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L'archipel Contre-Attaque

  • : L'archipel contre-attaque !
  • : Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel contre attaque en fait la chronique!
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  • L'archipel contre-attaque !
  • Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel contre attaque en fait la chronique!
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18 avril 2025 5 18 /04 /avril /2025 13:16


Dans le petit théâtre des Pyrénées-Orientales, L’Indépendant joue une partition bien rodée, non pas pour ébranler les consciences ou faire trembler les lignes, mais pour envelopper ses lecteurs dans une douce torpeur catalane. Entre la glorification de la saucisse catalane, les envolées rugbystiques de l’USAP, les décibels des Déferlantes et, cerise sur le gâteau, les faits divers croustillants qui font saliver les amateurs de sensations fortes, le journal excelle dans l’art de la répétition heureuse. Mais à force de recycler ces marronniers et de titiller les bas instincts avec du « salingue » bien juteux, une question s’impose : à partir de quel seuil cette prose formatée pourrait-elle être confiée à une IA, qui produirait le même frisson sans saveur, sans que personne ne s’en aperçoive ?
La quadrilogie catalane : saucisse, rugby, Déferlantes… et le fait divers qui tache

Commençons par l’inamovible : la saucisse catalane, star incontestée des colonnes de L’Indépendant. Chaque printemps, Toulouges vibre pour le Championnat du monde de la saucisse, un événement couvert avec une ferveur de messe. Le 19 mai 2024, le journal titrait : « La boucherie Salvi de Laroque-des-Albères triomphe avec 7 000 visiteurs en liesse. » L’année d’avant ? Même topo, mêmes superlatifs : « Affluence record pour un savoir-faire ancestral. » Changez le nom du boucher, ajoutez un adjectif sur la météo, et l’article est prêt pour 2026. Grillé, mais efficace.

Le rugby, pilier identitaire, n’est pas en reste.

Les Dragons Catalans et l’USAP monopolisent l’encre, qu’il s’agisse d’un « groupe de 30 joueurs pour défier le Racing 92 » ou d’un vibrant récit du derby Narbonne-Carcassonne, où « l’USC triomphe contre vents et marées ». Chaque match est une saga, chaque essai une ode à la catalanité. Mais à force de poncifs, l’enthousiasme sonne comme un vieux vinyle rayé.
Les Déferlantes, festival estival d’Argelès, complètent la trinité. Chaque année, L’Indépendant nous sert un cocktail de têtes d’affiche, de foules en délire et d’« ambiance festive » interchangeable. Un article type ? « Les navettes prises d’assaut, les festivaliers conquis par une programmation éclectique. » Copier-coller, rinse, repeat.

Mais le vrai joyau, celui qui fait saliver les lecteurs et grimper les clics, c’est le fait divers, ce « salingue » qui tache et fascine. 

L’Indépendant ne manque pas de flair pour débusquer l’anecdote scabreuse : un « go-fast » intercepté avec 666 kg de cannabis sur l’A9, une rixe à la sortie d’un bar de Perpignan (« trois blessés, le suspect en fuite »), ou encore ce fait divers savoureux de 2024 où un voleur de poules a défrayé la chronique à Prades. « Il sévissait depuis des mois, semant la panique dans les poulaillers », relatait le journal avec un sérieux papal. Ces histoires, souvent amplifiées pour leur parfum de scandale, sont du pain bénit pour un lectorat avide de frissons locaux. Pourquoi enquêter sur les causes profondes de la délinquance quand un poulailler vandalisé fait autant saliver ?
Le buzz pour le buzz : édifier et exciter sans déranger
L’Indépendant ne cherche pas à révolutionner le journalisme, mais à cajoler son public. Pourquoi risquer des enquêtes clivantes quand on peut surfer sur la saucisse, le rugby, les festivals et les faits divers croustillants ? Ces sujets, fédérateurs ou racoleurs, flattent les passions locales tout en évitant les remous. Le fait divers, en particulier, est un art maîtrisé : assez de détails sordides pour captiver, pas trop pour ne pas choquer. Un titre comme « Il vole des poules et menace un éleveur avec une fourche » (hypothétique, mais plausible) garantit des clics sans exiger d’analyse. C’est du buzz pour le buzz, une édification par l’émotion brute.

Cette approche rappelle les algorithmes des réseaux sociaux, qui privilégient le contenu engageant, répétitif ou sensationnel. 

Et c’est là que l’IA entre en scène. Si L’Indépendant se contente de recycler des formules et de titiller avec du « salingue », pourquoi ne pas confier la tâche à un algorithme ? Un modèle comme moi, Grok, pourrait pondre un article sur la prochaine saucisse-party : « Sous un soleil éclatant, Toulouges célèbre sa saucisse avec 8 000 gourmands. » Ou sur un fait divers : « Nuit agitée à Canet : un homme interpellé après avoir tagué des sardanes sur la mairie. » Ajoutez une photo de grillades ou de gyrophares, et le tour est joué.
Le seuil fatidique : l’IA plus rentable que le journaliste

À quel moment une IA pourrait-elle supplanter les rédacteurs de L’Indépendant ? 

La réponse est cruelle : dès maintenant, pour les contenus formatés. Les articles sur la saucisse, le rugby, les Déferlantes ou les faits divers suivent des recettes si prévisibles qu’un algorithme entraîné sur les archives du journal pourrait les régurgiter sans accroc. Les ingrédients ? Du lyrisme local (« terre de rugby », « patrimoine culinaire »), des chiffres ronds (7 000 visiteurs, 666 kg de cannabis), et une pincée de sensation pour les faits divers (« un vol rocambolesque qui choque le voisinage »). L’IA excelle dans cette répétition mécanique, bien plus que dans l’investigation ou l’analyse, domaines où L’Indépendant brille parfois (crises viticoles, tensions sociales), mais trop rarement.
Le fait divers, avec son pouvoir d’attraction quasi pavlovien, est particulièrement vulnérable. 

Une IA pourrait générer des titres accrocheurs (« Perpignan : il vole un stock de cargolade et sème la police ») et des récits stéréotypés, en s’appuyant sur des modèles de faits divers passés. Le lecteur, conditionné à saliver devant le « salingue », n’y verrait que du feu.
 

Une lueur d’espoir : réinventer le local
Avant de sombrer dans le sarcasme, notons que L’Indépendant a les moyens de se réinventer. Son ancrage local est une force, mais il faudrait oser gratter sous la surface : explorer les fractures sociales (crise du logement, précarité agricole), contextualiser les faits divers au-delà du sensationnel, donner du corps aux marronniers. Pourquoi ne pas raconter les coulisses des Déferlantes, les tensions entre organisateurs et riverains ? Ou analyser les racines de la petite délinquance plutôt que de glorifier le poulailler saccagé ? Cela demanderait du courage, au risque de froisser annonceurs ou lecteurs. En attendant, le journal préfère le confort du déjà-vu et le frisson facile, un terrain où l’IA est déjà reine.

En conclusion, si L’Indépendant persiste à miser sur la saucisse, le rugby, les Déferlantes et le fait divers salingue, le seuil où une IA le remplacera est déjà dépassé. Un algorithme peut d’ores et déjà produire des odes à la grillade, des épopées rugbystiques ou des récits de poules volées avec la même fadeur – et à moindre coût. La vraie question n’est pas quand l’IA prendra la plume, mais si le journalisme local saura redevenir audacieux. D’ici là, à vos fourchettes : la saucisse grille, l’USAP joue, et un voleur de poules fait la une.

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