Le propre d’un écrivain c’est la digression, un écrivain ne sait répondre à aucune question, pourquoi le saurait-il, par quel mystère aurait-il un avis plus éclairé sur ceci ou sur cela qu’un non-écrivain ? Il possède seulement cette forme d’inconscience qui lui fait rapprocher les idées les unes des autres, n’importe quelles idées entre elles et il exploite leur collision (que fait d’autre un peintre avec la couleur ?), rien ne l’autorise à profiter de ces rencontres mais puisque nous, horrifiés et respectueux de l’ordre, emprisonnés par la raison et la logique, nous refusons de le faire, alors il saute le pas, de ces chocs aléatoires il parvient à tirer quelque chose et, toujours avec la même inconscience, il donne à ce quelque chose une forme. Le seul talent d’un écrivain consiste à offrir un tapis de jeu à un mikado mental, il ne lui reste plus qu’à faire croire qu’il invente. Une nouveauté est bel et bien apparue grâce à ses mots mais il n’en est que l’entremetteur et le plasticien littéraire. Il lui a simplement fallu du culot, c’est le culot qui rend écrivain
commenter cet article …