"Nous fûmes les Guépards, les Lions ceux qui nous remplaceront seront les chacals et des hyennes... Et tous, Guépards, chacals et moutons, nous continuerons à nous considérer comme le sel de la Terre."
Le Guépard (1959) de Giuseppe Tomasi di Lampedusa
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Ah, ils veulent encore changer quelque chose... Comme si ça allait changer la misère, la débâcle, la chienlit du quotidien... Les élus du conseil départemental des Pyrénées-Orientales, eux, ils ont des idées, des ambitions, des plans... Toujours des plans... Il faut un nouveau nom, il faut que ça sonne, que ça claque ! Les Pyrénées-Orientales, trop long, trop fade, pas assez vendeur... Alors ils veulent consulter, interroger, donner la parole au bon peuple... Comme si le bon peuple n'était pas trop occupé à essayer de boucler ses fins de mois, à suer sous un soleil trop lourd, à gérer les urgences du quotidien...
Ah, les urgences ! Parlons-en des urgences... Parce que pendant qu'on disserte sur le nom du département, elles, elles s'accumulent, elles étouffent, elles prennent toute la place... Des factures qui s'entassent, des dettes qui rattrapent, des administrations qui croulent sous la paperasse, des situations critiques qu'on laisse traîner... Mais non, il faut prioriser, il faut "hiérarchiser" ! Alors on classe, on trie, on jauge l'urgence de l'autre comme on pèse des carottes sur un marché... "Vous êtes en difficulté ? Mais est-ce bien urgent, madame ?"...
Et pendant ce temps-là, les élus organisent des consultations citoyennes... Ah, le grand mot, la belle trouvaille ! Faire semblant d'écouter, de démocratiser la mascarade... "Pays Catalan" qu'ils disent... "Pyrénées Méditerranée" d'autres rétorquent... Et nous, nous dans tout ça ? Nous qui vivons ici, qui trimons, qui vieillissons sur des routes trouées, dans des villes assoupies sous la chaleur, entre la mer et les montagnes, entre le désœuvrement et l'oubli...
Alors ils changeront le nom, peut-être... Et après ? On résoudra les problèmes du quotidien ? On arrêtera de fermer des classes, de rogner sur tout ? Ah non, faut pas rêver... On aura de belles pancartes flambant neuves aux entrées de ville, de belles brochures pour les touristes... Mais pour nous, le fond du problème restera le même : toujours cette sensation étouffante d'être les oubliés d'une farce qui nous dépasse...
Allez, buvons, trinquons, rions un peu... Il paraît qu'ils nous demandent notre avis, profitons-en avant qu'ils ne fassent ce qu'ils ont décidé dès le départ...