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L'archipel Contre-Attaque

  • : L'archipel contre-attaque !
  • : Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel contre attaque en fait la chronique!
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  • Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel contre attaque en fait la chronique!
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1 octobre 2022 6 01 /10 /octobre /2022 22:03

Novembre 2019, dans un état total de désœuvrement je me retrouve à aller assister à un conseil communautaire de Perpignan Méditerranée Métropole (PMM). Le problème quand on est trop fauché pour s’acheter de la drogue, c’est que l’on peut finir par adopter des comportements extrêmes, comme, et c’est mon cas, s’intéressait au fonctionnement du monde réel.

Des fois je me dis que je devrais prendre du protoxyde d’azote, c’est moins dangereux. Et c’est euphorisant. Tout l’inverse du réel.

Bref, je me retrouve, en haut du grand amphithéâtre de l’Hôtel d’Agglomération, à écouter des élus « vaticiner comme des poivrots »* sur des problèmes déjà réglés. De temps à autre, j’explique, sommairement, de quoi ils débattent à la tête de liste de l’Alternative, venue découvrir en quoi consiste le métier de branleurs,…, heu, pardon, d’élus, et assise à côté de moi.

Tout le monde s’ennuie, quand soudain, semblant crever le ciel, et venant de nulle part, surgit un débat sur la création d’une SA HLM pour gérer le parc de logements sociaux de PMM tout en respectant la loi Elan. L’office HLM a besoin d’un partenaire pour remplir les critères imposés par la nouvelle loi, le débat porte vite sur les montages financiers que proposent les différents candidats à la fusion.

https://www.lindependant.fr/2019/11/15/lagglo-de-perpignan-negocie-pour-fusionner-son-office-hlm,8543801.php


Et là, en plein milieu des débats, une bombe est lâchée. Et une belle.

L’un des candidats propose 25 millions d’euros, ou à peu près, d’apport financier sous forme de compte courant d’associé.

La tête de liste, qui n’a pas vraiment de compréhension du monde de l’entreprise, ne comprend pas pourquoi je suis choqué par cette annonce.

La plupart des élus non plus.

Seul Louis Aliot, qui s’y connaît un peu en gestion d’entreprise, un passé d’avocat d’affaire sans doute, monte au créneau et critique ce montage.

Il ne sera pas entendu.


L’affaire aurait pu en rester là. J’en ai touché un mot ou deux pendant les municipales à des membres de l’Alternative, rien ne s’est passé.

Le problème ne vient pas de la complexité du dossier, plutôt du fait que ce sont les plus pauvres qui trinquent dans cette affaire. Et les plus pauvres, la petite bourgeoisie de province, elle s’en branle.

Et certains s’en branlent, au point d’en avoir « la bite écarlate », comme on dit dans HollyBlood.**

Mais, bon, quelque part dans un recoin sombre, au fond de notre esprit, on a gardé le dossier en réserve. Au cas où.

Juin 2022, campagne législative, porte à porte à Saint-Mathieu, avec la candidate NUPES sur la 3e circonscription des PO. Au détour d’une rue on rencontre un jeune homme habitant les HLM Saint-Mathieu. Il nous fait part de son mal-être, qui s’exprime notamment par des scarifications, causé principalement par les conditions d’insalubrité que connaissent les HLM Saint-Mathieu.

Des travaux sont programmés, mais ils traînent. Et la raison invoquée est, évidemment, le manque d’argent.


Vous pouvez voir la vidéo sur Facebook :

https://www.facebook.com/100080647576885/videos/434357968028362

Et comme on est de gauche, qu’on pratique la pensée divergente, qu’on analyse le monde réel sans concession, qu’on est pas encarté dans un parti politique, et qu’on est pas des branleurs***, on a réfléchi au sujet, on a demandé à des spécialistes de la gestion d’entreprise****, et on est arrivé à une conclusion : et si les intérêts des comptes d’associés étaient utilisés pour financer les travaux, notamment de rénovation énergétique ?

Bon, arrivé là, il va bien falloir définir ce que sont les comptes courants d’associés, à quoi ils servent, et, surtout pour ceux qui défendent les plus pauvres, où est le problème.


Basiquement, un compte courant d’associé est un prêt qu’un associé accorde à une société dont il possède des parts sociales. Ce prêt, encadré par la loi, donne droit à un versement annuel d’intérêts et doit être remboursé intégralement à la fin d’un période fixée librement par les associés.

Le capital peut être remboursé en une ou plusieurs fois.

La durée du prêt, le montant du capital, le taux d’intérêt applicable, sont négociés par les associés et sont précisés dans le « pacte d’associés ». Ce document, extra-statutaire, n’est pas public, seuls les associés le connaissent. Le détail de la gestion des comptes courants d’associés est donc opaque.


