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L'archipel Contre-Attaque

  • : L'archipel contre-attaque !
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28 mai 2015 4 28 /05 /mai /2015 12:22
 SILENCE par l'écrivain Henri Lhéritier

Depuis que j’écris, je me heurte à cette difficulté qui n’est pas tant l’art de trouver le mot adéquat, celui qui coule de source, n’a nul besoin d’adjectif et qu’aucun autre mot ne peut remplacer, j’y réussis parfois, ce n’est pas non plus l’emploi d’un verbe dont la précision rend l’adverbe inutile, pas plus que l’invention d’un rythme ou d’une couleur, mélancolie ou allégresse, qui sont le plus souvent du domaine du fortuit, non, ma grande interrogation est : comment dire le silence dans le champ de la littérature ?
Il existe la virgule, elle marque une pause, le point virgule qui force la durée de cette pause, le point, silence temporaire plus impérieux ou encore les points de suspension, hésitation ou doute. Ces symboles, les uns comme les autres, ne qualifient pas le silence et ne précisent en rien sa durée, ils sont seulement des arrêts, extérieurs à la littérature, ils n’ont pas plus de sens qu’une consonne isolée au milieu d’une page. Quelle est la force d’invention d’un point ou d’une virgule, vers quel imaginaire envoient-ils ?
Cesser d’écrire serait une solution. Surtout pour un type comme toi, ricane un ami, lorsque j’évoque ce problème. Je sais ce qu’est le silence, j’exerce régulièrement cette non activité, lui réponds-je, et si les moments de vide me sont difficiles à supporter, ma vie est plus souvent silence que mots, mais ce que je veux trouver, à l’intérieur même de la littérature, c’est justement un moyen d’exprimer ce silence auquel les musiciens savent donner une durée, les sculpteurs une forme, les peintres des couleurs, alors qu’aucun écrivain, à ma connaissance, n’a été capable lui inventer une existence littéraire.
C’est une tâche bien vaniteuse de m’en préoccuper. Qui suis-je pour imaginer que je pourrais un jour trouver une réponse à cette question ?
Un matin, cependant… Un artiste n’est rien s’il ne rencontre pas un consommateur de son art qui réinvente sa création.
C’est plus sensible encore dans la littérature qui n’est ni images, ni sons, et qui laisse au lecteur la liberté de les produire, celui-ci devient co-auteur. Si les mots ne sont pas de lui, la représentation sonore et imagée qui se forme dans son esprit est sa propre création, et le silence aussi lui appartient.
Au fond le silence, en littérature, n’est pas l’affaire de l’auteur, c’est celle du lecteur.
C’est une idée qu’il me faut creuser, ou alors me taire à jamais.

Le tout meilleur d'Henri Lhéritier ici:

http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/tag/henri%20lheritier/

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