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L'archipel Contre-Attaque

  • : L'archipel contre-attaque !
  • : Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel contre attaque en fait la chronique!
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  • Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel contre attaque en fait la chronique!
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17 septembre 2021 5 17 /09 /septembre /2021 05:46

Certains matins, tu préférerais rester au lit. T’as trouvé une Bene Geserit https://www.youtube.com/watch?v=04aw2ymZedw pour te faire des massages thaïlandais, avec ses petits pieds. De toute façon la météo est pourrie, vaut mieux rester au chaud, à écouter des mantras.

Et puis le téléphone sonne.

– Salut Leto, c’est Shaddam IV à l’appareil. Ça te dirait d’aller sur Arrakis, histoire de récolter de l’épice ?

Évidemment, t’es pas réveillé, t’as pas eu tes deux thermos de café, t’as pas les yeux en face des trous, alors tu réponds :

– Bien sûr !

Et là, t’es bien dans la merde.

Parce qu’entre les Harkonnen et les Fremen, le coin, c’est pas jojo. Et puis le commerce interplanétaire, c’est un vrai métier.

Et de toute façon, pour paraphraser Homère et Simone Weil, le héros c’est juste un cadavre, traîné dans le sable, à l’arrière d’un char.

Si vous avez de la chance, vous serez mort avant d’avoir la gueule enfoncée dans la boue.

 

À Perpignan, on fait pas trop dans l’épice, mais on a des trucs à moissonner. Notamment dans l’immobilier. Et puis ici, les élus, les candidats aux élections, et toutes les choses qui gravitent autour, façon scathophagidae, n’ont ni idées ni programmes, juste des lubies. Alors Jean-Marc Pujol, en 2014, eut une lubie. Le retour de la faculté de Droit en centre-ville !

Le président de l’université d’alors, un beau gosse doublé d’un bolos, ne fut pas dur à convaincre. Jean-Marc Pujol n’eut qu’à lui dire : « je vire les Harkonnen et les Fremen, heu…, pardon, les habitants je voulais dire ; la mairie paye pour tout, y compris le ménage, pendant 99 ans ; et avec la gentrification, on va toucher gros. »

À la fac, tout le monde a trouvé l’idée géniale. Ils ne savaient juste pas pourquoi.

On est à Perpignan, après tout, la ville où plus c’est stupide, plus ça plaît à l’élite locale.

 

L’astuce résidait dans le fait que la mairie finançait le projet dans le cadre du Contrat de Ville et du NPNRU. En clair, le bousin coûte dans les 30 millions d’euros, mais la mairie ne participe au financement qu’à hauteur de 10 ou 15 %. L’ANRU finance le gros des dépenses.

La combine est simple, les partenaires publics payent les lubies du maire, et l’université peut frimer avec un campus tout neuf.

Sur le papier tout le monde y gagne.

Sur le papier seulement.

Parce que le Contrat de Ville et le NPNRU, c’est d’abord du social. Surtout à Saint-Jacques !

L’ANRU et l’État imposent des obligations en termes de politiques sociales.

Et là, ça coince.

Sérieusement !

 

De 2014 à 2020, le discours de la municipalité d’alors est passé d’un optimisme imbécile à la méthode Coué résignée. En 2014, lors de la campagne municipale, le retour en centre-ville allait sauver Perpignan. En 2015-2016, on déclarait que l’on allait mettre en place des partenariats avec les commerces, histoire que les étudiants y dépensent leur argent. En 2017 on affirmait que 10 millions ça n’était pas assez, alors on lança une Phase 2, en injectant 20 millions de plus. En 2018 on paniqua face à la révolte des habitants qui, de façon prévisible, réclamaient leurs parts, et, surtout, du respect. En 2019 et 2020, on en était rendu à des « une fois les travaux terminés, le quartier sera transformé et les conditions de vie s’amélioreront. »

Le duo Pujol/Amiel fut balayé en 2020 par les Sardaukars de Louis Aliot.

Louis Aliot repris alors le dossier, sans vraiment proposer de changements majeurs, faute de connaître la situation et d’avoir une vision claire pour la ville.

En août 2021, lors d’une réunion publique, houleuse, Louis Aliot finit par lâcher qu’il ne voyait pas comment le Campus Mailly pouvait avoir un effet social positif sur le quartier. L’absence de projet social, connu de tous les intervenants depuis 2016, était enfin assumée en public.

 

Si du côté de la mairie on assume un possible échec, on rappelle aussi que l’université doit mettre en œuvre des programmes d’actions sociales visant à favoriser l’intégration du Campus Mailly et de ses étudiants dans le quartier Saint-Jacques.

Interrogé, lors de sa conférence de presse de rentrée de septembre 2021, sur la question de l’action sociale en direction des habitants de Saint-Jacques, Yvan Auguet, le nouveau président de l’université, n’a pas su répondre sur le fond. Nous serons d’accord avec lui sur le fait qu’il est difficile de lancer des projets tant que les étudiants ne sont pas arrivés en ville. Mais le projet a été lancé en 2014 ; il a failli capoter en 2018 lorsque la tentative de démolition de l’îlot Puig, manquant

de provoquer des émeutes urbaines ; depuis 2019 les travaux de la Phase 2 sont en cours. Depuis plus de 7 ans personne n’a été capable de proposer quoi que ce soit pour répondre au premier et principal objectif qui a guidé ce projet à 30 millions d’euros : redynamiser le centre-ville !

 

Si l’incurie de la mairie de Perpignan ne surprend plus personne depuis bien longtemps, l’incapacité de réfléchir sur les problèmes sociaux locaux de l’université surprend encore. À croire que tous ces braves gens ont eu leurs diplômes dans des pochettes surprises.

 

Ouais, certains matins, faut rester au lit !

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