Dans le cas de la fusion entre l’ancien office d’HLM et un partenaire de droit privé, l’utilisation de cet outil financier permet à PMM d’être majoritaire en nombre de voix au conseil d’administration, sans devoir apporter le gros du financement de la SA HLM.

Ce système permet aussi de rémunérer un associé sans passer par le versement de dividendes. Politiquement on évite ainsi un possible scandale, les dividendes passant mal dans l’opinion publique.

Dernier intérêt, un peu vicieux, certes, est qu’avec un taux d’intérêt bien pensé, le taux de marge de la SA HLM peut être très faible, et, ainsi, les élus locaux, majoritaires dans la société, pourront se plaindre publiquement des difficultés de gestion, tout en réclamant des aides en tout genre, alors que les associés récupéreront pas mal d’argent.

À titre d’exemple, si un associé « prête » 25 millions sur 10 ans, à 3 % (ce qui est un taux élevé mais pas franchement scandaleux vu l’état du marché financier), et en considérant que le capital sera remboursé en 10 fois, la société doit payer chaque année 2,5 millions de capital et 750 000 € d’intérêts. En clair, dans cet exemple, la société doit réaliser, avant paiement de ces frais financiers, un bénéfice de 3 250 000 €, tous les ans, bénéfice intégralement reversé au titulaire du compte courant d’associé en question.


Évidemment cet argent est ponctionné sur les loyers des locataires des logements sociaux. On parle d’HLM, issus du parc publics, il ne faudrait pas l’oublier.


Les riches se font du fric, dans une opacité totale, organisée par la loi, sur le dos des pauvres. Une fois encore, me direz-vous. On devrait être habitué.

Mais comme on est de gauche, et pas juste pendant les élections et les soirées en ville, et qu’on a un minimum de vision du monde, on s’insurge.

C’est pas que ça change grand-chose, mais on a une éthique.

Et on s’y tient.

Et la gauche dans tout ça ?

Elle se tait !

Logique, et pour deux raisons. Particulièrement simples.

D’abord, pour lutter contre un problème il faut connaître et comprendre ce problème. Et pour ça, il faut travailler. Et le travail est une valeur de droite. La gauche locale ne s’intéresse pas à la réalité du terrain, elle préfère s’intoxiquer avec des véridictions imbéciles. La défaite en chantant, diront certains.

Ensuite, les personnes qui se font plumer dans ce genre d’affaire appartiennent aux classes les plus pauvres, celles qui vivent dans la misère. D’aucuns diront qu’il s’agit du lumpenprolétariat. Et ces gens-là ne votent pas pour la gauche. Ils ne votent tout simplement plus. Le foutage de gueule est allé trop loin, ils n’en ont plus rien à foutre des beaux discours et des grandes théories. À la rigueur, l’honneur pourrait leur parler. Mais honneur et politique sont antinomiques. La gauche n’a rien à foutre des plus pauvres, elle ne parle qu’aux classes moyennes. Là aussi, la défaite en chantant.


Pourtant, il y aura des choses simples à faire. Qui relèvent principalement d’une réponse législative.

D’abord, les pactes d’associés incluant des collectivités territoriales doivent être publics. Il s’agit d’argent public après tout.

Ensuite, les comptes courants d’associés doivent apparaître clairement dans les documents comptables dès qu’il s’agit d’une société avec une activité liée aux politiques sociales. La transparence doit être de mise.


Outre la demande de transparence au niveau local (kikou Bob Vila), un vrai changement autour de ces outils de financement des entreprises doit avoir lieu.

Pour l’instant, localement, personne ne porte ce type de revendication. Ce qui est logique, vu la méconnaissance du réel des partis politiques du coin.

Les riches s’enrichissent ; les pauvres crèvent la gueule ouverte ; la gauche… la gauche, tout le monde s’en branle.

Une fois n’est pas coutume, on finira sur une petite note personnelle, à l’usage des neuneus qui hurlent « révolution ! » à tout bout de champ.

Huey P. Newton et Frantz Fanon, parmi d’autres, considéraient que la révolution ne peut se produire sans l’aide du lumpenprolétariat. Pour ceux qui n’aiment pas les marxismes, on rajoutera Bakounine à la liste.

Sans cette frange, de plus en plus importante, de la population, aucun changement radical ne peut avoir lieu.

Si vous voulez gagner, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

* Merci Philip K. Dick


** Il s’agit d’un film espagnol parodiant les films d’horreur de ces dernières années. Si vous pouvez ne pas le voir, n’hésitez pas. On a déjà souffert pour vous, c’est amplement suffisant.


*** D’un certain point de vue, on pourrait dire que,…, mais là n’est pas la question.


**** Oui, j’ai un pote de droite qui est un spécialiste de ces sujets et qui est toujours de bon conseil

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