"Là-bas
Tout est neuf et tout est sauvage
Libre continent, sans grillage
Ici, nos rêves sont étroits
Oh-oh, c'est pour ça que j'irai là-bas"
JJ Goldman
/image%2F0934504%2F20250126%2Fob_7d2fd3_image-5.jpg)
**La métamorphose des ondes : Ici et Là-bas**
Lundi 6 janvier. L’heure est 5 heures du matin, mais le temps lui-même vacille, se plie et se tord dans un éclat de brume. La radio, cette entité invisible, s’éveille comme une créature aux mille voix. Ce jour-là, France Bleu est morte et renaît, non pas dans un cri mais dans un murmure insidieux : *Ici*. Trois lettres, comme un symbole alchimique, gravées sur l’éther.
Mathilde, technicienne au regard trouble, ajuste son casque. Mais ce casque pèse aujourd’hui. Il est lourd d’une matière absurde, presque liquide, comme si le cuivre avait fondu sous une chaleur invisible. Les ondes autour d’elle vibrent et se croisent, devenant une toile mouvante qui encercle le studio. Dans la pièce, Jérôme, l’animateur, répète le nouveau jingle. Ce jingle, étrange, hypnotique, s’étire dans l’air comme un camembert trop mûr, fondu sur le bord d’une table.
« *Ici*, » répète-t-il, la voix rauque. Mais où est *Ici* ? Et si *Ici* n’était qu’un mirage, un mirage qui absorbe tout ce qui l’entoure ? Mathilde, dans une transe inexplicable, se surprend à penser que ce mot n’est pas un nom mais une énigme. Chaque fois qu’elle cligne des yeux, le studio lui semble à la fois plus vaste et plus oppressant. La console qu’elle manipule se déforme, devient un insecte aux pattes lumineuses, capturant des fréquences fugitives.
---
Pendant ce temps, loin de là, Lina se prépare dans le studio international de RFI. Non. Pas RFI. Plus maintenant. *Radio Là-bas*. Ce nom, ce concept, cette idée... il s’infiltre dans son esprit comme une goutte d’encre noire tombée dans un verre d’eau claire. Les notes de son émission, autrefois limpides, semblent soudain lui glisser entre les doigts. Une question la hante : si *Là-bas* devient le nouveau nom, alors où se trouve le *ici* de ses auditeurs ? *Là-bas* pour qui ? Pour quoi ?
Les murs du studio se resserrent autour d’elle. Les microphones, ces objets familiers, se transforment en appendices inquiétants, comme des trompes d’éléphants s’étirant à l’infini. Elle pense à ses auditeurs dans le désert, dans les forêts tropicales, dans des îles perdues où le temps lui-même semble se dissoudre. *Là-bas* n’est qu’un mot, mais un mot capable de briser l’espace et de le reconstruire dans une forme nouvelle. Lina se sent aspirée, happée par cette absurdité. Son propre reflet dans la vitre lui semble devenir celui d’une autre femme, une femme qui n’a jamais existé.
---
À Paris, dans les bureaux glacés et brillants de la Maison de la Radio, Céline Pigalle contemple le lever du jour. Son visage est un masque parfait de sérénité, mais dans son esprit, une danse furieuse prend place. « Ça change tout et ça ne change rien », a-t-elle déclaré. Mais elle sait que ce n’est pas vrai. Tout change. Tout a toujours changé. Même les noms les plus solides sont des illusions. France Bleu, RFI… Ces mots n’ont jamais été que des squelettes en papier mâché. Et maintenant, *Ici* et *Là-bas* s’insinuent comme des parasites, redessinant les contours mêmes de ce qu’est une radio.
Dans un coin de son bureau, une vieille antenne oubliée semble la fixer. Céline détourne les yeux. Elle ne veut pas voir les formes étranges qui se dessinent dans l’ombre. Dehors, la Seine reflète un ciel déformé, un miroir brisé où les nuages ressemblent à des horloges molles prêtes à s’effondrer. Dans un coin de sa tête, une question tourne en boucle : et si le changement des noms n’était qu’un prétexte ? Une façade derrière laquelle se cache une vérité que personne n’est prêt à affronter ?
---
Ce matin-là, les ondes hertziennes sont en ébullition. Des millions de postes de radio se connectent, aspirant les sons comme des bêtes affamées. Les auditeurs n’entendent que des voix. Mais ces voix ne sont-elles pas autre chose ? Chaque mot, chaque fréquence transporte avec lui une distorsion subtile, un grain d’étrangeté que personne n’arrive à nommer.
À mesure que la journée avance, *Ici* et *Là-bas* s’entrelacent, se répondent, se confondent. Et dans ce chaos, une vérité simple émerge, mais personne ne veut l’entendre : les noms ne sont que des clés, et derrière ces portes, c’est le vide qui vous attend.
---
commenter cet article …
/image%2F0934504%2F20250126%2Fob_568da4_screenshot-2025-01-26-at-14-32-34-radi.png)
/image%2F0934504%2F20200831%2Fob_8f5850_118476221-1777479299059553-73515159099.jpg)
/image%2F0934504%2F20230227%2Fob_986460_331411537-1405583200212308-10202407802.jpg)
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2FteJsffEXbMw%2Fhqdefault.jpg)