“La moitié du monde ne sait comment l'autre vit. ”
De François Rabelais
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En ces temps modernes, au creux des vallées pyrénéennes et dans la plaine de Roussillon, s'épanouit une classe bourgeoise que l'on pourrait croire sortie tout droit d'un conte de Gargantua. Non point pour leur grandeur d'âme ou leur érudition, mais pour leur propension à la rente et à l'oisiveté, qui fait frémir jusqu'aux pierres des chemins de montagne.
Chapitre Premier : De la Rente, Mère de Tous les Vices
Là-bas, sous le ciel bleu azur et les vignes dorées par le soleil, s'érige une économie fondée sur la douce et langoureuse rente. Oh, combien sont-ils ces bourgeois dodus et rosés, qui, tels des Oblomov en vacances perpétuelles, se vautrent dans la douceur du farniente ! Ils ne créent point, ils ne produisent point ; ils accumulent seulement, comme le bon père Grandgousier accumulait les tonneaux de vin.
Mais hélas, cette accumulation n'est point festive. Elle est d'une mollesse telle que même Pantagruel en aurait rougi d'ennui. Car ici, l'on ne s'épanouit pas dans l'exubérance ou la folie créative, mais dans un lent et sûre déclin intellectuel, une décadence que l'on pourrait surnommer la "ploucification" de l'esprit.
Chapitre Second : De l’Éducation par la Paresse
Nos bons bourgeois, assis sur leur tas d'or, se croient les Phénix de la culture et de la science. Mais en vérité, leur érudition n’est qu'un mirage, une coquille vide. Ils discourent longuement sur les bienfaits de la tradition et de la gestion avisée des biens, mais leur discours n'est qu'un ramassis de lieux communs. Leur âme, à force de ne point travailler, s'est engourdie.
Cette inertie les conduit à projeter leur propre bassesse sur le peuple. Celui-ci, dans sa simplicité et son bon sens inné, préserve ce que Orwell appelait la "décence commune". Le peuple vit, rit, travaille, crée. Pendant que la bourgeoisie s'enorgueillit de ses immeubles et de ses terres, le peuple cultive la vie dans son essence la plus authentique.
Chapitre Troisième : La Projection du Plouc
Et voilà que nos bourgeois, pris dans leur marasme intellectuel, regardent le peuple d'un œil condescendant. "Ah !", disent-ils, "voyez ces ploucs, ces rustres ! Ils ne comprennent rien à la subtilité de notre mode de vie." Mais en vérité, n'est-ce pas eux qui, dans leur oubli de la création et de l'effort, sont devenus les véritables ploucs ?
La "ploucification" qu'ils redoutent tant n'est qu'un miroir de leur propre déchéance. Ils craignent ce qu'ils sont devenus : des êtres dénués de vigueur intellectuelle, s'accrochant à une économie stagnante, à des traditions sans souffle.
Chapitre Quatrième : La Résurrection par la Décence
Mais tout n'est pas perdu ! Comme Gargantua, qui sut revenir à la vie simple et joyeuse, nos bourgeois peuvent eux aussi retrouver la voie de la décence commune. Il leur suffit de délaisser un instant leur goût pour la rente, de se plonger dans le travail créatif, de renouer avec l’énergie du peuple.
Car la véritable noblesse n'est point dans l'accumulation, mais dans la création, l'effort, et le partage. Que nos bons bourgeois des Pyrénées-Orientales se souviennent que l'esprit de Rabelais, fait de rires, de découvertes et de banquets, n'est point mort, mais attend juste d'être réveillé par un sursaut de vie.
En attendant, que le peuple continue de danser et de chanter, car lui au moins, conserve cette décence commune, ce trésor inégalé qui fait le sel de la vie.
FIN
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