"En fait, je n'ai qu'une prétention, c'est de ne pas plaire à tout le monde. Plaire à tout le monde, c'est plaire à n'importe qui. "
Sacha Guitry
Ah, mes amis, imaginez la scène ! Dans le cœur battant du Palais de Justice, la salle d’audience est plongée dans une atmosphère si lourde qu’elle ferait rougir un roman d’Agatha Christie. Là, depuis des semaines, l’on juge un beau monde : vingt-cinq membres éminents du Rassemblement National, pas moins ! Et parmi eux, nul autre que Marine Le Pen en personne, ainsi que son complice et compère, Louis Aliot. Tout ce beau monde est accusé d’avoir orchestré, selon les termes sévères de l'accusation, une véritable machinerie de détournement de fonds européens. Ah, chers amis, 6,8 millions d’euros – une bagatelle, tout de même !
Et voici que nous sommes en ce fameux mercredi 13 novembre.
Après des semaines de suspens, de rebondissements et de preuves brandies comme les épées d’un opéra-comique, le parquet s’avance pour prononcer ses réquisitions. C’est un peu comme au théâtre, n’est-ce pas ? Quand on voit le rideau se lever et qu’on devine déjà le sort des personnages, on est suspendu au souffle du procureur, qui d’ailleurs en profite. Il attaque d’une voix ferme : ce fameux « système », comme il l’appelle, aurait, figurez-vous, été conçu pour le seul bénéfice de la famille Le Pen. L’occasion, bien sûr, d’octroyer quelques petites récompenses aux amis et aux parents, rémunérés sur le dos des institutions européennes, sans, semble-t-il, trop se tracasser de justifier leurs rôles. La famille, ça se soutient !
Puis, le procureur déroule ses peines : pour Louis Aliot, il demande trois ans d’inéligibilité et six mois de prison ferme. Rien que ça !
Quant à Marine Le Pen, le détonateur est enclenché : cinq ans d’inéligibilité, trois ans de prison avec sursis et, comble de l’outrage, 300 000 euros d’amende. À ce tarif-là, on se dit que c’est presque du spectacle : chaque sentence qui tombe fait frémir l’audience.
Mais l’accusation n’en a pas fini : la procureure, Louise Neyton, est inarrêtable. Elle dévoile les preuves – *mails*, *iMessages*, tout y passe – montrant bien que, d’après elle, le centre de ce réseau, eh bien c’est Marine, Marine elle-même. « Tout passait par elle », martèle-t-elle. La salle est figée, et d’aucuns se demandent si ce n’est pas là le coup de grâce.
Évidemment, Marine Le Pen ne reste pas sans réagir, oh non !
Elle se déclare victime, persécutée, figurez-vous. La voilà même qui déclare, sans un battement de cils, que ce procès n’a d’autre but que de la priver de l’élection présidentielle. Dramatique, n’est-ce pas ? Mais le parquet, imperturbable, poursuit son numéro de haute précision : chaque prévenu, chaque rôle est épluché. Julien Odoul, autrefois assistant parlementaire, est décrit comme un « christique » – rien de moins ! – mais pour le parquet, le cas est limpide : c’est un beau paravent de montage financier, et la procureure, d’un sourire narquois, laisse entendre qu’il n’en est pas à son dernier mensonge.
Le grand dénouement approche, et la salle, suspendue à chaque mot du procureur, écoute enfin la requête finale : l’inéligibilité de Marine Le Pen, sa sortie forcée du jeu politique. Le public frémit. Si le tribunal suit le parquet, c’est tout un pan de l’arène politique qui s’effondrera.
Le rideau ne tombera qu’au printemps, lorsque le jugement sera rendu, mais d’ici là, la salle bruisse déjà des commentaires, et les prévenus repartent avec, dans les yeux, la trace indélébile de ce procès qui pourrait bien changer le paysage. Ah, chers amis, la justice, parfois, a des allures de théâtre – et nous n’en sommes, n’est-ce pas, que les spectateurs !
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