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L'archipel Contre-Attaque

  • : L'archipel contre-attaque !
  • : Depuis les émeutes de mai 2005, la situation de Perpignan et son agglomération(que certains appellent l'archipel) n'a fait que glisser de plus en plus vers les abysses: l'archipel contre attaque en fait la chronique!
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7 novembre 2014 5 07 /11 /novembre /2014 17:09
Henri Lhéritier, prix méditeranée Roussillon 2014 entouré de sa femme et de son éditrice et à gauche son autre éditrice et l'écrivain Claude Delmas
Henri Lhéritier, prix méditeranée Roussillon 2014 entouré de sa femme et de son éditrice et à gauche son autre éditrice et l'écrivain Claude Delmas

Certains hommes, en disparaissant, tamisent la lumière du monde, après leur mort, il fait plus sombre, le jour revient peu à peu car nul n’est indispensable, mais pour quelques-uns l’ombre s’attarde, on craint même qu’elle s’installe.
Deleuze était de ceux-là, son absence fut longtemps préjudiciable à l’intelligence.
Des petits penseurs, on avait dû en perdre aussi, l’humanité n’en a jamais manqué, ça va, ça vient, les types de ce genre. N’était le petit écart de lumière que leur proche entourage constate, leur mort, dans le tintamarre de la vie, passe inaperçue, un chanteur de variétés tombant de sa terrasse fait, dans les nouvelles du jour, beaucoup plus de bruit qu’un philosophe. On en perdait sous des trains, des avions les éparpillaient, des automobiles les écrasaient, les maladies ne les épargnaient pas et dans cette bouillie d’intellectuels morts, il fallait encore ajouter ceux que l’alcool tuait à petit feu ou que la fréquentation du boulevard St. Germain abrutissait. Rares étaient les penseurs qui mouraient d’amour, à quoi bon ! Au bout du compte, après les deux géants, Foucault et Deleuze, il restait surtout des nains, on fut obligé de penser par nous-mêmes, et dans certains cas contre eux, mais la disparition de ceux-là, des penseurs néfastes je veux dire, plutôt qu’une ombre qui se répand et obscurcit le monde, crée une sorte d’illumination, à quelque chose le malheur peut être bon.
Quelques philosophes de pacotille, mirliflores à chemise ouverte et cheveux fous, excellents pour battre les estrades médiatiques, et habiles à déguiser leurs raisonnements de café de commerce en scolies à la Spinoza, se voyaient bien remplacer les grands mais aucune lumière ne provient jamais d’eux au point que les gens normaux préfèrent en rire. Souvent des joueurs de foot montrent plus de lucidité et d'intelligence qu’eux, et leurs femmes sont bien plus belles, c’est un signe. Et comme pour marquer des buts, ils les éclatent aussi, on peut dire, sans risque de se tromper, que mieux vaut un joueur de foot qu’un penseur d’émission de variétés.
En politique, on atteignait un haut degré d’indigence. Ce n’était pas difficile, les urnes sont là pour élever le vide intellectuel au rang de projet électoral, elles ont un verdict radical, ballottage interdit, les militants unis par la fascination devant l’aveuglante inanité de leurs héros, balisent les voies de nos appauvrissements. On choisissait les chefs d’état pour leur aptitude à caresser une vache, à bouffer du saucisson, à boire de la bière, à refuser de lire des livres, ou pour leur capacité à épouser des chanteuses et à dire du mal des Gitans, des Noirs et des Arabes.
On finissait par regretter le simili truand qui, rendant les clefs de la boutique, après quatorze ans passés dans l’intrigue et le dédain voluptueux, s’était esquivé, pour casser sa pipe peu après, à l’étonnement de tous, dans son lit, comme tout le monde, moi seul savais qu’il était mort de peur de voir se répandre devant lui, et sous la lune, les grands cimetières de la pensée. Il valait ce qu’il valait mais il témoignait de l’importance de l’inutile. Par lui, l’écriture, la lecture et les arts en général avaient droit de cité. Qui le ferait après lui ? Que deviendrait la culture, un mot si grossier dans la bouche de certains, qu’il est synonyme de ridicule, de gabegie financière et de refuge de bons à rien se gavant de subventions.

Voir aussi:

DIX PETITS CONTES N°I - AMOUR PATRIOTE par l'écrivain Henri Lhéritier

http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/2014/10/dix-petits-contes-n-i-amour-patriote-par-l-ecrivain-henri-lheritier.html

DIX PETITS CONTES N°II – VENDEUR DE CAUCHEMARS par l'écrivain Henri Lhéritier

http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/2014/11/dix-petits-contes-n-ii-vendeur-de-cauchemars-par-l-ecrivain-henri-lheritier.html

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