
Né à Auch, Jacques Quéralt, bretteur de l'esprit, nous a quitté ce matin: je perds un de mes mentors. Une personne que j'avais rencontré , il y a longtemps en 1991 , du temps où je joué un évêque dans une fresque médiévale sur les rois de Majorque. Je l'avais revue en 1997 à Barcelone, il était derrière un voyage de jeunes d'ici en Catalogne sud "Descubrim à Catalunya" . J'avais l'habitude de squatter son bureau rue Rabelais où il s'occuper de la communication au service de la culture de la ville de Perpignan. Il m'a présenté de nombreuses personnes du monde artistique et intellectuel. Je tiens de lui notamment 3 choses, la passion pour la culture locale et sa promotion, le goût de faire se rencontrer les gens entre eux et qu'il leur advienne des projets, le goût pour la culture catalane et sa langue, et enfin de passer directement le téléphone à des protagonistes qui n'y sont pas préparées. Longtemps j'ai traîné dans ses guêtres comme Adso de Melk, le novice de Guillaume de Baskerville, le héros du "nom de la Rose" d'Umberto Ecco sur les traces de prestigieux nord catalans , comme le rabbin Hameïri https://fr.wikipedia.org/wiki/Menahem_Hame%C3%AFri ou le chanoine d'Elne Miquel Giginta...Il avait des réflexions comme des messages codés , comme dans son livre d’aphorisme en catalan: "le petit lait ne me soûle pas" , du genre "Nicolas, sais tu pourquoi à Perpignan, il y a beaucoup d'avocats d'affaire? Non Jacques, je ne sais pas. Parce que, il y a beaucoup d'affaires!" Sur le moment , je ne voyais là qu'une lapalissade, je ne compris bien plus tard que sa signification réelle !
Je vous ai concocté rapidement les premiers hommages qui lui ont été rendu dans l'ordre l'écrivain catalan ascendance russe blanche J Daniel Bezsonoff Montalat, le journaliste Michel Lloubes et l'artiste catalan exilé en Suéde Frédéric Iriarte , puis une interview de lui et du chanteur Pére Figuère , successivement en français et en catalan, sa présentation des œuvres en liège du même Pére Figuère et enfin à 7mn 45 d'un hommage au sculpteur José Bonhomme, le regard que celui-ci portait sur l'artiste et l'homme. L'archipel contre attaque fera suivre d'autres hommages de ceux qui l'ont connu et aimé. Peut-être que ce personnage mystérieux emporte avec lui le nom de l'assassin de Kennédy et s'il était ou pas un gent du Mossad
"En ce triste dimanche, je viens d’apprendre la mort de Jaume Queralt. La Catalogne perd un poète et moi je perds un ami.
Une fois ou deux par semaine, j’aimais explorer une nouvelle province du monde de Jacques Queralt en parcourant son blog. Les amants des Muses doivent connaître ce poète, auteur d'une œuvre riche et variée. Poète, professeur d'arts plastiques, journaliste chargé de la rubrique culture à l'Indépendant, historien inspiré de la Retirada, biographe de Jordi Barre.
Son blog nous tenait au courant de l'actualité catalane, aussi bien picturale que musicale ou littéraire. Un festival d'alacrité. Queralt connaissait tout le monde. Léo Ferré avec qui il refaisait le monde, Roger Peyrefitte avec qui il devisait sur Voltaire. Passionnément attaché à la Gascogne où s’étaient réfugiés ses parents en 1939, amant de la terre catalane, Queralt s’intéressait à tout. A la Kabbale, aux troubadours, à la chanson, aux romanciers mexicains, aux théologiens danois. Auteur d’une poésie subtile, exigeante et parfois populaire au sens noble du terme, Jacques saisissait au bond toutes les métaphores .
Alternant le français et le catalan, avec quelques incursions en castillan du siècle d'or, Queralt, se déguisant avec des rubans d'hétéronymes comme Arsène Lupin, confiait ses enthousiasmes et commentait la correspondance du commandant François de Fossa, compositeur perpignanais romantique connu comme le ' Haydn de la guitare.' Sauver de l'oubli ce musicien constituait une mission sacrée pour Jaume Queralt. Comme Emil Cioran, il avait bu toutes les liqueurs de la mélancolie, mais il le cachait avec la classe d'un Cary Grant, un humour poignant qui devait tout à la discrétion. Queralt aurait peut-être aimé être optimiste, mais il était allé si loin dans sa connaissance de la vie qu’il s’était réfugié dans une citadelle idéale, où durant les nuits d'été, les perroquets savants imitent tous les bruits du quartier qu’ils ont captés dans la journée."
EL MESTRE JAUME ENS A DEIXAT !
"Jacques Queralt fut une des figures de l’Indep à la trop belle époque de la rue Emmanuel Brousse. Lorsque je l’ai connu, il y passait souvent plus qu’il n’y stationnait, mais à chaque fois on savait qu’il était là. Et bien là. Car il se remarquait « mestre Jaume ». Parfois pontifiant, avec cette ironie à fleur d’une barbe qui blanchit très tôt, parfois murmurant, pour capturer l’attention, mais jamais sans se prendre au sérieux et nombreux étaient ceux qui se demandaient qui était lard et qui était cochon lorsqu’il avait parlé. Non pas qu’il veuille écraser tes orteils de pauvre terrien en s’envolant dans quelque démonstration superbement hyperbolique, non, c’était au naturel, comme le thon, ou le ton, sa façon d’être là, avec toi ou les autres… Personne ne s’est jamais ennuyé à l’écouter ou à le lire, fallait parfois décrypter, c’est tout, question d’habitude.
J’aimais beaucoup sa façon de clôturer ses phrases, ou plutôt ses envolées, par une sorte de petit rire retenu qui voulait dire « ben voyons, élémentaire, non ? » Désormais il ne rigole plus, ou peut être, au contraire là où il est il se fend la poire et le fromage entre lesquels nous nous sommes souvent trouvés, à côté de quelques bouteilles et avec plein de monde autour… Quel merveilleux convive il était alors, et quel splendide journaliste il fut."
"Je viens d´apprendre la disparition de Jacques Quéralt. Un ami, un collègue, un journaliste et professeur de renommée, entre-autres à l´École des Beaux Arts de Perpignan. Critique d´art à la réputation internationale et aux connaissances profondes, il m´a, non seulement, appris la rétorique et l´argumentation sur l´art mais aussi a participé et soutenu ma carrière artistique pendant bientôt 40 années. Plusieurs de ses essais et rencontres sont mémorables et émanent d´un homme humble et de plein de savoir. Je suis très peiné de son départ et il restera dans mon cœur et dans mon esprit et cela à jamais. Jacques tu m'as accueilli et écouté comme peu de personnes l´on fait."