Après le rap, les musulmans, le carnaval, le rugby, voilà que la députée Ségolène Neuville s'en prend au cinéma...
L'objet du délit (moral) ? Le dernier film de François Ozon présenté en compétition à Cannes « Jeune et jolie », et plus particulièrement des propos tenus par le réalisateur de « Huit femmes » et « Sous le sable ».
En effet, celui-ci a osé déclarer en marge de la présentation de son film qui traite du sujet que : « la prostitution est un fantasme commun à de nombreuses femmes ». Des propos que notre députée accompagnée de deux de ses collègues socialistes – bien mal inspirées – ont considéré comme « sexistes » dans un communiqué virulent et injuste contre le cinéaste.
Bien que nous soyons habitués aux dérapages idéologiques de la députée Neuville qui a déjà demandé l’interdiction d’un concert du rappeur Orelsan à Perpignan (suivant l’exemple de l’ancien député UMP des Pyrénées-Orientales Daniel Mach) ou la suppression de subventions à une association d’entraide sociale considérée comme trop religieuse, ou plutôt trop musulmane (suivant l’exemple des anciennes municipalités FN), il est toujours navrant de constater le sectarisme et l’attitude réactionnaire chez une élue se disant progressiste car de gauche, mais qui ressemble finalement à Christine Boutin dans certains de ses propos…
Il aurait été opportun que la députée Neuville procède à une séance de rattrapage des films de François Ozon (il est incroyable d’accuser de sexiste le réalisateur du film « Potiche »…) et lise les propos du cinéaste in extenso, avant de réagir de manière précipitée et aussi sotte. Le réalisateur a en effet expliqué à plusieurs reprises que le thème central de son film est l’adolescence car « Le cinéma français idéalise cette période, mais moi, je ne suis pas nostalgique de mon adolescence, c'était un moment difficile à passer », la prostitution y étant accessoire : « Ça aurait pu être autre chose, comme l'anorexie, la drogue ou le suicide. Ce que je voulais, c'était montrer qu'à cet âge, vous prenez conscience d'une certaine force et violence en vous, que vous avez du mal à exprimer. Vous poussez vos limites et pour cette fille ça passe par le sexe ».
Cependant, si la députée Neuville est réellement choquée par les propos et le film de François Ozon, on peut lui conseiller de tenter de faire interdire « Belle de jour » de Luis Bunuel dans toutes les cinémathèques du Monde et célébrer un autodafé du roman de Joseph Kessel...