascisme."

Pier Paolo Pasolini – Lettres luthériennes (1976)

Chapitre 1 : L'ombre du mot

Le fascisme, ce spectre sans repos, hante les discours sans jamais se fixer. Il fut un temps où il avait une chair, un nom, une odeur âcre de poudre et de certitudes. Mussolini, Hitler, Franco : ces momies sanglantes qui ont donné au concept sa consistance première. Mais comme tout ce qui prétend à l’éternité, le fascisme s’est dissout dans la vulgarité de l’usage, il est devenu un fantôme commode, un épouvantail brandi par des tribuns à court d’arguments.

On le nomme, on l’invoque, et comme un dieu usé, il apparaît sous des formes trop diverses pour encore effrayer. Un dirigeant ferme-t-il trop fort la porte ? Fasciste. Un gouvernement raffermit-il ses frontières ? Fasciste. Le mot ne pèse plus rien, vidé de substance, flottant dans l’éther des imprécisions. Jadis précis, il est devenu impressionniste, tachiste, une étiquette que l’on colle à la paresse de la pensée.

Comme l’a écrit Cioran : « Nous sommes condamnés à la généralité dès que nous voulons exprimer une souffrance ou une idée intense. » Et ce mot, autrefois chargé de terreur et de poids, s’est dissous dans l’inflation des discours.

Chapitre 2 : Les docteurs du vide

L’académie, elle, s’échine à en fixer les contours, à en exhumer les squelettes conceptuels. Robert Paxton, Roger Griffin et d’autres tracent des lignes, définissent des seuils, posent des critères comme des remparts contre l’approximation. Dans leurs écrits, on retrouve des mots-clés : « ultranationalisme », « mobilisation de masse », « volonté de régénération ». Mais qui écoute encore les doctes dissections quand l’invective seule suffit à éreinter un adversaire ?

Dans leur solitude, ces chercheurs semblent s’acharner à préserver une flamme éteinte. Ils répertorient les formes passées, décryptent les déviations modernes, tout en sachant qu’à mesure qu’ils cataloguent, le monde avance sans eux. Le fascisme qu’ils décrivent n’est plus celui des masses, mais celui des esprits qui bricolent des idéologies à la carte.

« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil, » disait Cioran, et ces académiciens, lucides mais impuissants, scrutent une ombre qui leur échappe à mesure qu’elle se déforme.

Chapitre 3 : Les visages multiples

Le fascisme est mort mille fois et mille fois ressuscité, sous des masques si divers qu’il finit par n’être plus rien. Ce qui fut un projet totalitaire s’est transformé en injure de café du commerce, un mot-valise où s’engouffre l’ignorance satisfaite. Aujourd’hui, on voit fleurir des pseudo-fascismes à la mode, épars et déstructurés, empruntant quelques traits de l’ancien régime mais sans jamais en égaler la cohérence morbide.

L’ironie réside dans cette prolifération : le fascisme n’a plus besoin d’uniformes ni de marches triomphales. Son essence se dilue dans les discours, dans les comportements autoritaires banalisés, dans les pulsions identitaires de la modernité. Les visages du fascisme moderne se confondent avec ceux d’élus populistes ou de leaders de sectes. Il n’est plus un état, mais une humeur, une tentation qui sourd partout où la peur domine.

Cioran écrivait : « Quand on cesse d’être un homme, on doit se réfugier dans un rôle. » Et c’est bien là que réside le danger du fascisme moderne : dans ces rôles interchangeables, ces figures de façade qui masquent des ambitions démesurées.

Chapitre 4 : La dilution du langage

Dans l’effritement du langage, il y a une ironie tragique. On ne combat plus le fascisme, on le proclame, on le fabrique, on l’invente. Mais à trop crier au loup, on finit par dormir tranquille au milieu des fauves. L’usure des mots, cette érosion du sens, finit par désarmer la conscience. Dire « fasciste » ne provoque plus ni frisson, ni indignation, ni réflexion. Le mot est un soupir, une habitude, un réflexe sans consistance.

Et pourtant, dans cette banalisation, le danger s’insinue. L’indifférence au mot reflète une indifférence au phénomène lui-même. Nous ne voyons plus les germes, nous ne reconnaissons plus les mécaniques. Les dictateurs en herbe n’ont plus besoin de casques ni de chemises brunes, ils avancent masqués sous les auspices du pragmatisme ou de la nécessité.

« Le temps n’est qu’une trahison des possibilités, » écrivait Cioran, et ici, cette trahison se manifeste dans l’effacement progressif des signifiants. Chaque mot perd sa gravité, et avec lui, la capacité de nommer et de combattre l’horreur.

Chapitre 5 : Retour aux sources

Face à cette confusion, il est urgent de revenir aux sources, à l’histoire, aux analyses rigoureuses. Il faut relire les manifestes, étudier les discours, revisiter les archives. Non pour ressusciter le passé, mais pour démasquer ses échos dans le présent. Le fascisme, pour ce qu’il fut et pour ce qu’il est devenu, exige un regard impitoyable.

« Penser contre soi-même est le privilège des élus, » disait Cioran. C’est ce que nous devons faire : ne pas céder à la facilité, ne pas céder aux illusions d’un monde dénué de menaces. Car ce n’est qu’en reconnaissant les nuances, en comprenant les mécanismes et en refusant la paresse intellectuelle que l’on pourra éviter le retour de ce spectre, non pas comme caricature, mais dans toute sa dangereuse subtilité.

Nous devons désormais nous méfier non seulement des fauves, mais aussi de ceux qui, par leur indifférence ou leur opportunisme, leur préparent la cage dorée.

 

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