Il faut é-li-mi-ner ! Tout le monde se souvient de ce slogan hygiéniste et publicitaire du siècle dernier dont le but avoué était d'inviter à la consommation d'une eau minérale. Il semblerait que certains chefs d'établissement l'aient pris totalement à leur compte. Un exemple fameux: le collège La Garrigole dans le quartier de Saint-Assicle à Perpignan, où la Principale (c'est à dire la directrice), vient de faire disparaître l'option latin. Personne n'a rien vu. Comment s'y est-elle pris ? Très simplement: en le demandant à l'inspecteur d'académie, lequel s'est empressé d'accepter. Et voilà ! Certains esprits chagrins ont pourtant rappelé que l'enseignement du latin formait les consciences, apportait une culture nécessaire et participait de la mixité sociale. Sans le latin, disent-ils, le collège devient un ghetto que les bons élèves (qui ont les moyens) n'hésitent plus à quitter du fait de la disparition de la carte scolaire. Mais c'est sans compter sur le zèle des serviteurs actuels de l'État. Faites des économies, dit le ministre, et vous obtiendrez votre prime au mérite. Dans ce monde où l'intérêt particulier l'emporte sur l'ensemble des autres valeurs aujourd'hui démodées il n'en fallait pas plus pour décider la Principale du collège La Garrigole à demander la suppression du seul poste de lettres classiques. Un travail de destruction commencé l'an passé avec la perte de l'option latin en sixième, poursuivi l'an prochain avec la division par deux des horaires et on peut le supposer, l'arrêt définitif dans deux ans. Le moment sera venu alors d'accuser des professeurs de ne pas user de pédagogie innovante et d'avoir eux-mêmes coulé leur propre navire. Tout ceci se déroule d'ailleurs dans une ambiance bon enfant. Les parents d'élèves très attachés à la pratique du latin ne sont pas informés tandis que les membres du conseil d'administration probablement sourds, aveugles et muets n'ont toujours pas témoigné la moindre opposition à cette décision.
DGH* : Dotation globale horaire.
Ensemble des heures de cours accordée par l'inspecteur d'académie. L'utilisation et la répartition entre les différentes matières est décidée à l'intérieur de l'établissement dans le cadre de son autonomie pédagogique.