Qui a bien eu l’idée, saugrenue pour les uns, géniale pour d’autres, d’accoler à la jeune station de Port-Barcarès l’image d’un paquebot de 100 mètres de long ? Acheté par la SEMETA à une compagnie grecque en 1967, le Lydia sera définitivement emblématique de l’artificialisation de la côte catalane.
Transporté jusqu’à Port-Barcarès, et échoué au beau milieu de la plage, le nouveau « paquebot des sables » y sera aménagé à grands frais (au vu de sa vétusté) pour animer les nuits estivales (restaurant, bars, boite de nuit, boutiques) (9)… avant d’être revendu en 1974 au groupe japonais SEIBU pour en faire un casino et connaître des « heures de gloire » au grand dam de la Cour des Comptes qui fulminait contre cette vente qu’elle considérait avoir été consentie à perte !
Le Lydia restera pour tous le symbole de ces années-là. Quand sur la côte languedocienne, la station balnéaire de la Grande-Motte peut aujourd’hui à juste titre symboliser un aménagement touristique atypique, largement boisé avec un cadre de vie intégré dans la conurbation montpelliéraine, excroissance résidentielle de Montpellier, nous n’avons pour notre part comme référence que ce vieux rafiot naufragé. Hier orgueil (mal placé) de tout un département, aujourd’hui incongruité, il résume à lui seul le regard à porter sur le bilan d’un aménagement bétonné, architecturalement bas de gamme, qui ne résiste pas lui non plus pas aux morsures du Temps.
(tiré de 50 ans de combats pour l'environnement en pays Catalan. Editions Talaïa 2010 pages 24- 25)