"Hello papi, mais qué pasa? (Mais qué pasa?)
J'entends des bails atroces sur moi
À c'qu'il paraît, j'te cours après? (Oh yeah, yeah, yeah)
Mais ça va pas? mais t'es taré, oh ouais"
Djadja
Chanson d'Aya Nakamura
Mes chers lecteurs, préparez vos ventres et vos esprits ! Voici une farce politique digne d’être inscrite dans les chroniques de Gargantua. Emmanuel Macron, président et Picard d’origine, a déclaré devant les académiciens que les langues régionales, ces joyaux multicolores de notre patrimoine, seraient des « instruments de division ». Ô quelle malepeste ! Le voici, tel un apothicaire de Villers-Cotterêts, concoctant une potion d’unité nationale à base d’amnésie culturelle et de centralisme.
Macron : le Picard qui renie sa Picardie
C’est à croire que notre président aurait troqué les sons vibrants du picard pour les sonorités lissées de la technocratie. Serait-ce là un cas d’oubli volontaire, ou bien un reniement savamment orchestré ? Les mauvaises langues diront qu’il s’efforce de faire table rase pour incarner une France uniforme, à l’image d’un Paris centralisateur. Mais au fond, cette posture rappelle les rodomontades de Panurge : il s’effraye des patois comme d’un vent contraire qui ébouriffe son château de cartes hexagonal.
Et pourtant ! Ces langues, loin de diviser, nourrissent l’esprit, comme le bon vin nourrit le gosier. Elles chantent l’histoire de nos provinces, transportent des savoirs et des imaginaires que le français académique, aussi raffiné soit-il, ne peut contenir seul.
Quand Sartre aurait ri (ou pleuré) devant cette mauvaise foi
Ah, si Sartre était encore parmi nous ! Que dirait-il de cette proclamation ? Ne verrait-il pas là un exemple éclatant de mauvaise foi ? Macron, tel l’être-pour-soi, cherche à nier les langues régionales pour asseoir une unité imaginaire. En vérité, les patois ne sont pas des divisions ; ils sont des expressions d’une liberté collective, cette multiplicité de voix qui fait de la France un espace d’invention et non de conformisme.
Macron semble vouloir enfermer la langue française dans une essence fixe, un roc d’être-en-soi, ignorant qu’elle est aussi un fleuve vivant, enrichi par les ruisseaux des idiomes locaux. Comme Gargantua s’empiffrait de mets variés, le français devrait s’abreuver des accents gascons, des consonances alsaciennes, et des tournures bretonnes pour devenir plus savoureux.
Le paradoxe du président : jacobin ou défenseur de la diversité ?
Et quel festin de contradictions ! Souvenons-nous : en 2021, Macron célébrait les langues régionales comme un « trésor national », promettant qu’elles seraient protégées et valorisées. Mais voilà qu’en 2023, sous les plafonds dorés de l’Académie française, il joue les Robespierre des patois, décrétant leur nuisance pour l’unité nationale. Un peu plus, et l’on attendrait qu’il leur taille une guillotine linguistique.
Le président serait-il alors un Gargantua moderne, cherchant à dévorer toutes les identités locales pour les digérer dans un grand récit national ? Ou bien est-il un simple Panurge, effrayé par les moutons multilingues qui bêlent hors de la bergerie centralisée ? Peut-être oscille-t-il entre ces deux rôles, un homme partagé entre le festin de la diversité et la diète de l’uniformité.
Pour en finir avec le mythe de la division
Mais posons la question : les langues régionales divisent-elles vraiment ? Ou bien Macron projette-t-il sur elles ses propres angoisses ? Celles d’un président tiraillé entre un héritage jacobin et les aspirations d’une époque qui valorise la pluralité ? Car en vérité, ce ne sont pas les langues qui divisent, mais bien l’incapacité à les écouter.
Chaque patois porte une poésie, une mémoire, une vision du monde qui enrichit le tout sans le fragmenter. Quand un Breton parle breton, il n’affaiblit pas la France ; il la renforce en ajoutant une corde à son arc culturel. En réduisant ces langues à des menaces, Macron trahit une vision étriquée de la nation : celle d’un espace où l’unité serait synonyme d’uniformité.
Macron, un homme du renoncement linguistique ?
En fin de compte, Macron incarne peut-être la grande tragédie de notre temps : un homme né au cœur de la diversité régionale, mais aspiré par le maelström de la globalisation. Il se renie lui-même, abandonnant le picard pour se fondre dans une abstraction universelle. Mais l’universalité sans racines n’est qu’un mirage, un château de sable que la marée des cultures locales balaiera tôt ou tard.
Festin ou famine ?
Alors, monsieur le président, il est temps de choisir : serez-vous Gargantua, festoyant des saveurs linguistiques de la France, ou Panurge, fuyant l’altérité ? Vos discours contradictoires ne font qu’alimenter l’angoisse existentielle de la nation. Mais rassurez-vous, les patois, loin de détruire votre palais centralisé, l’enrichiront d’échos pluriels. Et peut-être qu’un jour, dans un moment de grâce, on vous entendra déclamer en picard : « Ami, remplis ton verre et savoure la richesse de nos terres ! »