Le 7 novembre, en pleine Diada de Catalunya Nord, nous avez l'opportunité de suivre deux interviews captivantes entre Esteve Vaills et Marie Costa, diffusées en direct sur L'Archipel Contre-Attaque. Cette émission radio s'est tenue dans un contexte particulier, car cette année, l'anniversaire du Traité des Pyrénées, signé en 1659,
Le Traité des Pyrénées, qui a scellé la séparation historique de la Catalogne en deux après 25 ans de guerre entre la France et l'Espagne, continue de diviser. 365 ans après sa signature, ce traité fait toujours débat parmi les militants catalanistes, particulièrement dans le Roussillon, où l’on déplore les conséquences de cette partition : une région marquée par le chômage, un sentiment de déclin et une situation politique complexe, surtout depuis que Perpignan est tombée dans le giron de l'extrême droite. En revanche, la Catalogne du sud, sous la gouvernance de Barcelone, semble prospérer, renforçant le fossé entre les deux parties de la Catalogne historique.
Dans ce contexte, l’archipel de l’émission permis de revenir sur les débats autour de l’identité catalane et de la mise en location les pratiques culturelles et politiques
Lors de l’interview d’Esteve Vaills, qui se trouvait en direct du Cochon Hardi, une discussion s’est ouverte sur son rapport personnel à cette identité.
Loin d’être une simple réflexion sur le passé, ce débat a pris une tournure plus philosophique, lorsqu'Esteve a évoqué les perceptions que l'on peut avoir de l'identité catalane et les enjeux culturels transfrontaliers à travers une lecture contemporaine de la "caverne de Platon". Cette allégorie, de l'idée de liberté à la critique de la société, a servi de point de départ pour une analyse des relations complexes entre les cultures et leurs histoires partagées.
Le dialogue a ensuite glissé vers des sujets plus, spécifiques comme les les émeutes de Perpignan de 2005, un évènement qui, selon Esteve Vaills, n’a jamais véritablement eu lieu, mais qui symbolise un moment où la tension sociale était prête à exploser. Une vision critique de ces événements a émergé, en soulignant que, bien que perçues comme violentes, ces émeutes ont été davantage un symptôme de problèmes sociaux sous-jacents, que l’on a tenté de politiser pour des raisons bien différentes.
De son côté, Marie Costa, en direct de sa mairie d’Amélie-les-Bains, a abordé la question des mouvements régionalistes et transfrontaliers dans le cadre des universités d'été d’Unitat Catalana.
La discussion a pris un tour plus politique lorsqu’elle a parlé de la situation actuelle de la Catalogne Nord et des tensions croissantes avec l’État français. Marie a également évoqué les difficultés auxquelles se heurtent les militants pour promouvoir la langue et la culture catalanes, ainsi que les obstacles juridiques comme la décision du tribunal de Montpellier contre les maires des Pyrénées-Orientales qui souhaitent utiliser le catalan dans les conseils municipaux. Elle a également abordé les demandes des militants régionalistes d'extrême droite pour plus d'autonomie, un sujet sensible au sein du mouvement catalaniste.
Ces deux interviews ont offert une perspective enrichissante sur la manière dont l'identité catalane se vit de part et d'autre de la frontière et ont permis d’illustrer les divergences internes au sein du mouvement catalaniste, entre ceux qui prônent un modèle plus radical et ceux qui misent sur un rapprochement pacifique et pragmatique.
Ces réflexions viennent rappeler que, plus de trois siècles après la signature du Traité des Pyrénées, les tensions autour de l’identité catalane et de sa place dans l’État français restent vives, notamment à Perpignan, où l’histoire se mêle aux enjeux politiques contemporains.
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